Les Films Philosophiques

Critiques & Analyses des films philosophiques :

Philosophie et films forment un couple inséparable, comme le théâtre et la tragédie : les images sont un moyen puissant pour envoyer des messages, peut-être même meilleur que les livres. Les images, comme le pensent les empiristes, sont plus à même de frapper les esprits que les mots. La plupart des films peuvent ainsi se prêter à une analyse des concepts qu’ils traitent. Nous défendons le parti-pris selon lequel un film est toujours une prise de position sur le monde, une “Weltanschauung” comme le disent les philosophes allemands.

Le cinéma n’a ignoré aucune des grandes questions philosophiques : Dieu, l’esprit, la vérité, l’intersubjectivité, la politique ou la métaphysique ont tous fait l’objet d’un traitement cinématographique. Et ceci ne doit rien au hasard : de Charlie Chaplin à Woody Allen ou Ingmar Bergman, les cinéastes sont de fervents lecteurs de philosophie. Voici une liste de grands films philosophiques et les questions philosophiques connexes.

Note: indiquez en commentaire en bas de page les films ou séries que nous avons oublié, nous tâcherons de les ajouter.

Films des années 2010

Dennis Villeneuve : Premier Contact

premier contact

Villeneuve met en scène l’arrivée d’Ovnis sur terre. Sujet moult fois traité, mais jamais sur ce mode. En effet, loin du divertissement, Villeneuve profite de ces êtres venus d’ailleurs pour reposer la question de l’altérité et de la difficile communication entre les sujets. Le résultat est à la fois profond et bouleversant.

Sujets : la communcation, l’altérité, la mort

Nolan : Interstellar

Film de science-fiction sur le papier, Interstellar est en réalité un magnifique film à thèses, posant une vision du temps (entre éternel retour et ruptures), de l’héritage et de la condition humaine.

Sujets: le temps, la condition humaine, l’héritage

Bong Joon-ho : The Snowpiercer (Le Transperceneige) 

The Snowpiercer, film adapté d’une bande dessinée française, se déroule dans un futur post-apocalyptique où l’humanité a été décimé par une ère glaciaire. Les survivants vivent dans un train ne s’arrêtant jamais et constituant le seul refuge de survie possible. Ce train est un fait une double métaphore :

  • celle de l’inégalité, puisque les nantis vivent dans le luxe dans les wagons avant, le peuple vivant lui dans des conditions précaires à l’arrière : le héros, porteur de la lutte des classes, aura pour mission de remonter le train pour délivrer ses semblables
  • celle de la vitesse : ce train en perpétuel mouvement représente le monde courant à sa propre perte, incapable de comprendre que la vie est possible en dehors de son modèle. L’ours polaire aperçu en fin de film désigne cette vie possible, cette alternative.

David Fincher : Gone Girl

Fincher nous a habitué à la critique sociale: de Fight Club à Social Network, le réalisateur dépeint une Amérique décadente et désoeuvrée. Dans Gone Girl, c’est à la médiacratie et au couple moderne qu’il s’attaque. Tous les personnages sont abjects (Amy, mythomane patentée, son mari Nick qui la trompe, les journalistes, avides de scoops) et vivent sous le règne de l’apparence.

Morten Tyldum: Passengers

Dans ce film de science-fiction racontant l’émigration de passagers de la terre vers une nouvelle planète, trajet durant 90 ans et durant lequel les passagers sont plongés en sommeil profond, l’un d’entre eux se réveille prématurément. Seul éveillé pendant 2 ans, il choisit de rompre sa solitude en “réveillant” une autre passagère, la condamnant ainsi à vivre, ou plutôt à mourir, lors de cette traversée. Le film décrit, parfois avec force cliché certes, le vertige de la solitude, la difficulté à effectuer des choix et leur caractère irrémédiable.

