Lecture de Bartleby le Scribe (Herman Melville)

Bartleby, le dernier des barbares

« Nuit et jour à tout venantje chantais, ne vous déplaise.

Vous chantiez ? J’en suis fort aise : Eh bien ! Dansez maintenant. » (La Fontaine)

Le barbare selon L’Encyclopédie de Diderot est « le nom que les Grecs donnaient par mépris à toutes les nations qui ne parlaient pas leur langue, ou du moins qui ne la parlaient pas aussi-bien qu’eux[1]. » Ainsi, le barbare est celui qui est différent. Dans notre société capitaliste où le labeur est porté aux nues, où le travail est glorifié, le barbare est celui qui reste oisif. Un chômeur qui tente de son mieux pour avoir un emploi serait pris en pitié mais cet homme qui refuse de travailler uniquement parce qu’il le veut serait voué aux gémonies. Comme nous le dit Rousseau :

« (…) l’homme sauvage et l’homme policé dif­fè­rent tellement par le fond du cœur et des inclinations que ce qui fait le bonheur suprême de l’un réduirait l’autre au désespoir. Le premier ne respire que le repos et la liberté, il ne veut que vivre et rester oisif, et l’ataraxie même du stoïcien n’approche pas de sa profonde indifférence pour tout autre objet[2]. »

Bartleby est ce sauvage qui allant contre toute logique, osera dire non au travail. Melville, avant-gardiste, se rend déjà compte de la montée du capitalisme et de l’importance dominante de Wall Street dans le Nouveau Monde. Nous allons donc procéder par une analyse bureaucratique de la nouvelle, pour voir ensuite comment le travail déshumanise et amène au non-sens par une analyse existentialiste de l’œuvre.

Bartelby, Le Bienheureux

« Mon point fort, si j’en ai un, c’est la performance. J’en fais toujours plus que ce que je dis. Je produis toujours plus que ce que je promets. » a dit Richard Nixon[3]. Le sociologue Alain Erhenberg parle de « culte de la performance ». Véritable culte qui ordonne la prosternation éternelle de l’adepte jusqu’à lui prendre sa liberté physique et morale : « Le gain est devenu la fin que l’homme se propose, il ne lui est plus subordonné comme moyen de satisfaire ses besoins matériels[4]. » On vit dans une société de fourmis où on passe la nourriture à la file, notre seule préoccupation étant de ne pas briser cette chaîne. Mais comme le dirait Cioran, « tout n’est peut-être pas perdu, heureusement, il reste le barbare».  Dans la fable, c’est la cigale qui aura tout compris. C’est elle l’ecce homo, cet « individu bien conformé : à ce qu’il est taillé d’un bois à la fois dur, tendre et parfumé. Il n’aime que ce qui lui fait du bien[5] ».

  • Une critique wébérienne de la bureaucratie[6]

Selon Max Weber,

« les membres d’une direction administrative ainsi caractérisée n’obéissent qu’aux devoirs de leur charge et sont soumis à une discipline administrative et à des contrôles rigoureux et homogènes[7] ».

L’homme est libre, mais seulement jusqu’à ce qu’il ne devienne employé et absorbé en quelque sorte dans le capital de l’entreprise. Dans Bartleby, le scribe la déshumanisation des employés est tel qu’ils n’ont pas de noms. Les trois autres employés sont Dindon, Lagrinche et Gingembre, sobriquets qu’ils se sont eux-mêmes donnés selon certaines de leurs caractéristiques. De ce fait Bartleby est le seul qui garde son identité. De plus Dindon et Lagrinche semblent être des caricatures des employés modernes. Dindon travaille assidument le matin tandis que Lagrinche se plaint de son estomac et de sa table, et l’après-midi tandis que Dindon devient colérique et maladroit, Lagrinche prend le relais de façon automatique.

La bureaucratie wébérienne est une autocratie légale et donc le travail ordonné n’est plus questionnable. Elle est caractérisée par l’impersonnalité, ce qui donne place à une déshumanisation et fait que l’on exécute un ordre de manière clinique. Et c’est là que Bartleby détonne car il est le seul à dire non aux ordres, et donc au système. Sa réaction est si stupéfiante que personne n’arrive à comprendre. L’avocat est plus qu’étonné, il est consterné[8], de même ses collègues trouvent que l’employeur est dans son droit d’exiger que Bartleby obéisse à ses ordres aveuglement quitte à en venir aux mains ou à l’expulser[9].

