Pour Hannah Arendt, philosophe allemande naturalisée américaine, la “banalité du mal” est un concept qui décrit la manière dont des personnes ordinaires peuvent commettre des actes terribles et inhumains sans réfléchir à leurs conséquences morales ou éthiques. Arendt a développé cette idée en observant le procès d’Adolf Eichmann, responsable de la logistique de la déportation des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, dans son livre Eichmann à Jérusalem, rapport sur la banalité du mal.
Selon Arendt, Eichmann était un bureaucrate obéissant qui suivait les ordres de ses supérieurs sans se poser de questions sur la moralité ou l’éthique de ses actes. Elle a conclu que la capacité de Eichmann à commettre des atrocités était due à son manque de pensée critique et à son incapacité à réfléchir aux conséquences de ses actions. Lors de son procès en 1960, les juges n’avaient pas affaire à un monstre diabolique, mais seulement à un fonctionnaire dégarni qui ne parvenait à s’exprimer qu’en utilisant des formules toutes faites comme si son incapacité à parler était étroitement liée à son incapacité à penser.
Arendt a également souligné que la “banalité du mal” n’était pas spécifique à Eichmann ou à l’Holocauste, mais qu’elle pouvait être observée dans de nombreux contextes où des individus commettent des actes immoraux sans réfléchir à leurs conséquences. Elle a appelé à une réflexion sur la manière dont la société peut prévenir de tels comportements, en encourageant la réflexion critique et la prise de responsabilité personnelle.
Pas besoin d’être le diable pour être capable du pire, il suffit de répondre aux ordres sans réfléchir.