Films des années 2000

Michel Gondry: Eternal Sunshine of Spotless Mind

Le film met en scène un amour en échec, celui de Joel et Clémentine, qui s’aiment et se quittent depuis des années, aidées par une technologie leur permettant de s’oublier à chaque rupture. Mais comme dans l’Eternel Retour de Nietzsche, ils retombent sans cesse amoureux l’un de l’autre. Michel Gondry semble présenter l’alternative suivante : soit l’oubli pour affirmer la vie présente, soit la mémoire pour rester soi-même. Dans cette dialectique, ses personnages choisissent la vie.

Questions philosophiques: l’amour, la mémoire, le destin, identité

David Fincher: Fight Club

Fincher livre avec Fight Club un film à double ambition : sociale, de par sa critique de la société de consommation, et existentialiste, de par l’invention morale, identitaire de son personnage principal, Jack.

Questions philosophiques: la consommation, la modernité, l’identité

Christopher Nolan: Inception

Film métaphysique de haute volée, Inception pose la question, sans y répondre, de savoir si le réel l’est, constituant une sorte de position de scepticisme radical.

Questions philosophiques: les rêves, l’amour

Christopher Nolan: Memento (critique et analyse)

Leonard est victime d’une amnésie très particulière, ou pluôt d’une mémoire de très courte durée. Il cherche ainsi à retrouver son identité. Mais à travers cette quête impossible, c’est le spectateur qui constitue son identité, qui le “constitue” au sens phénoménologique. La thèse est claire : l’identité est une création d’autrui, et non autonome du sujet par lui-même.

Sujets : la mémoire, l’identité, la morale

Paul Thomas Anderson: There will be blood

Film-cathédrale retraçant la vie d’un pétrolier dans l’Amérique des années 20, Anderson profite de ce sujet en or pour traiter du combat entre capitalisme et religion, l’un ne pouvant survivre qu’en assujetissant l’autre, rectraçant ainsi la naissance du capitalisme moderne aux Etats-Unis.

Sujets : la religion, le capitalisme, la filiation

Woody Allen: Match Point

Match Point (Woody Allen)

Au-delà du thème eastwoodien de Sur la Route de Madison (difficulté de choisir entre amour-passion et devoir marital), Match Point porte à l’écran la question du surhomme, thème présent chez Nietzsche et Dostoievski, cet homme capable d’inventer ses propres catégories morales. La parabole sur le rôle du hasard dans la vie est aussi intéressante, car elle bat en brèche les défenseurs d’une volonté insubmersible, tout-puissante. Dans le crime comme dans la vertu, il faut un peu de chance pour réussir, nous dit en substance Woody Allen, joyeusement irrévérencieux.

Sujets : la tragédie, l’amour, l’ambition

Films des années 90

Terry Gilliam: L’Armée des 12 singes

Tout résumé serait réducteur. Retenons que Terry Gilliam retravaille les thèmes récurrents de son oeuvre dans l’Armée des 12 signes : la société totalitaire, la biopolitique, les dérives du scientisme. Gilliam livre une vision de l’histoire pessimiste où, malgré toutes les bonnes volontés, les germes du mal sont déjà présents et rien ne peut empêcher un futur totalitaire d’advenir.

Questions philosophiques : le temps, le destin, le totalitarisme

Sam Mendes: American Beauty

Sam Mendes réalise avec American Beauty une critique de la société américaine. Lester (incarné par un très bon Kevin Spacey) représente cet homme moyen, aux ambitions médiocres, voulant renvoyer une image de réussite mais sans cesse rattraper par le vide de son existence. Seule fuite pour se “délester”, l’évasion esthétique, via la séduction d’une adolescente et amie de sa fille, qui lui redonnera un semblant d’espérance.