Bartleby, le scribe a comme sous-titre Une histoire de Wall Street, Wall Street cette métonymie de la bureaucratie. Quel meilleur endroit pour critiquer la bureaucratie que le lieu même qui le représente[10]? L’histoire elle-même se passe entre les murs de Wall Street, avant de terminer dans le milieu carcéral, un espace tout aussi terne et renfermé. Le jeu de mots sur les murs parsème la nouvelle, ce qui renforce l’effet de claustrophobie. Le bureau se trouve dans Wall Street, chemin de murs littéralement, les fenêtres du bureau donnent sur des murs et Bartleby passe son temps à fixer « le mur de brique aveugle[11] ». Les employés du narrateur se trouvent enfermés dans de petites cabines, elles-mêmes enfermées dans un bureau, fermé dans un bâtiment, entouré d’autres bâtiments, murés par d’autres bâtiments à leur tour, le tout enfermé dans ce chemin de murs[12]. Cette mise en abyme, d’une cage dans une autre, dans une autre et ainsi de suite, un peu à la façon de poupées russes, renforce l’impression à la fois de claustration et d’absurdité.

  • La révolte contre l’esprit du capitalisme.

Paul Lafargue dans Le droit à la paresse s’apitoie sur la folie du capitalisme, qui ne laisse dans son sillage que « des tronçons d’hommes » et tue « en eux toutes les belles facultés pour ne laisser debout, et luxuriante, que la folie furibonde du travail[13]. » Bartleby, le scribeexpose justement cette folie aberrante que l’humain accepte comme sa condition d’existence, qu’il accueille même de ses vœux. En mettant l’emphase sur le côté déshumanisant du capitalisme, Melville annonce déjà l’insatisfaction de la classe ouvrière et la placecroissantequ’occupe le capitalisme. Le choix du métier de Bartleby n’est pas anodin. La profession du scribe est en soi intellectuellement atrophiant. Le scribe ne réfléchit pas, il ne fait que copier ce qu’écrivent les autres, représentant donc la grande masse des ouvriers auxquels l’on demande seulement d’obéir. Le système attend de l’employé une soumission absolue, et encore, pas seulement de faire son métier mais aussi de faire tous les travaux annexes[14] que l’employeur ne voudrait pas accomplir lui-même en s’attendant toujours à la même docilité de sa part :

« Dans ma hâte et dans ma confiance naturelle en son obéissance immédiate[15]… »

L’employeur, ce capitaliste de Wall Street est fier de sa personne[16], et avec une apparence faussement modeste déclare qu’il n’attend aucunement des applaudissements, mais répète les qualités que les autres lui trouvent[17], surtout venant de John Jacob Astor[18]. Melville met l’histoire dans la bouche d’un narrateur peu fiable, dont il se moque subtilement, cet homme qui utilise les sobriquets pour ses employés, mais ne se lasse pas de répéter le nom de John Jacob Astor[19]. Pour lui, c’est tout à fait normal qu’il donne des ordres, et que l’employé obéisse de façon machinale :

« Vous êtes donc décidé à ne point faire droit à ma requête… une requête dictée par l’usage commun et le sens commun[20]. »

L’employé dans un système capitaliste appartient à l’employeur, mais pas seulement, il appartient aussi au système. Ainsi on attend à ce que Bartleby obéisse normalement aux ordres des autres patrons, et la même stupéfaction s’installe quand il refuse[21]. Le narrateur est un employeur froid, qui n’est préoccupé que par le travail et non le bien-être de ses employés. Il ne se donne pas la peine d’apprendre leurs noms. Bartleby n’est qu’un scribe « étrange » parmi d’autres et il choisit de raconter son histoire seulement parce qu’il est plus étrange que les autres. Il paye une mince somme à ses employés et se plaint qu’ils ne s’habillent pas convenablement. Il ne se préoccupe pas de leurs mécontentements et de leurs humeurs. Tant que le travail est relayé matin et après-midi, cela lui convient. Le confort des employés passe après le sien : Bartleby est installé dans un coin où il n’y a pas de lumière convenable mais il le veut près de lui en cas de besoin[22]. Bartleby fait des copies matin et soir, à la lueur des bougies, mais il trouve quand même qu’il aurait dû faire son travail avec plus de gaieté[23]. Ses employés doivent donc avoir une certaine attitude par rapport au travail mais aussi par rapport à leur personnalité. Par exemple, il lui semble que Dindon ne mérite pas d’être prospère[24]. Il ne remarque pas non plus la cécité de Bartleby avant que celui-ci ne le lui fasse remarquer et il ne se sent nullement responsable de son état[25]. Comme le bureau lui appartient, il fouille dans les affaires de Bartleby sans vergogne en stipulant que c’est son tiroir. Les refus de Bartleby, qu’il qualifie d’« ignominieuse rebuffade[26] », est pour lui un coup porté à son égo qui ne peut digérer le fait d’être constamment récusé par son employé[27], allant jusqu’à relever qu’il se sent émasculé par l’attitude de Bartleby[28].

