C’est à l’heure des grands discours qu’il faut poser une question polituque récurrente : que vaut un discours politique ? A quoi sert-il ?
Un certain Jacques Chirac avait, en son temps, estimé que les “promesses n’engagent que ceux qui les croient“. Cette position cynique ne peut être définitive : le politique ne vaudrait plus rien.
Le rôle du discours politique n’est pas seulement une déclaration d’intention. Elle est dévoilement du politique lui-même. Le discours donne une visibilité du pouvoir. En s’exposant, ce dernier permet à chacun de mesurer son ambition à changer le réel.
Au fond, le discours politique, comme effort pour expliciter le réel, montre à quel point le politique est infini et inachevé. Le politique ne peut se dévoiler d’un coup car le réel, face à lui, résiste à livrer ses ressorts.
Faut-il alors s’étonner que les discours ne se “réalisent” pas ? Aucunement, le discours n’est pas un rêve ou une parole magique qui exauce, il n’est qu’une tentative politique pour rendre le réel tel qu’on le souhaite. En cela, tout discours, aussi “réaliste” ou objectif se veut-il, comporte une part d’utopie (au sens étymologique, un non-lieu). En comprenant cela, on peut se déniaiser sur les capacités réelles de la politique et à nouveau croire en son potentiel.