Sujets traités : la vie quotidienne, le désespoir, l’ennui

Martin Scorsese : Casino

Chez Scorsese (qui a failli devenir prêtre), le casino est une métaphore : celle de la noirceur humaine. Le personnage principal, un patron de casino mafieux interprété par Robert De Niro, est un être cupide, vil et paranoïaque. Face à lui, Ginger (Sharon Stone), une call-girl qui l’épouse par intérêt, représente encore pire : le nihilisme, l’amoralisme et l’égotisme. A eux deux, ils sont les symboles de la société américaine, elle-même devenue jeu, simulacre.

Sujets traités : le jeu, le spectacle, l’ambition, la solitude, le divertissement.

Peter Weir: The Truman Show

Truman Show est un projet ambitieux bien que typiquement hollywoodien. Truman, le personnage principal, joué par Jim Carrey, n’a pas une existence ordinaire, il est l’objet principal d’une émission depuis son enfance. Bien sûr, lui seul ignore que son monde est factice. Mais il va découvrir peu à peu que quelque chose ne tourne pas rond dans ce monde en carton-pâte. Le film reprend le fameux questionnement de Descartes sur la réalité du monde. Le second thème majeur du film est la critique de la société du spectacle, dans la veine de Guy Debord.

Sujets de philosophie : les médias, l’identité

Andrew Niccol: Bienvenue à Gattaca

Film d’anticipation, Gattaca traite de l’eugénisme, illustrant parfaitement l’incompatibilité entre le choix de la naissance et l’auto-déterminisme.

Questions philosophiques: l’eugénisme, la technologie, l’éthique

Darren Aronofsky: Requiem for a dream (analyse)

requiem for a dream

Film étouffant, touffu, Requiem for a dream est un portrait acide de la modernité. Les personnages sont pris dans le tourbillon de leur addictions (4 personnages ayant chacun “leur” addiction : télé, régime, drogue, sexe). Le film porte peu d’espoir en la modernité, chacun des personnages descendant au plus profond de son propre abîme.

Sujets connexes : l’addiction, la modernité

Keye Tony: American History X

American History X n’est pas seulement un film sur le racisme, il est avant tout le récit du refus de la prédestination. Tout prédestine Danny (son frère nazi, la haine laissée en héritage par son père, un milieu scolaire marqué par la ségrégation, …) à suivre les pas de la rancoeur raciale, mais il finit par choisir la tolérance. Trop tard, il finira abattu dans son lycée.

Questions philosophiques: le racisme, la tolérance, le pardon

Wachowski: Matrix

C’est la fameuse question de la réalité et de l’illusion, bref la question épistémologique par excellence, dont traite Matrix., teinté de platonisme.

Questions philosophiques: la réalité, l’identité, la modernité

Amenabar: Ouvre les yeux

Film magistral autant que complexe, Ouvre les yeux (dont Vanilla Sky sera le remake) d’Amenabar soulève brillamment la question de l’identité. Son personnage, sans doute schizophrène, croit avoir perdu son visage, et en corollaire, son identité. Perdu en lui-même, la confusion entre rêve et réalité devient total.

Sujets associés : la réalité, l’identité

Michael Mann: The Insider

Inscrit dans la tradition des Hommes du Président (sur le watergate) et le watchdog journalism en général, le film traite du combat d’un journaliste (Al Pacino) et sa source (Cameron Crowe) contre l’industrie du tabac. Face à eux, tous les pouvoirs (ceux des lobbys, de la finance, de la politique) se dresseront. Le film rappelle l’importance de la l’équilibre des institutions et le rôle du quatrième pouvoir (le journalisme) pour aider à le rétablir, comme l’avait théorisé Montesquieu.

Sujets connexes: le pouvoir, la politique, le journalisme

Terence Malick: La ligne Rouge

La Ligne Rouge est un film à la fois très dur (de par ses scènes de guerre sans fard) et très poétique (via le voix off du narrateur et du héros ainsi qu’une mise en scène très lente). Il est bien sûr un film pacifiste dénoncant l’absurdité des combats, comme pouvait l’être Les Sentiers de la Gloire de Kubrick, plaçant sans cesse la nature au-dessus des vaines activités humaines.