Marx et Weber ont tous les deux démontré le rôle de la religion dans la création et la perpétuation du capitalisme. Si pour Marx, la religion est l’opium du peuple, Weber démontrera, lui, comment les bases mêmes de la religion comme l’amour du prochain, endoctrinent l’individu à accepter la division du travail et l’oblige à travailler pour l’autre. Le travail devient aussi un accomplissement religieux qui prouve que l’humain a fait une bonne utilisation du temps qui lui est imparti sur terre[29]. Melville subtilement et non sans humour remet en question la corrélation entre religion et travail. Le narrateur se dit être quelqu’un de moral, de généreux et de charitable et se sent victime de cette situation :

« …et comment une créature humaine, affligée des communes infirmités de notre nature, eut-elle pu s’empêcher de se récrier devant une telle perversité – une telle déraison[30] ? »

On a l’impression que le narrateur essaie de recueillir le suffrage du lecteur contre Bartleby. Le narrateur fréquente une église et prétend agir selon les préceptes religieux, guidé par la charité[31], mot qui revient souvent dans son histoire par rapport àlui-même, et de ce fait il considère Bartleby comme quelqu’un d’immoral, qu’il contemple des fois avec pitié et d’autresfois avec sévérité[32].

Bartleby est déraisonnable car il ne participe pas au fonctionnement du rouage[33] et comme on dit dans Alexandre le bienheureux, « il faut le fixer ». Lafargue pleure le capitalisme et l’incompréhension des« machines de chair et d’os[34] » par rapport aux loisirs et à la liberté : le seul cadeau que l’humain a hérité c’est le temps, et il le passe à s’échiner devant cette nouvelle idole qu’est le travail.

Je préférerais ne pas…Etre

Bartleby est un aliéné qui n’a pas sa place parce qu’il a une préférence. Au lieu de suivre le chemin tout tracé, il décide tout simplement d’arrêter de marcher. Ainsi Bartleby ne représente pas seulement l’écroulement de tout un système, mais aussi la chute du conformisme. Bartleby, faisant fi de la machination de la société, qu’elle soit religieuse, économique ou sociale, choisit l’ennui[35]comme mode d’existence.

  • La révolte contre le das man heideggérien

Le das man selon Heidegger représente les autres, avec qui on est irrémédiablement lié du fait même qu’on existe, pouvant aussi être traduit par le on. L’humain en général se laisse conduirepar le flot, et agit exactement comme les moutons de Panurge. L’individualisme est renié face à un conformisme voulu. Le narrateur et les autres personnages de Bartleby, le scribe se perdent dans un quotidien industrialisé. Ils font ce qu’on fait sans questionner, sans même penser questionner leurs actions. Quand Bartleby vient remuer leur existence, ils préfèrent encore se débarrasser de lui que de causer une rupture dans leur train-train. Le narrateur a si peur du non-conformisme qu’il n’hésite pas à prendre des actions drastiques pour se libérer de Bartleby quand il apprend que ses relations parlent de l’étrange individu qu’il avait dans son bureau. Même Bartleby n’échappe pas à un certain automatisme de la société. Par exemple, il est extrêmement poli de sorte qu’il ne dit jamais non de façon catégorique mais plutôt qu’il ne préférerait pas. Cet excès de politesse dans le monde de la bureaucratie est caricaturé dans la nouvelle. Dindon de même, quand il est sobre, répète à chaque fois « Sauf votre respect monsieur… ».

Notre existence alors n’est ni authentique ni nous appartient-elle puisqu’on ne fait que constamment étouffer notre volonté individuelle. Selon Heidegger pour devenir authentique, on doit subir un changement. Et ce changement a lieu quand on est confronté à l’angst, quand s’écroulent les murs de fausse routine qu’on bâtit et qu’on est confronté au vide de l’existence. Bartleby a pu être confronté à cet angst durant son service au sein des Lettres au Rebut, qui l’aurait condamné « à une blême désespérance[36] ». Sous la grêle insistante de l’angst, le sens illusoire qu’on donne à la vie se désagrège, ainsi le das man laisse place au Dasein, à l’individuel. Face à la déception absurde devant ces lettres qui ne retrouveront jamais leurs destinataires, Bartleby ne peut que se rendre compte de l’absolue insignifiance de l’existence, et de la mort comme seule éventualité. Par l’angst, le Dasein se rend compte de son individualisme, de sa solitude et de l’imminence de la mort[37].

Bartleby refuse alors toute distraction pour contempler le « mur », ce que le narrateur qualifierait de « dead-wallreverie » c’est-à-dire une contemplation qui ne mène nulle part. Bartlebyl’indivualiste, est marginalisé et est décrit par des mots comme « étrange » et « déraisonnable ». Il est perçu comme une maladie, un virus dont on doit se débarrasser pour ne pas être contaminé et à la fin le narrateur qui n’arrive pas à se débarrasser de lui, quitte son bureau, de la même façon qu’on évacuerait un lieu contaminé[38], tel un rescapé de Tchernobyl.

