Kant et la morale de la loi : un formalisme éthique
La morale de Kant se lit principalement dans deux ouvrages majeurs :
– La Critique de la raison pratique
Kant cherche, après la critique de la raison pure, à fonder une science a priori de la conduite et de la morale, répondant ainsi à la question : Que dois-je faire ?
Kant et la bonne volonté : La pureté des intentions
Kant part du concept de “bonne volonté”. Pour le philosophe allemand, l’intelligence, le courage, etc. ne sont pas des choses absolument bonnes ; leur valeur dépend de l’usage qu’on en fait. Il en est de même du bonheur : il n’est pas un bien en soi, puisqu’il peut être source de corruption celui qui n’est pas animé de bonne volonté.
Qu’est-ce qu’une bonne volonté ? Ce n’est pas une volonté qui atteint ses objectifs, c’est une volonté dont les intentions sont pures. Qu’est-ce qu’un volonté pure ? Une volonté qui obéit au concept du devoir. Ainsi, la bonne volonté c’est agir par devoir.
[ad#ad-5]Kant distingue agir conformément au devoir et agir par devoir. Ainsi, le commerçant qui sert loyalement ses clients agit conformément au devoir, mais ses motivations sont celles de l’intérêt, et non du devoir. Ce type d’action se range dans celui de la légalité, et non de la moralité. La moralité désigne une action faite en voulant accomplir son devoir :
“Une action accomplie par devoir tire sa valeur morale non pas du but qui doit être atteint par elle, mais de la maxime d’après laquelle elle est décidée”
Le formalisme de Kant en morale renvoie à l’idée qu’il suffise qu’on applique une règle pour être moral. Cette règle est celle de l’universalité : puis-je universaliser la maxime de mon action ?
Ainsi, si je me demande si le mensonge est moral, ma question est : mentir peut-il être érigé en valeur universelle ? La réponse est bien sûr non, car la vérité perdrait toute valeur, et alors il deviendrait inutile de mentir.
Kant et les impératifs :
Kant veut remonter à l’origine a priori (hors de l’expérience) du fondement de la morale, car il se peut qu’aucun être n’ait jamais agi par devoir dans le monde. Empirisme et morale font très mauvais ménage, l’une ne pouvant fonder la seconde.
Les impératifs hypothétiques
Les impératifs hypothétiques représentent une action comme nécessaire pour parvenir à une certaine fin. Leur principe est : qui veut la fin veut les moyens. Par exemple : les impératifs de l’habilité, qui prescrivent les moyens utiles pour obtenir un résultat, sont hypothétiques. Comme ceux de la prudence. Ces impératifs donnent des règles.
Les impératifs catégoriques
Pour Kant, les impératifs catégoriques se distinguent en ce qu’ils posent une action comme nécessaire et inconditionnelle, indépendamment de la fin à atteindre. Ces impératifs donnent des lois, quelque que soit l’inclination du sujet.
Il n’y a donc qu’un seul impératif catégorique, et sa formule générale est celle-ci :
“Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle”
Les formules de l’impératif catégorique :
1/ “Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature”
Par exemple, on ne peut vouloir se suicider et que cet acte devienne une loi de la nature car cela détruirait l’humanité. Le suicide est ainsi immoral. Or, qu’est-ce que l’immoralité ? C’est se considérer comme une exception, s’accorder des privilèges. Et même quand nous agissons contrairement au devoir, nous savons où est notre devoir. Nous ne respectons pas dans ce cas la loi morale, mais celle-ci reste pour nous respectable.
2/ “Le principe subjectif du désir est le mobile, le principe objectif du devoir est le motif”
On désire des choses et on respecte des personnes, selon Kant. Ainsi, les choses ont une valeur pour nous, alors que les personnes ont une valeur absolue, non relative. Le sujet est une fin en soi :
“Agis de telle sorte que tu traites l’humanité […] toujours comme un fin et jamais simplement comme un moyen”
Celui qui se suicide se traite comme un moyen, et non comme une fin en soi.
3/ Ces deux formules en crée une troisième, instituant l’homme comme l’auteur de la morale : “La moralité est l’idée de la volonté de tout être raisonnable conçue comme volonté instituant une législation universelle”
La volonté est en effet autonome, elle se donne à elle-même sa loi. Nous obéissons à la loi morale parce que nous nous donnons à nous-même cette loi.
commentaire sur l’autonomie de kant dans une vision rousseaiste
Je trouve que la morale de Kant est celle vers laquelle nous devons tendre même si cela semble impossible