Les philosophes libéraux

Introduction

Le libéralisme désigne un vaste spectre de la pensée philosophique. Bien que très ancien (il remonte aux présocratiques), c’est le courant le plus influent depuis 1945 environ.

En philosophie politique, le point commun de tous les libéraux est de considérer la liberté individuelle comme l’objectif politique majeur de toute organisation, impliquant l’existence certes d’un Etat, mais dont le rôle se limite à cet objectif.

Types de libéralisme

Il y a deux grands courants de pensée au sein du libéralisme, le libéralisme classique et le libéralisme social :

  • Le libéralisme classique affirme que la vraie liberté suppose l’absence de coercition de l’Etat. Il favorise le laisser-faire économique et s’oppose à l’Etat-Providence.
  • Le libéralisme social voit l’Etat jouer un rôle actif dans la promotion de la liberté des citoyens, notamment en s’assurant qu’ils soient en bonne santé (système de santé), instruits (école publique) et disposant de moyens matériels décents (minima sociaux).

Les courants proches du libéralisme

Libertarisme

Les libertariens sont tous libéraux. Ils partagent en effet les principes fondamentaux du libéralisme :  défense de droits humains immuables et inviolables, notamment le droit à la vie, à la liberté et à la propriété. Mais les libertariens sont une version extrême du libéralisme. L’Etat, selon eux, doit être purement régalien.

L’anarchisme

L’anarchisme est une forme beaucoup plus radicale de libéralisme, bien que, comme l’anarchisme, le libéralisme s’oppose historiquement à toute forme d’autoritarisme, que ce soit sous forme de communisme, de socialisme, de fascisme ou d’autres types de totalitarisme. L’accent mis sur les droits individuels le met également en opposition avec tout type de collectivisme, qui met l’accent sur le collectif ou la communauté dans une mesure où les droits de l’individu sont diminués ou supprimés (par exemple le communisme).

Histoire du libéralisme

L’idéologie moderne du libéralisme remonte à l’humanisme qui remettait en question l’autorité de l’Église établie dans l’Europe de la Renaissance, et plus particulièrement les pensionnaires britanniques et français des XVIIe et XVIIIe siècles.

Les deux traités de John Locke sur le gouvernement de 1689 établissent deux idées libérales fondamentales:

  • la liberté économique (c’est-à-dire le droit d’avoir et d’utiliser la propriété)
  • la liberté intellectuelle (y compris la liberté de conscience).

Sa théorie des droits naturels (les «droits naturels» sont essentiellement la vie, la liberté et la propriété) est le précurseur de la conception moderne des droits de l’homme, malgré le primat qu’il accorde au droit de propriété sur le droit du citoyen. Néanmoins, l’idée des droits naturels a joué un rôle clé dans la justification idéologique des révolutions américaine et française et dans le développement ultérieur du libéralisme.

Montesquieu (1689-1755) préconisait un système reposant sur la limitation et la séparation des pouvoirs, afin de restreindre le pouvoir du Roi. Voltaire plaidait pour l’établissement d’une monarchie constitutionnelle, et Rousseau plaidait pour une liberté naturelle pour l’humanité et pour une organisation politique et sociale fondée sur le respect de cette liberté naturelle.

Locke et Rousseau ont développé un concept clé du libéralisme, celui de contrat social :  il désigne l’idée que les gens renoncent et transfèrent certains droits au gouvernement en échange de la garantie de l’ordre social et de la protection physique et matérielle.

Côté Lumières écossaises, David Hume et Adam Smith ont apporté une contribution décisive : les hommes, disent-ils, échappent à toute tentative de contrainte. Les individus sont capables de structurer la vie morale et économique sans instruction de l’Etat. Selon Smith notamment, les marchés se régle naturellement si les individus poursuivent leur intérêt.

John Stuart Mill a popularisé et élargi les idées libérales au milieu du 19ème siècle. Il a introduit une justification utilitaire du libéralisme, dans laquelle la valeur morale du système économique est déterminée uniquement par sa contribution à l’utilité globale pour maximiser le bonheur ou le plaisir chez tous les peuples.

Peu à peu, l’idée de la démocratie libérale (sous sa forme typique de pluralisme politique) s’est imposé comme modèle dans une grande partie du monde occidental. Mais la démocratie, pour un libéral, n’est qu’un moyen au service de la liberté individuelle. Ainsi, au XXème siècle, face aux crises et dérives totalitaires, Hayek, Von Mises ou encore Galbraith ont soutenu que les crises sont le résultat d’un trop grand interventionnisme étatique dans les marchés.