L’humain est enfermé dans une banalité quotidienne qui le fait se sentir en sécurité. Le das man agit comme blocage pour empêcher l’individu de se découvrir, de découvrir sa volonté individuelle. Le narrateur, tout comme les autres employés, enfermés à l’infini, n’ont pas de portes de sortie, ils ne pensent même pas avoir le choix. Bartleby se fraye un chemin à travers les murs. Sa phrase anarchiste : « Je préfèrerais ne pas… » est hautement subversive car prenant naissance dans le système, il lui permet d’utiliser une politesse insensée pour se rebeller, mais surtout pour montrer qu’il a le choix, ce que les autres pensent qu’ils n’ont pas : je pourrais le faire mais je préfèrerais faire autrement.

  • Chemins qui ne mènent nulle part[39].

Bartleby est entouré de mur, de Holzwege, ces « chemins qui ne mènent nulle part ». D’un côté  il y a les murs qui l’enferment et de l’autre ces lettres mortes, symboles de désespoir et d’insignifiance. Il est lui-même perdu dans des contemplations aveugles et mortes, doublement aveugle par ses yeux vitrés et le mur qui se trouve devant lui. Emprisonné dans la vie, il meurt dans la prison où non seulement il ne voit rien, mais n’entend rien non plus :

« Les murs d’une extraordinaire épaisseur qui l’entouraient ne laissaient venir à elle aucun bruit[40]. »

Selon Schopenhauer, l’humain a besoin de désir et d’action pour s’éloigner de l’ennui, il cherche des buts éphémères et illusoires,et s’inventera des tâches pour ne pas rester dans un état d’immobilité. Pour que la volonté humaine se libère de l’engrenage de la société, l’homme doit se retirer complètement. Ainsi Bartleby détruit-il les illusions de la vie par son immobilité, il sait qu’il n’y a pas d’issue et il refuse d’inventer de passage trompe-l’œil, faisant ainsi éclater sa volonté individuelle.Le refus de Bartleby peut être lu comme un refus d’exister : je préférerais ne pas…Il commence par s’abstenir des travaux annexes, puis de travailler tout court et à la fin de bouger avant de refuser toute action, même de manger, se laissant aller à une mort définitive. Ce n’est pas qu’il veut autre chose pour vivre mais il ne veut rien du tout. Par exemple, quand le narrateur lui offre plusieurs propositions de travail, dans une conversation à la fois comique et pathétique, Bartleby répète qu’il n’est pas quelqu’un de difficile mais refuse toutes ses propositions de métiers par la même occasion[41].

Pour Bartleby l’existence n’a aucun sens. Tout ce qui fait partie du terme exister, comme la volonté, l’action, le désir, la souffrance, n’a aucune emprise sur lui. Il est ce nihiliste de Cioran qui aura tout compris et qui refuse de se vautrer dans une vaine espérance :

« Contre l’obsession de la mort, les subterfuges de l’espoir comme les arguments de la raison s’avèrent inefficaces[42]. »

Bartleby peut aussi être vu comme le doppelganger du narrateur. Il représente le double non-conformiste de ce dernier. Le narrateur ne veut en aucun cas sortir des rangs, il a peur d’être critiqué à cause de Bartleby. On ne sait rien de lui non plus à part ce qui concerne son travail et il semble être quelqu’un de solitaire, sans famille ou autre attache. Et dans un accès ultime, il propose à Bartleby de venir vivre avec lui, n’est-ce pas là une dernière tentative de se réconcilier avec son soi ? La dernière phrase de son histoire est « Ah ! Bartleby ! Ah ! Humanité[43] ! » D’une façon ou d’une autre, il se rend compte que le sort de Bartleby est celui de toute l’humanité.

Conclusion

Le monde civilisé repose sur l’économie et le capitalisme. L’état, ce monstre « plus froid de tous les monstres froids[44]» réduit l’humain à la condition d’esclave pour faire tourner la machine. L’état prône le conformisme, et régularise la pensée. Il nous divise en foule et tue tout individualisme. Comme le dit Paul Lafargue : « le génie des grands philosophes du capitalisme reste dominé par le préjugé du salariat, le pire des esclavages[45]. » Wall Street est le symbole étatique du capitalisme et Melville nous le présente comme un monde froid et absurde, dépourvu de tout humanisme à l’instar de la bureaucratie kafkaïenne. Dans ce monde trop civilisé, Bartleby, le nihiliste,préfère ne pas participer au rouage, il renie d’un coup la vie sociale, religieuse et économique. Bartleby n’est ni producteur, ni consommateur. Il n’a ni envie, et ni désir et donc n’est pas à la recherche d’un bonheur illusoire. Comme le dit Rousseau :