Mais son intérêt réside surtout dans le partage des questionnements du héros (peut-on être loyal ? l’amour peut-il durer ? la vérité doit-elle être dite ?) faisant du film une oeuvre intérieure très réussie.

Questions philosophiques: la guerre, le sens de la vie

Danny Boyle: Trainspotting

Danny Boyle a fait de la peinture de l’Angleterre de Thatcher son objet de prédilection. La misère sociale et le vide existentielle sont le lot d’une bande de copains tombant rapidement dans la consommation d’héroïne. A l’issue de cette descente aux enfers, Boyle ne peut pas sauver ses personages : c’est le cynisme qui l’emporte. En témoigne cet excipit :

Choisir son avenir, choisir la vie. Pourquoi je ferais une chose pareille ? J’ai choisi de pas choisir la vie, j’ai choisi autre chose. Les raisons ? Y’a pas de raison. On n’a pas besoin de raison quand on a l’héroïne.

Questions philosophiques: addiction, destin

Films des années 80

Clint Eastwood: Bird

La place de ce film dans cette liste est sans doute discutable. Mais l’intérêt philosophique du film de Client Eastwood sur le jazzman Charlie Parker réside dans la peinture de la condition de l’artiste, en même temps que celle de la condition noire aux Etats-Unis.

Questions philosophiques abordées : la musique, le destin, l’addiction

Martin Scorsese: Raging Bull

Biographie de Jake La Motta, champion de boxe dans les années 50, l’histoire de Raging Bull est celle d’un échec écrit à l’avance, celle de la primauté de force du destin sur la volonté individuelle. Jake est un être doué, mais rongé par des tendances à l’autodestruction, finissant obèse et patron d’un night-club minable, incapable de faire retour sur soi, de comprendre qu’il a raté sa vie.

Sujets associés: le destin, la résilience

Jean-Jacques Annaud: La guerre du feu

Film quasi-muet (aucun dialogue compréhensible), la guerre du feu relate la vie des premiers hommes, mais c’est surtout l’occasion pour Annaud de faire retour sur ce qu’est l’homme. La condition dépeinte de l’humanité est double, faible face à la nature, mais aussi forte grâce à l’acquisition de la technique et partant, du savoir.

Questions philosophiques : l’humanité, la condition humaine

Films des années 70

Stanley Kubrick: Orange Mécanique

Orange Mécanique est un film profondément freudien, voire sadien. Kubrick met en scène un psychopathe faisant le mal pour le mal consciemment (refutant ainsi l’idée socratique que le mal est ignorance du bien). La societé essaie, en vain, d’extirper cette violence : l’homme est violent, naturellement et rien ne sert d’essayer de la changer.

Connexes des questions philosophiques: la violence, la société

Films des années 60

François Truffaut: Jules et Jim

Dans ce classique de la Nouvelle Vague inspiré du roman de Henri-Pierre Roché, une vision bohème, non bourgeoise de l’amour est dépeinte par le trio constitué de deux amis (Jules et Jim) et Catherine (jouée par Jeanne Moreau), autant qu’un film sur l’amitié indestructible des deux hommes. Magré la fin tragique de Catherine (qui finit par se suicider), Jules et Jim constitue une ode au tourbillon de la vie, cette incertitude qu’il faut embrasser et non repousser.

Questions philosophiques : l’amour, la passion

Jean-Luc Godard: Le Mépris

Le thème principal abordé par Godard est assez pessimiste : l’impossible communication des êtres, au travers un couple en difficulté. Il s’agit au sens propre d’un film phénoménal, qui ne cherche pas à perçer, car c’est impossible, l’intériorité des hommes.

Questions philosophiques : l’ennui, l’amour, la jalousie

Mike Nichols: Le Lauréat

Le Lauréat de Mike Nichols retrace le parcours initiatique d’un jeune ambitieux incarné par Dustin Hoffman et au-delà des rêves de la classe moyenne américaine. La sortie de l’enfance, l’intégration dans les milieux bourgeois et ses désillusions y sont parfaitement dépeints.

