Commençons par rassurer tout le monde : la dissertation idéale n’existe pas. Voici donc les plans possibles pour les sujets de bac 2011 pour la série ES :
La liberté est-elle menacée par l’égalité ?
Présentation du sujet : il s’agit d’un sujet de dissertation politique, à propos de concepts fondamentaux des régimes modernes, la démocratie notamment. Ce sujet pose la question de la compatibilité de deux notions. Il faut donc interroger séparément, puis conjointement chacun de ces concepts.
1 / Liberté et Egalité sont indissociables
L’égalité est la condition de la liberté. La liberté, en retour, fonde l’égalité.
Références possibles à Aristote (textes de la Politique sur l’isonomie, notamment) et Rousseau.
2/ Opposition de la liberté et de l’égalité
L’égalité parfaite entre les individus impose en réalité une dictature de la majorité sur une minorité silencieuse. L’égalité, poussée à son extrême, semble incompatible avec la liberté. Tocqueville est utile sur ce point, pour lequel la passion de l’égalité est plus forte que celle de la liberté. Ainsi, pour Tocqueville, les hommes préfèrent l’égalité dans l’esclavage plutôt que la liberté dans l’inégalité.
3/ Un équilibre impossible
La nature humaine peut-elle se contenter de l’égalité ? La volonté de puissance (chez Nietzsche) nous apprend que l’individu ne doit pas s’asservir à l’égalité, passion démocratique, qui ne serait que l’asservissement au troupeau. La liberté doit triompher sur l’égalité, passion des médiocres.
L’art est-il moins nécessaire que la science ?
Présentation : sujet difficile car il mêle des éléments de réflexion sur l’esthétique et sur la science, il demande donc de croiser deux chapitres du cours.
1/ L’art est une activité superflue de l’homme
La Science et la technique sont nécessaires pour la survie de l’humanité (ex. du feu, mythe de prométhée). L’art, lui, nourrit l’esprit de l’homme et peut donc être considéré comme utile, mais non pas comme nécessaire.
2/ L’art et la science, deux manières complémentaires de comprendre le monde
L’art est tournée vers l’homme, la science vers le monde (exemple de la poésie versus l’astronomie). L’épanouissement de l’homme passe par ces deux facettes .Elles sont donc complémentaires pour assurer à l’homme les conditions du bonheur.
3/ L’art est inutile, et doit s’assumer comme tel
L’art est parfaitement inutile, au sens de désintéressé (cf. Oscar Wilde).
Texte de Sénèque, Les bienfaits
Si c’est l’intérêt et un vil calcul qui me rendent généreux, si je ne suis jamais serviable que pour obtenir en échange un service, je ne ferai pas de bien à celui qui part pour des pays situés sous d’autres cieux, éloignés du mien, qui s’absente pour toujours ; je ne donnerai pas à celui dont la santé est compromise au point qu’il ne lui reste aucun espoir de guérison ; je ne donnerai pas, si moi-même je sens décliner mes forces, car je n’ai plus le temps de rentrer dans mes avances. Et pourtant (ceci pour te prouver que la bienfaisance est une pratique désirable en soi) l’étranger qui tout à l’heure s’en est venu atterrir dans notre port et qui doit tout de suite repartir reçoit notre assistance ; à l’inconnu qui a fait naufrage nous donnons, pour qu’il soit rapatrié, un navire tout équipé. Il part, connaissant à peine l’auteur de son salut ; comme il ne doit jamais plus revenir à portée de nos regards il transfère sa dette aux dieux mêmes et il leur demande dans sa prière de reconnaître à sa place notre bienfait ; en attendant nous trouvons du charme au sentiment d’avoir fait un peu de bien dont nous ne recueillerons pas le fruit. Et lorsque nous sommes arrivés au terme de la vie, que nous réglons nos dispositions testamentaires, n’est-il pas vrai que nous répartissons des bienfaits dont il ne nous reviendra aucun profit ? Combien d’heures l’on y passe ! Que de temps on discute, seul avec soi-même, pour savoir combien donner et à qui ! Qu’importe, en vérité, de savoir à qui l’on veut donner puisqu’il ne nous en reviendra rien en aucun cas ? Pourtant, jamais nous ne donnons plus méticuleusement ; jamais nos choix ne sont soumis à un contrôle plus rigoureux qu’à l’heure où, l’intérêt n’existant plus, seule l’idée du bien se dresse devant notre regard.