« (…) le sauvage vit en lui-même ; l’homme sociable toujours hors de lui ne fait vivre que dans l’opinion des autres, et c’est, pour ainsi dire, de leur seul jugement qu’il tire le sentiment de sa propre exis­tence[46]. »

Selon Nietzsche l’humain serait plus apte à vouloir le néant qu’à ne pas vouloir du tout. En cela Bartleby est différent, en cela il est barbare carBartleby renie tout ce qui constituerait l’existence. Dans un acte profondément égoïste et libérateur il renonceà participer. Bartleby ne se tue pas, mais par apathie il préférerait juste ne plus être. Dans son immobilité, le barbare déchire le voilede sens que l’humain moderne donne à ses actions. On pourrait dire de Bartleby la même chose que Beckett répondit quand on lui demanda pourquoi son personnage s’appelait Lucky (chanceux) dans la pièce En attendant Godot : « Je suppose qu’il a de la chance de ne plus avoir d’attentes[47]. »

Quraishiyah Durbarry

L’auteur:
Enseignante de formation, Quraishiyah Durbarry a publié plusieurs nouvelles et poèmes en français et en anglais dans diverses revues (Point Barre, Vents Alizés, Contemporary Poets…).
A été co-lauréate du « Prix Livre d’or – Romans 2011 », organisé par la Mairie de Quatre-Bornes (Ile Maurice) et présidé par Ananda Devi.
A publié un recueil de poèmes : Entre Désir et Mort (ISBN : 9782332471154) et un roman : Féminin Pluriel (Harmattan, ISBN : 978-2-336-00843-1)
Co-lauréate du prix d’écriture du festival Passe Portes et de l’Union européenne à Maurice en 2015 (pour la pièce L’Attrape-bête, mise en scène en 2016 pour le même festival et ayant recu le prix coup de coeur de Daniel Mesguish.)
Lauréate du prix d’écriture du festival Passe Portes et de l’Union européenne à Maurice en 2016 (pour la pièce Le Minotaure.), présidé par Bernard Faivre d’Arcier.

[1]« Ainsi toutes les nations étaient réputées barbares, parce qu’elles n’avaient ni la politesse des Grecs, ni une langue aussi pure, aussi féconde, aussi harmonieuse que celle de ses peuples. En cela ils furent imités par les Romains, qui appelaient aussi barbares tous les autres peuples, à l’exception des Grecs, qu’ils reconnaissaient pour une nation savante et policée. C’est à-peu-près comme nous autres Français, qui regardons comme grossier tout ce qui s’éloigne de nos usages. »Diderot et d’Alembert (dir.), Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, édition en ligne établie dans le cadre de l’ARTFL : http://encyclopedie.uchicago.edu

http://xn--encyclopdie-ibb.eu/index.php/science/1111734492-philosophie/860463812-BARBARES(consulté le 27.04.17).

[2]Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes, 1754, Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, Dans le cadre de la collection: Les classiques des sciences sociales, 2002, p. 61.

http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html (consulté le 11.05.17)

[3]Le candidat d’une entrevue va reprendre la même phrase comme qualité mais étrangement aussi comme défaut : « Mon défaut principal c’est de toujours trop en faire. » Le travail est devenu le cœur de la société actuelle, le travailleur le sang qui pompe incessamment, continuellement, et le chômeur le virus qu’on doit éliminer.

[4] Max Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Les classiques des sciences sociales, version numérique par Jean-Marie Tremblay, p. 28.

http://classiques.uqac.ca/classiques/Weber/ethique_protestante/Ethique_protestante.pdf

(consulté le 10.05.17).

[5] Nietzsche, Ecce Homo, Traduction d’Alexandre Vialatte, Œuvres ouvertes, p. 11.

https://www.oeuvresouvertes.net/IMG/pdf/NIETZSCHE_ECCE_H.pdf (consulté le 06.05.17).

[6] Le terme bureaucratie inventé au 18ème siècle par l’économiste français Vincent de Gourmay, vient étymologiquement du mot bureau et du grec kratosqui signifie le pouvoir politique ou la règlementation.

[7]Hubert Treiber, État moderne et bureaucratie moderne chez Max Weber, Traduction deOlivier Mannoni, Anter, A. / Breuer, S. (éd.), 2007, p. 121-155.

https://trivium.revues.org/3831#ftn98 (consulté le 09.05.17).