Connexes des questions philosophiques: la séduction, l’ambition

Films des années 50

Sydney Lumet: 12 hommes en colère

Le personnage principal (joué par henry Fonda) incarne le sens de la justice, du refus de la corruption morale. La thèse du film est profondément optimiste : face aux préjugés, à l’absence de raison, le système judiciaire, basé sur le logos, la discussion, le raisonnement, peut l’emporter.

Connexes des questions philosophiques: la peine de mort, la justice

Films des années 40

Orson Welles: Citizen Kane

Sans doute l’un des films les plus influents du cinéma, Citizen Kane d’Orson Welles met en scène un patron de presse mourant et propose une brillante réflexion sur le conflit entre pouvoir et bonheur, entre gravité et enfance.

Sujets associés : les médias, le pouvoir

René Clair: La Beauté du Diable

La Beauté du Diable est une variation sur le thème de Faust. Les questions de la mort et l’éternelle jeunesse y sont donc abordées. Le jeune Gérard Philippe y choisit, grâce à un pacte avec Méphistophélès, la vie vaine de la gloire.

Sujets connexes: la métaphysique, la condition humaine

John Ford: Les Raisins de la colère

Adaptation du romain de Steinbeck, le film raconte l’Amérique de la misère et de l’injustice, une Amérique incapable de réaliser le rêve américain de l’auto-invention.

Sujets connexes : la mort, la misère, l’espoir

Flemming: Docteur Jekyll et M. Hyde

Adaptation du roman classique de Robert Louis Stevenson, le film accentue la question de l’altérité au sein même du sujet. L’homme, loin d’être en situation de contrôle, de pleine conscience, s’ignore et s’échappe à travers le personnage du médecin. C’est aussi une réflexion sur la dualité du bien et du mal, l’homme portant en lui les deux de manière consubstantielle.

Sujets connexes: l’inconscient, la violence, le sexe

Films des années 30

Jean Renoir: La Grande Illusion

Sorti en 1937, La Grande Illusion de Jean Renoir évoque la première guerre mondiale du point de vue des prisonniers français. Film anti-guerre par excellence qui cherche à en démontrer l’absurdité, la Grande Illusion est aussi un film humaniste, montrant comment des individus que tout oppose (nationalités, visions de la guerre, rapports au patriotisme, classes sociales) sont en réalité liée par le même sens de la fraternité.

Questions connexes: la guerre, la puissance, la solidarité

Jean Renoir: La Bête humaine

Adapté du roman de Zola, La Bête humaine porte au cinéma les thèmes philosophiques chers à Zola : la place de l’hérédité, et au-delà, du destin. Lantier, conducteur de train (métaphore du désir galopant) psychopathe, est l’expression du désir aveugle. Pour séduire une femme, il n’hésite pas à tuer ses rivaux, puis la tue et finit par se suicider.

Questions connexes: les instincts, la femme, l’inconscient

Fritz Lang: M Le Maudit

M Le Maudit de Fritz Lang est une superbe réflexion sur la place du mal, relatant l’histoire d’une ville vivant sous la terreur d’un tueur en série d’enfants. Le titre initial du film (changé sous la pression du pouvoir nazi), Les assassins sont parmi nous, nous renseignent sur l’intention de Lang : dénoncer la déliquescence morale de la civilisation. En cela, le thème de l’aliénation rejoint l’un de ses chefs d’oeuvre, Metropolis.

Sujets connexes: le Mal, la Morale

Charlie Chaplin: Les temps modernes (analyse)

Les Temps Modernes de Chaplin est un brûlot anti-capitaliste. Il décrit la vie d’un ouvrier à la chaîne, lui-même mécanisé, aliéné par le système de production. Les références à Marx sont innombrables, même si Chaplin semble douter de la possibilité de trouver un système économique alternatif (en témoigne le burlesque de la lutte ouvrière).

