Le Gorgias de Platon : Dialogue sur la rhétorique
Le Gorgias est l’un des dialogues les plus violents de Platon, tant les dialogues y sont plein de désaccords et de colère : ceci s’explique parce que le dialogue vise l’ennemi juré de Platon : la rhétorique et ceux qui la portent, les sophistes. Le Gorgias met ainsi en scène le conflit entre la philosophie, incarnée par Socrate, et la rhétorique, personnifiée par Gorgias.
Socrate demande à Gorgias de définir la rhétorique, de manière à distinguer le discours rhétorique et le discours philosophique: le premier produit des discours élogieux ou diffamatoires, alors que ceux-ci questionnent pour parvenir à une définition concrète. La rhétorique ne cherche que l’effet, la forme, alors que la philosophie cherche la nature, le fond des choses. Le rhéteur cherche l’assentiment de son auditoire, alors que le philosophe accepte d’être réfuté si cela conduit à une meilleure compréhension.
Le rhéteur fabrique des croyances dans l’âme de ses auditeurs. La rhétorique est un art complet. Mais Gorgias avertit que la rhétorique est une arme qui ne doit pas être utilisée contre tout le monde. Il existerait donc, selon Gorgias, un mauvais usage de la rhétorique. Selon Socrate, au contraire, la rhétorique n’est qu’un discours d’ignorant destiné à d’autres ignorants selon Socrate : elle est une technique inutile.
Plus loin dans le Gorgias, Calliclès, autre interlocuteur de Socrate, va plus loin et affirme que la nature est injuste et que la rhétorique est l’art des forts pour dominer les faibles. Calliclès fustige la philosophie, lui reprochant d’être une activité futile, incapable de comprendre le monde tel qu’il est vraiment : c’est la rhétorique qui est libératrice car elle permet de réaliser ses désirs, d’exercer le pouvoir, bref d’être libre.
En définitive, le débat oppose deux manières de vivre : la rhétorique recherche la gloire et la puissance, tandis que la philosophie se préoccupe de la vérité.
Extrait du Gorgias :
– Socrate : “Sophistique et rhétorique, mon bienheureux ami, c’est tout un, ou du moins voisin et ressemblant, ainsi que je le disais à Polos. Mais toi, dans ton ignorance, tu crois que l’une, la rhétorique, est une chose parfaitement belle et tu méprises l’autre. Mais en réalité la sophistique l’emporte en beauté sur la rhétorique autant que la législation sur la jurisprudence et la gymnastique sur la médecine . Pour moi, je croyais que les orateurs politiques et les sophistes étaient les seuls qui n’eussent pas le droit de reprocher à celui qu’ils éduquent eux-mêmes d’être mauvais à leur égard, qu’autrement ils s’accusent eux-mêmes du même coup de n’avoir fait aucun bien à ceux qu’ils prétendent améliorer.”
belle extrait de platon mais vaut mieux elargir l’explication
Bonjour, merci pour ce résumé utile. Je tiens à vous signaler une erreur. Calliclès ne dit jamais que ‘ la nature est injuste’; c’est davantage la société des hommes ( regroupement d’hommes faibles qui impose ses lois et ses normes morales) qui l’est. La nature est une puissance normative et discriminante pour C. C’est elle qui ‘décide’ qui doit diriger et qui dout obéir comme chez les loups ou les lionnes…
Bonjour,
Votre conclusion sur la rhétorique est extrêmement réductrice : “En définitive, le débat oppose deux manières de vivre : la rhétorique recherche la gloire et la puissance, tandis que la philosophie se préoccupe de la vérité.”. Je vous conseille de voir comment en parle Jean-Michel Dufays, Ridha Bourkhis, ou même… Aristote ! Vous verrez que les choses sont bien plus compliquées que ce que vous dites ici.
Nous savons pourquoi la philosophie se préoccupe tant de la vérité et non de la puissance
( l’allégorie de la caverne ) mais savons-nous pourquoi la rhétorique recherche la gloire et la
puissance ?