Le Monde comme Volonté et comme Représentation (Schopenhauer)

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Résumé et Analyse de l’oeuvre de Schopenhauer : Le Monde comme Volonté et comme Représentation

Le Monde comme volonté et comme représentation, publié en 1819, de Arthur Schopenhauer (philosophe allemand) est une œuvre immense, une cathédrale dont l’ambition est de synthétiser les conceptions sur l’ontologie, la métaphysique, la morale ou encore l’esthétique.

Schopenhauer, en disciple de Kant, reprend à son compte et transforme l’idéalisme kantien. Sa lecture nécessite donc quelques connaissances sur la philosophie kantienne.

Le monde comme volonté et comme représentation (publié en 1818) est divisé en quatre livres consacré successivement à l’épistémologie, l’ontologie, l’esthétique et enfin l’éthique (Schopenhauer développera sa morale dans ses Aphorismes sur la sagesse).

– le premier livre décrit le monde comme idée. Le monde est vu comme un objet d’expérience, au sens scientifique, reposant sur le principe de raison suffisante (voir la définition).

– le deuxième livre décrit le monde comme volonté et comment cette dernière se manifeste dans le monde et le régit

– le troisième livre discute la théorie platonicienne de l’art, valorise le génie et la musique au centre de sa théorie esthétique

– le quatrième livre dégage les implications éthiques de l’affirmation ou de la négation de la volonté de vivre.

L’épistémologie de Schopenhauer :

Schopenhauer pose d’emblée que le monde est une idée dans la mesure où il est un objet dans l’esprit d’un sujet. La relation sujet/objet est celle du tout ou rien : si un objet est perçu, il est alors dans le sujet et devient donc idée.

Selon Schopenhauer, tous les objets de perception respectent le quadruple principe de raison suffisante : forme physique, forme mathématique, forme logique et forme morale. La forme physique du principe de raison suffisante est le principe du devenir. La forme mathématique du principe de raison suffisante est le principe de l’être. La forme logique du principe de raison suffisante est le principe de connaissance. La forme morale du principe de raison suffisante est le principe d’action. Schopenhauer explique dans son traité Sur la quadruple racine de la raison suffisante (1813) que chaque forme du principe de raison suffisante régit une catégorie d’objets possibles pour un sujet. Le principe du devenir régit la classe des représentations qui peuvent constituer l’expérience du sujet. Le principe d’être régit la classe de représentations abstraites et des concepts. Le principe de la connaissance détermine la classe des intuitions a priori de l’espace et de temps. Le principe d’action régit la classe des objets qui se composent les actes de la volonté. Par conséquent, le quadruple principe de raison suffisante est un ensemble de règles qui régit tous les objets et les événements du monde phénoménal. Toute chose a une raison valable d’être, quelle que soit sa catégorie d’appartenance.

Schopenhauer et les idées :

Selon Schopenhauer, il existe deux types d’idées. Les idées primaires sont les perceptions et les intuitions. C’est l’entendement qui gère celles-ci. Les idées secondaires regroupent les concepts et les représentations abstraites, liées à la raison. Ainsi, les concepts sont «des représentations de représentations. ». Ainsi, toutes les représentations sont des objets d’expérience possible, et tous les objets d’expérience possible sont des représentations.

Schopenhauer affirme que la raison est la faculté de produire ou de comparer des concepts, mais la compréhension est la faculté de produire ou de comparer les perceptions. Concepts peuvent être pensés, et non perçus. Seuls les effets de concepts, et non les concepts eux-mêmes, peuvent devenir des objets d’expérience possible. Les effets des concepts sont la langue, l’action et la science.

L’idéalisme de Schopenhauer laisse donc intact l’expérience dans la mesure où il est transcendantal : l’expérience est une condition de la connaissance, sur laquelle la raison se fonde.