Questions connexes: le travail, le libéralisme, le capitalisme, l’aliénation, le marxisme

Frank Capra: Monsieur Smith au Sénat

Frank Capra et son principal éponyme incarné par John Stewart, dénoncent la corruption de la démocratie américaine, tenue par les lobbies et une presse ayant perdue sa fonction critique. Le message de Capra semble assez naïf: le député Smith, issu du peuple et non du sérail de Whasington, parvient à renverser les députés corrompus grâce à un sens intact de la justice et des valeurs démocratiques.

Questions connexes s: le pouvoir, la politique

Films des années 20

Friedrich Wilhelm Murnau: Le dernier des hommes

Dans ce film muet de 1924, Murnau évoque les turpitudes du destin et la question de la dignité humaine. Un portier de grand hôtel, d’abord respecté de tous est relegué à poste de nettoyage, victime du mépris des employés. L’épilogue est inattendu : il devient milliardaire par un concours de circonstances, mais reste isolé de tous, sauf de celui qui lui a montré de la compassion, son remplacant au poste de portier.Thèmes philosophiques : l’intersubjectivité, la solitude, la condition humaine, le pardon.

Charlie Chaplin: Le Kid

Le Kid est un superbe film évoquant le thème de la paternité. Au-delà de l’aspect biographique (Chaplin y exorcise sans doute son propre abandon), le film évoque la dureté de la société, la paternité formant une sorte de refuge contre l’Alterité anonyme. Contre la violence sociale, l’amour paternel, le sentiment filial apporte une solution.

Thèmes philosophiques : la paternité, la condition humaine

Fritz Lang: Metropolis

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Tourné sous la République de Weimar, Metropolis est une fable d’anticipation. Lang dépeint le futur probable de l’Allemagne marqué par la déshumanisation, l’anxiété et la paupérisation des populations causées par le capitalisme. D’inspiration marxiste désabusée, Langjeu met en scène la révolte populaire condamnée à l’échec (à la fin du film, le statu quo est restauré).

Thèmes philosophiques : la politique, le pouvoir, la société de consommation, le totalitarisme

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39 Comments

  1. Ping : Memento (Analyse du film)
  2. Ping : Citations de films
  3. Ping : Fight Club : Analyse Philosophique
  4. says: Jean-Claude Trotignon

    Un film possède une grande philosophie dans ses dialogues, c’est “Forrest Gump”. Qui l’eut cru ?

  5. Ping : Inception : Analyse philosophique
  6. says: d'Hoop

    Je n’ai jamais vu un film d’une plus grande platitude que celui-là…

  7. says: Kairil

    Je trouve assez intéressant d’imager les grands concepts philosophiques par la voie des films ! L’illustration cinématique facilite énormément la compréhension. J’aimerais donc savoir si c’est en cours de publication les analyses des films dont vous avez dressez l’énumération ? Et dans le cas où la réponse est -je l’espère- positive, pourriez-vous ajoutez “Vol au dessus d’un nid de coucou ” s’il vous plaît ? Car je l’avais trouvé assez enrichissant dans son contenu. En attendant une réponse, je profite du message pour vous féliciter et remercier des nombreux articles intéressants que vous nous proposez.

  8. says: Marinette

    Quand j’étais en classe de Terminale, notre prof de philo nous avait justement fait voir “Vol au dessus d’un nid de coucou”, je pense que c’est une très bonne idée de le rajouter dans la liste !

  9. says: Cissé daouda

    Tous les films de nos jours font l’objet de la critique universelle c’est là qe la philosophie prend son sens a travers les mots et les expressions qe la philosophie confit au differents auteurs…..