[8] i) « Imaginez ma surprise, non, ma consternation lorsque sans quitter sa solitude, Bartleby répondit d’une voix singulièrement douce et ferme : Je préférerais pas. »

  1. ii) « L’idée me vint aussitôt que mes oreilles m’avaient abusé ou que Bartleby s’était entièrement mépris sur le sens de mes paroles. Je répétai ma requête de la voix la plus claire que je pusse prendre. » Herman Melville, Bartleby le scribe, Putnam’s Monthly Magazine, 1853, Amazon Media EU S.àr.l., Paperless, 2015 (format Kindle), emplacement 157.

[9] Dans le film de Yves Robert, Alexandre le bienheureux (1968), nous voyons la même situation ou personne n’arrive à comprendre pourquoi Alexandre veut juste dormir et tout le village se mobilise pour qu’il sorte de son lit.

[10] Dans la même optique, le 26 janvier 2000, le groupe Rage Against The Machine (Rage contre la Machine) a filmé la vidéo musicale pour leur chanson SleepNow in the Fire (Dors maintenant au feu) dirigée par Michael Moore où il critique la société américaine, sur Wall Street.  La bande à un moment donné a pris d’assaut la Bourse de New York, ce qui a amené les portes de la Bourse à être fermées tôt. Néanmoins, le commerce dans les bureaux d’échanges a continué sans interruption.

[11] Dans le texte original Melville utilise le terme « dead-wallreverie »,  dead-wall en anglais signifieun mur sans ouverturedécrivant donc des rêveries emmurées, sans but. La traduction française, procédant par hypallage rend le mur aveugle au lieu de nous dire que c’est Bartleby qui est aveugle.

[12] Le bureau d’un côté donne sur « la paroi blanche de l’intérieur d’une spacieuse cage vitrée qui parcourait l’édifice de haut en bas » et de l’autre, les fenêtres « donnaient librement sur un haut mur de brique noirci par l’âge ainsi que par une ombre perpétuelle ; et ce mur n’exigeait point que l’on fit usage d’une longue-vue pour révéler ses beautés intrinsèques, car il se dressait à dix pieds de mes croisées pour le bénéfice de tout spectateur myope. Du fait que les maisons avoisinantes étaient très élevées et que mes bureaux se trouvaient au second étage, l’intervalle qui séparait ce mur du mien ressemblait fort à une énorme citerne carrée. » Herman Melville, Bartleby le scribe, op cit.,emplacement 32.

[13]« Les ouvriers ne peuvent-ils donc pas comprendre qu’en se surmenant de travail, ils épuisent leurs forces et celles de leur progéniture ; que, usés, ils arrivent avant l’âge à être incapables de tout travail ; qu’absorbés, abrutis par un seul vice, ils ne sont plus des hommes mais des tronçons d’hommes ; qu’ils tuent en eux toutes les belles facultés pour ne laisser debout, et luxuriante, que la folie furibonde du travail. » Paul Lafargue, Le droit à la paresse, Culture commune, Amazon Media EU S.àr.l. (format Kindle), 2012, emplacement 384.

[14] « C’est, il va sans dire, une part indispensable du travail… » Herman Melville, Bartleby le scribe, op cit.,emplacement 147. Dans les contrats actuels, la mention « travaux annexes » est considérée comme normale et n’est presque jamais clairement explicitée.

[15]Ibid.,emplacement 147.

[16] Dans une entrevue d’un banquier de Wall Street, Karen Ho relève que selon luitravailler à Wall Street les placent d’emblée en haut de l’échelleéconomique. (Karen Ho, Situating Global Capitalisms: A View from Wall Street Investment Banks Cultural Anthropology, Cultural Anthropology, 2005, p. 68-96.)

De même Sjöbergdéclare dans son article que plusieurs employés l’ont questionnée concernant sa présence à Wall Street, notamment comment elle a pu avoir accès à leurs bureaux, et comment elle a pu passer la sécurité. Selon eux, il y a une démarcation entre « nous qui sommes à l’intérieur » et « les autres qui sont à l’extérieur. »

Katarina Sjöberg, The Wall Street Culture. European Journal of Cultural Studies, 2004, p. 481-499.

[17] « Tous ceux qui me connaissent me considèrent comme un homme éminemment sur. »Herman Melville, Bartleby le scribe, op cit.,emplacement 11.

[18] « Feu John Jacob Astor, personnage peu enclin à l’enthousiasme poétique, n’hésitait pas à déclarer que mon premier point fort était la prudence ; mon second la méthode. »Ibid., emplacement 11.

[19] « John Jacob Astor : un nom que j’aime à répéter, je l’admets, car il rend un son plein et orbiculaire, et comme un tintement de milliards. » Ibid., emplacement 11.

[20]Ibid., emplacement 168.

