Discours de la servitude volontaire (Analyse)

Le Discours de la servitude volontaire est une œuvre d’Etienne de La Boétie, dont l’influence sur la philosophie politique est très grande. Sa radicalité philosophique, pour le XVIe siècle, est vertigineuse. D’autant que le discours a été distribué initialement sous forme de manuscrit mais n’a jamais été publié par La Boétie.

La thèse de la Boétie est la suivante : les régimes sont fondés sur la peur, laquelle sert à dissimuler l’absence de légitimité des gouvernants. Ainsi, le peuple s’auto-soumet aux pouvoirs en place, par simple habitude, par récurrence historique.

Etiene de la Boétie peut certainement être considéré comme le père de la désobéissance non-violente (ou pacifiste). La question centrale posée dans le Discours est : Comment la liberté des peuples peut-elle se retourner contre elle-même ? Comment une liberté peut-elle s’aliéner ? L’une des idées phares de La Boétie est que le renversement des régimes est essentiellement psychologique : le peuple doit arrêter de se croire inférieur à son gouvernement. Cette thématique de la liberté retournée influencera beaucoup Rousseau dans le Contrat Social ou encore Sartre dont la thèse sur la mauvaise foi est l’équivalent ontologique.

Résumé des thèses du Discours de la Servitude Volontaire :

– Le pouvoir des tyrans ne repose que sur l’abandon du pouvoir du peuple.

– Le tyran est souvent un homme faible, comme les autres. Seuls les crédules peuvent l’idolâtrer.

– Il n’y a d’oppression que volontaire.

– Les peuples sont responsables de leur mise sous tutelle

– L’usage de la raison fera disparaître chez les peuples le besoin d’être trompé et dominé.

– Les tyrans créent une structure de pouvoir très élaborée, consistant en une hiérarchie à plusieurs niveaux, composée d’une conspiration des complices.

L’appel humaniste de La Boétie sera celui des Lumières, et n’est pas sans rappeler la réponse de Kant à la question Qu’est-ce que les Lumières.

 

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11 Comments

  1. says: amerein

    Pourquoi faire un mauvais résumé alors que le “Discours de la servitude volontaire” ne fait que 49 pages de la collection folioplus ?
    Il faut lire le texte, et pas en diagonale (lecture rapide) mais phrase après phrase !

  2. says: Anonyme

    Parce que le texte est plutôt difficile si on le lit dans une autre version peut-être… Je doute que vous puissiez comprendre une lecture d’un français datant plus d’un seul siècle déjà, donc La Boétie, excusez-moi, mais c’est un peu prétentieux … (Je parle dans le cas où vous n’êtes pas un fervent de littérature).

  3. says: Schwartzmann

    Bravo !
    On a besoin de philosophes dans ce Monde de Brute !!
    H.Schwartzm

  4. says: ISTRE Jean-Claude dit SIRIUS

    la situation actuelle dans le monde, mais spécialement en France est typique de la situation dénoncée par La Boétie dans l’affaire du virus. Le peuple courbe le dos et subit toutes les vexations qu’on lui impose toujours POUR SON BIEN. Pour cela il accepte sans broncher toutes les entraves qu’on lui impose et les innombrables infractions commises par le Pouvoir vis à vis du Droit des gens, notion internationale et vis à vis de la Constitution française qui n’accepte de tels débordement à la condition expresse qu’ils soient courts et motivés, ce qui n’est pas puisque dans d’autres pays libéraux voisins le confinement fut plus court et moins systématique. Bien mieux il y en a qui en réclament plus . Ils s’estiment meilleurs citoyens et se terrent comme des rats .

  5. says: SAID BECHIKH

    LE texte est très difficile malgré qu’il ne dépasse pas les cinquante pages ..comment le lire et comprendre d’une manières appliqué toutes ses parties

  6. says: jean-claude rasschaert

    Les rois et les seigneurs ont été remplacés par des oligarques et des multinationales assoiffées d’argent pour reproduire la soumission d’un peuple consentant tant qu’on lui laisse la possibilité de consommer. Et si ça ne suffit pas on emploie l’usage de la force contre les récalcitrants avec l’approbation de la majorité soumise.
    Mais c’est pour votre bien, notre bien à tous répètent-ils en cœur.

  7. says: Romain

    La France est loin d’être un régime de la peur dénoncé par la Boétie. Au contraire, je trouve que ce sont certains citoyens qui sont dangereux pour la démocratie en prônant une “ugly freedom” (Elisabeth Anker, essay dans le NYTimes) soit une liberté moche qui vise à les avantager plus qu’à assurer le bien de la majorité. Le “Freedom Convoy” ou encore les anti-vacs appellent à des libertés qui n’ont d’intérêt qu’à servir leur bien être individuel, et encore…beaucoup d’anti-vacs ont changé d’avis après avoir eut un proche tué par la Covid. Les institutions françaises sont solides face aux dérives démocratiques de la peur mise en avant par Corey Robin. Le tout est de rester vigilant (Patrick Boucheron) sans tomber dans le complotisme…ce qui est de plus en plus compliqué avec les réseaux sociaux et l’effet bulle (Eli Pariser).

  8. says: @azulejaa

    Bien dit ! Je trouve que ce texte additionné à celui de Bernays – La Propagande reflète totalement la France en 2022.
    Le peuple se plie par habitude d’être asservi par l’État et à le servir, ils s’aliènent de leur propre liberté. On combine la propagande de ce dernier, qui fabrique le consentement et on bien comprendre que c’est le fondement même de la démocratie !

  9. says: Jean-Marc

    Que ce soit en France ou dans n’importe quel autre pays, le message d’Étienne de la Boétie s’adresse surtout à l’humanité entière car cette dernière a constamment plié sous le joug d’un maître, d’un principe ou d’une religion ! Cet esclavage volontaire a pris ses racines il y a plus de 5000 ans avec la civilisation sumérienne

  10. says: Barkié

    La thèse principale du discours qui présente la servitude du peuple comme un choix délibéré de celui-ci aide déjà à la saisie de la quintessence du discours.
    La Boétie part du constat que du fait de leur nombre, le pouvoir de choisir, d’agir ou de faire appartient au peuple et par conséquent il n’y a pas de raison qu’un seul individu, puissant soit-il, puisse dicter tout le monde, sauf par la volonté de ce “tout le monde”.

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