  10. says: Laurence

    Je viens de voir le film de Suzy Cohen : 26 lettres et un philosophe, au Cinéma Saint-André des Arts. Formidable : Allez le voir et parlez-en autour de vous, car il est bien rare d’entendre un grand philosophe qui, avec des mots simples et d’autres plus rares, nous donne à penser sur notre monde contemporain, là où la Philosophie nous amène au Politique.

    Cette rencontre avec René Schérer (professeur émérite à l’université Paris VIII, frère d’Éric Rohmer), au moyen d’un abécédaire, nous entraîne par son choix de mots, à un bain de pensée vivant et imagé :

    En premier vient le mot Ambiguïté car la vérité se trouve du côté de la complexité. Il nous parle de la nécessité de prendre le temps de réfléchir sur ce qu’apporte la complexité, ce sera le fil conducteur du film.
    René Schérer s’interroge sur l’Étranger à travers les mots Nomade, Xénophobie ou Zone (comme zones d’attente des aéroports, lieux où l’on met des étrangers en attente de régularisation). Il nous fait réfléchir, à travers le mot Pétrole, sur une fuite en avant dans un gaspillage d’énergie provoquée par une économie folle, la pollution, la destruction de la planète ou sur l’Hospitalité, valeur oubliée par nos sociétés. Il souligne l’importance de la Rue comme expression de la souveraineté populaire en marge du pouvoir. Mais il fait surtout l’éloge de la Joie, de la Lenteur et de l’Utopie, car l’esprit d’utopie nous est nécessaire pour sortir de la crise, des impasses, tant économique que sociale, qu’écologique et spirituelle…

    Homme à vision iconoclaste René Schérer porte dans cet abécédaire à la fois une vision critique mais aussi tendre sur le monde. Au fil des mots, le philosophe nous offre un regard éclairant sur le monde qui nous entoure.

    Ambiguïté : Réfléchir, c’est philosopher. La vérité se trouve du côté de la complexité des choses donc de l’ambiguïté.

    Bêtise : Absence de réflexion. Se laisser aller à des idées toutes faites que tout le monde partage.

    Émancipation : la liberté d’une société s’estime à la liberté dont dispose les femmes

    Fiction : Utopies, des vues. La réalité et la fiction se combinent au moment où on commence à penser.
    La fiction est une création de l’imagination. Mais en même temps, c’est la fiction qui est la réalité même.

    Hérésie : On ne peut penser qu’en étant hérétique. On se doit d’accepter que les gens croient et pensent de façon différente à la nôtre.

    Joie : Découvrir une idée, avoir une idée, sortir de la difficulté, de la confusion de penser, légitime l’existence de l’activité humaine.

    Querelle : Le consensus est une idiotie. La querelle et le différent sont nécessaires à la démocratie elle-même…

    Vengeance : Il faudrait ébranler la certitude du juge. Sinon, on risque de revenir à un monde repli de certitudes, comme à l’époque de l’Inquisition

    Le film nous donne aussi à voir Paris par les yeux de la cinéaste Suzy Cohen, un Paris qui devient un personnage de ce documentaire et puis, il y a les dessins de René Schérer extraits de ses carnets de croquis, le tout rythmé par la belle musique d’Alain Jomy. Cet ensemble insuffle une respiration à 26 lettres et un philosophe et prolonge les paroles de René Schérer.

    Le film est présenté au Cinéma Saint-André des Arts, 30 rue Saint-André-des-Arts, 75006 – Paris, jusqu’au 14 avril 2014, tous les jours à 13 heures, puis le mardi 22 avril et le mardi 29 avril à 13 heures.

  11. says: Nikola

    Une liste intéressante dont g sélectionné un bon nombre de titres . merci …

    Cependant si je peux me permettre il manque une sélection science fiction … Alors ….

    2001 Odyssée de l’espace. (Stanley Kubrick).

    Le postmodernisme – l’isolement – l angoisse et le progrès …..

    Évidement il y en aurait tant d’autres à citer … chef d’œuvre sur chef d’œuvre ……

  12. says: Bilyz

    Les séries posent aussi de sérieuses questions philosophiques! Je pense à Breaking Bad, House of Cards ou encore Dexter.