[21] « … il arrivait, dis-je que l’un de ces messieurs, se trouvant fort occupé et voyant Bartleby entièrement oisif, lui demandait de courir à son bureau (j’entends le bureau du monsieur en question) pour lui rapporter certains papiers. Sur quoi, Bartleby refusait tranquillement, sans sortir pour autant de son oisiveté. Alors l’homme de loi le dévisageait fixement, puis se tournait vers moi. Mais que pouvais-je faire ? Finalement, je me rendis compte que, dans le cercle de mes relations d’affaires, un murmure d’étonnement courait de bouche en bouche à propos de l’étrange individu que j’avais à mon étude. » Ibid., emplacement 506.

[22] « Je résolus d’assigner à Bartleby un coin près des portes, mais de mon côté, afin de pouvoir aisément appeler à moi cet homme tranquille si j’avais quelque petite chose à lui faire faire. Je plaçai donc son pupitre dans cette partie de la pièce, tout contre une fenêtre latérale qui avait commandé jadis une vue de biais sur des arrière-cours et des briquetages encrassés, mais qui, du fait de constructions subséquentes, n’offrait plus de vue du tout, bien qu’elle donnât quelque lumière. Un mur se dressait à trois pieds des vitres et le jour tombait de très haut entre deux édifices altiers comme d’une toute petite ouverture pratiquée dans un dôme. Afin de rendre cet arrangement plus satisfaisant encore, je dressai un grand paravent vert qui mettrait Bartleby entièrement à l’abri de mon regard tout en le laissant à portée de ma voix. » Ibid., emplacement 136.

Nous notons l’ironie de ce passage : l’employeur qui pense soi-disant à tout mais par rapport à lui, par exemple « plus satisfaisant encore » pour lui.

[23] « Bartleby abattit une extraordinaire quantité d’écritures. (…) Il ne s’arrêtait pas pour digérer, mais tirait jour et nuit à la ligne, copiant à la lumière du soleil comme à celle des bougies. J’aurais été ravi de son application s’il avait été allègrement industrieux. Mais il écrivait toujours silencieusement, lividement, machinalement. » Ibid., emplacement 147.

[24] « Je crois vraiment que le fait de s’envelopper dans ce douillet vêtement comme dans une couverture avait sur lui un pernicieux effet – en vertu du principe qui fait qu’un excès d’avoine est mauvais pour les chevaux. En fait, tout comme on dit d’un cheval indocile et rétif qu’il sent son avoine, Dindon sentait son veston. Lequel le rendait insolent. C’était un homme à qui la prospérité nuisait. » Ibid., emplacement 147.

Melville encore une fois fait ressortir avec humour la condescendance du patron vis-à-vis de son employé. Après avoir décrit en détail la qualité du vêtement qu’il a offert à Dindon (« un habit d’un aspect hautement respectable, un habit gris molletonné, le plus confortable et le plus chaud du monde, et qui se boutonnait du genou jusqu’au cou » – nous notons les hyperboles dans la description), il compare ce dernier à un cheval, donc à une bête de somme, et sans dire exactement ce que Dindon fait pour lui donner cet impression puisque Dindon est toujours insolent l’après-midi, il pense qu’il ne mérite pas de sembler riche. Ironiquement ce que Melville fait ressortir, c’est que le narrateur sentait sa générosité.

[25] « Je le regardai attentivement et vis que ses yeux avaient un aspect terne et vitreux. Il me vint instantanément à l’esprit que son extraordinaire application à copier devant son obscure fenêtre pendant ses premières semaines à l’étude avait pu affecter temporairement sa vue. Je fus touché. Je prononçai quelques paroles compatissantes, protestant qu’il faisait fort bien de laisser là pour quelques temps toute écriture et le pressant de profiter de l’occasion pour prendre un peu d’exercice au grand air. » Ibid., emplacement 389.

Encore une fois, sous les paroles faussement attentionnées du narrateur, Melville fait ressortir sa monstruosité, depuis quand quelques temps au grand air guérit-il la cataracte ?

[26]Ibid., emplacement 220.

[27] « Mais il refusa net ; et je dus, à mon grand embarras y aller moi-même. » Ibid., emplacement 389.

[28] « … je m’éloignai incontinent de ma propre porte et fis comme il le désirait. Non point d’ailleurs sans quelques sursauts d’impuissante révolte contre la suave effronterie de cet inexplicable scribe. En vérité, c’était surtout son extraordinaire suavité qui me désarmait ou, pour mieux dire, m’émasculait. Car je considère comme temporairement privé de sa virilité, un homme qui laisse tranquillement son employé à gages lui dicter ses volontés et le chasser de ses propres appartements. » Ibid., emplacement 262.

[29] Ne pas travailler est considéré comme mal. Dans Alexandre le bienheureux par exemple les autres personnages trouvent que « ce n’est pas moral » qu’Alexandre dort.

[30]Herman Melville, Bartleby le scribe, op cit.,emplacement 251.