Selon Schopenhauer, le monde est volonté dans la mesure où toutes les idées sont une manifestation de la volonté. La volonté n’est pas une idée ou une représentation, mais une chose en soi. La volonté est la réalité sous-jacente du monde, dans l’objectif est que tous les phénomènes dépendent d’elle. Schopenhauer soutient que la volonté n’est jamais un objet pour un sujet, et qu’elle est donc objectivement en dehors du champ de la connaissance. La volonté est cette force qui pousse les individus à agir, qu’ils aient ou non des motifs rationnels. La volonté est donc une force autonome et contraignante. L’individu n’a conscience que de ses propres représentations et idées, et non de la volonté de la volonté. Ainsi, un individu n’est pas libre d’agir à sa guise, parce que tous ses actes sont régis par la nécessité. La volonté est l’être-en-soi du monde phénoménal, et n’est pas soumise au principe de raison suffisante ou à la nécessité. La volonté peut donc être irrationnelle. Puisqu’elle n’a ni origine ni but particulier. La volonté est indépendante du temps, de l’espace, de la pluralité, de la causalité, de la raison ou du motif.

Schopenhauer et l’esthétique :

Chez Platon, l’art est l’idée du Beau. L’idéalisme de Schopenhauer diffère de l’idéalisme platonicien. Selon Schopenhauer, une table ou une chaise est un objet de perception, constitue en ceci une manifestation de la volonté, laquelle est la réalité ultime. Selon Platon, une table ou une chaise exprime l’idée d’une table ou d’une chaise, et c’est l’idée de la table ou de la chaise qui est la réalité ultime.

Schopenhauer explique aussi que l’art est l’objectivité directe et adéquate de la volonté. L’art est une façon de voir les choses indépendamment du principe de raison suffisante. En revanche, la science est une façon de voir les choses selon le principe de raison suffisante.

Schopenhauer et la morale :

Schopenhauer décrit la satisfaction d’un désir de manière négative, comme une suspension de la souffrance. Le bonheur est négatif, en ce sens qu’elle ne fournit jamais une satisfaction durable. L’art remplit cette fonction, selon Schopenhauer, de soulager la souffrance humaine.

Schopenhauer soutient que la volonté vise sa propre satisfaction, et qu’elle se manifeste comme une source de l’égoïsme. L’égoïsme est l’intérêt de chaque individu pour sa volonté. L’altruisme peut contraindre parfois l’égoïsme de la volonté, mais de manière temporaire. La renonciation volontaire à l’égoïsme implique une négation de la volonté de vivre. La morale est ainsi une négation de la volonté de vivre. La justice sera la conciliation des volontés de vivre de chaque individu.

L’ascétisme moral prôné par Schopenhauer consiste ainsi à réduire le pouvoir de volonté, source de désirs perpétuellement insatisfaits, sur l’individu. Ceci représente la partie bouddhiste de la théorie morale de Schopenhauer.

Sur le suicide, Schopenhauer affirme qu’il est inutile car il est un rejet de la souffrance, un abandon de la vie et non de la volonté de vivre. Le suicide est même une manifestation de la volonté. La volonté peut être niée, mais jamais détruite car elle est une chose en soi.

L’éthique de Schopenhauer dans Le Monde comme volonté et comme représentation est très pessimiste puisqu’il présente la vie humaine comme une vie condamnée à la souffrance, esclave de l’égoïsme et de la volonté de vivre. La morale doit donc se construire sur la pitié, forme d’empathie la plus aigue pour nier la volonté de vivre. L’homme est un être pathétique car il est guidé par la volonté mais il doit la nier pour arrêter d’être malheureux. Mais nier la volonté, c’est nier le monde et ses représentations. Le bonheur revient donc à s’extirper du monde phénoménal, à se faire néant : en ceci, la philosophie de Schopenhauer conclut à l’impossibilité de la vie humaine en tant que vie incarnée dans le monde, ici et maintenant.

Pour aller plus loin sur Arthur Schopenhauer :

La Philosophie de Schopenhauer

La Morale chez Schopenhauer

Citations d’Arthur Schopenhauer

La théorie du porc-épic

Schopenhauer et les femmes


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