  13. says: Wolverinne.B

    Pour moi, tout films a un message q’il adresse. faut juste “en regadant peu importe le film, se poser les bonnes questions et trouver bizarre qu’il vehicule un message .

  14. says: hal 9000

    euuuuuh je suis surpris que 2001 ne soit pas ici, pourtant c’est un pur film philosophique qui met en image notre ami nietzsche et le concept chameau, lion et enfant

  15. says: oij

    Je sais pas s’il met en scène notre ami Nietzsche, mais je suis d’accord il est intégralement et génialement philosophique. Il manque clairement.

  16. says: Erkont

    En terme de séries la plus axée philo et politique me semble être Mr Robot ! Elle recoupe des grands thèmes comme la liberté et le contrôle, mais également l’identité, et possède un scénario des plus prenants. Bon visionnage 🙂

  17. says: schyzo_boy

    Tout ces films sont à voir et revoir sans lassitude. Vivement une mise à jour !
    Aujourd’hui, en termes de série Mr Robot est une claque, ces œuvres qui nous laisse pas indifférent !
    La série française : ‘Le bureau des légendes’ avec M. Kasovitz est très intéressante.

  18. says: philocours

    schyzo_boy on a une critique de séries, dont Mr Robot, en cours. Merci pour le rappel

  19. says: Benji

    A propos de l’Armée des 12 Singes, il est indispensable de voir la Jetée de Chris Parker, ça en est presque touchant.
    En tous cas joli article. Merci. J’y retrouve la plupart de mes films cultes des années 90/00

  20. says: antonio pereira nunes kobler correa

    la catarse americaine sur le telespectateur est toujours, je ne vais pas citer um filme il y en a beaucoup , zone verte, dans le nid du coucou, easy rider ,comme exemple (appocalypse now…)au moins ça une hollywood marxiste contre le marcartisme par exemple …

  21. says: mathi99

    Petite suggestion : Passengers ? je m’attendais a “juste” une petite dystopie/science fiction, finalement j’y ai trouvé une grande profondeur et réflexion sur l’homme, sa condition, la solitude, et ce qui nous uni aux Autres … voila 🙂

  22. says: philocours

    Bonjour Mathi99,

    En effet, le très bon Passengers sera ajouté à la liste.

    Merci pour la suggestion.
    Julien.

  23. says: barroso

    La série “black mirror” est superbe et chaque épisode reprend un thème philosophique : liberté, racisme, etc …; à voir et à revoir.
    Manu

  24. says: Claude

    Pour le film de Godard, il y a erreur pour l’image: elle renvoie au film À bout de souffle et non Le mépris…

  25. says: L'orangie

    Liste intéressante pour films intéressants. Toutefois, rien ne vous étonne-t-il ? Ils sont pour une bonne part américains – français pour les classiques à la Renoir.
    Vous gagneriez à ouvrir votre champ culturel ; tant vis-à-vis du cinéma européen (“Les ailes du désir” ne sont même pas dans votre liste ! et quid de l’immense Bela Tarr, des frères Dardenne, du Pialat de “sous le soleil de Satan” ) qu’asiatique, africain, sud-américain…
    Alors désolé, mais cette liste s’apparente, du fait de ce tropisme américain (qui n’enlève rien aux mérites de ce cinéma-là) une forme d’inculture…

  26. says: Jean-Luc DuShmock

    Donc, selon votre sélection de films, le cinéma ne serait qu’essentiellement US. Vauriens !

  27. says: Thslx09

    Il faudrait également désormais ajouter la série Netflix “the good place”. Consequentialisme, déontologie, éthique de la vertu etc…
    Desolé, encore américain, mais il faut dire qu ils ont le budget pour

  28. says: papycircus

    la photo qui illustre le mépris est celle d’à bout de souffle.

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