[31] « Eh bien simplement en se remémorant la divine injonction : Je vous apporte un nouveau commandement : aimez-vous les uns les autres. Oui, voilà ce qui me sauva. C’est l’une des moindres vertus de la charité qu’elle opère souvent comme  un grand principe de sagesse et de prudence ; elle est pour qui la possède une excellente sauvegarde. On a vu commettre des meurtres par jalousie, par colère, par haine, par égoïsme, par orgueil spirituel, mais ouït-on jamais parler d’un meurtre diabolique au nom  de la douce charité ? » Ibid., emplacement 474.

L’exagération du passage a pour effet de distancer le lecteur du narrateur.

[32] i) « Pauvre garçon, pauvre garçon ! pensai-je, il ne songe point a mal : et puis il en a vu de dures et mérite de l’indulgence. » Ibid., emplacement 474.

  1. ii) « … le scribe était victime d’un désordre inné, incurable. Je pouvais faire l’aumône à son corps, mais son corps ne le faisait point souffrir ; c’était son âme qui souffrait, et son âme, je ne pouvais l’atteindre. » Ibid., emplacement 314.

[33] « Quelle était la chose parfaitement raisonnable qu’il refuserait certainement de faire ? Ibid., emplacement 230.

[34] Paul Lafargue, Le droit à la paresse, op cit.,emplacement 384.

[35] Comme le dirait Pascal : « Ennui. Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaires, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. Incontinent il sortira du fond de son âme, l’ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir. »

[36] Herman Melville, Bartleby, le scribe,op cit.,emplacement 654.

[37]« Parfois, des feuillets pliés, le pâle employé tire un anneau : le doigt auquel il fut destiné s’effrite peut-être dans la tombe ; un billet de banque que la charité envoya en toute hâte : celui qu’il eut secouru ne mange plus, ne connait plus la faim ; un pardon pour des êtres qui moururent bourrelés de remords ; un espoir pour des êtres qui moururent désespérés ; de bonnes nouvelles pour des êtres qui moururent accablés par le malheur. Messages de vie, ces lettres courent vers la mort. »Ibid., emplacement 654.

[38] De même dans Alexandre le bienheureux, Alexandre est qualifié de « malade », de « danger » et de « fléau ».

[39] Martin Heidegger, Chemins qui ne mènent nulle part, Gallimard, 1986.

[40]Herman Melville, Bartleby, le scribe,op cit., emplacement 633.

[41] « – Voudriez-vous vous engager à nouveau comme copiste ? – Non, je préférerais m’abstenir de tout changement. – Aimeriez-vous à être commis aux écritures dans une épicerie ? – Ce serait trop enfermé. Non, je n’aimerais pas être commis, mais je ne suis pas difficile. (…) – Aimeriez-vous à tenir un bar ? Ce n’est pas une occupation qui éprouve la vue. – Je n’aimerais pas du tout ça. Mais, encore une fois, je ne suis pas difficile. – Eh bien ! Alors, aimeriez-vous à courir le pays en encaissant des factures pour le compte de marchands ? Votre santé en serait améliorée. – Non, je préférerais autre chose. – Vous plairait-il alors d’accompagner en Europe quelque jeune homme de bonne famille qui profiterait des avantages de votre conversation ? – Pas du tout. Je n’ai pas l’impression qu’il n’y ait rien de bien défini là-dedans. J’aime à être sédentaire. Mais je ne suis pas difficile. » Ibid., emplacement 569.

[42] Emil Cioran, Précis de décomposition, Les Essais, Gallimard, 1949, p. 22.

[43]Herman Melville, Bartleby, le scribe,op cit., emplacement 664.

[44] Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, Le Livre de poche, Classiques, 1972.

[45]Paul Lafargue, Le droit à la paresse, op cit., emplacement 384.

[46]Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes, 1754, Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, Dans le cadre de la collection: Les classiques des sciences sociales, 2002, p. 61.

[47] Duckworth C, The Making of Godot, p. 95. Quoted in Bair, Samuel Beckett: A Biography, Vintage, 1990, p. 407.

Bibliographie

Cioran Emil, Précis de décomposition, Les Essais, Gallimard, 1949.

Heidegger Martin, Chemins qui ne mènent nulle part, Gallimard, 1986.

Heidegger Martin, Être et temps, Gallimard, 1992.

Ho Karen, Situating Global Capitalisms: A View from Wall Street Investment Banks Cultural Anthropology, Cultural Anthropology, 2005, p. 68-96.)

Lafargue Paul, Le droit à la paresse, Culture commune, Amazon Media EU S.àr.l. (format Kindle), 2012.

Melville Herman, Bartleby le scribe, Putnam’s Monthly Magazine, 1853, Amazon Media EU S.àr.l., Paperless (format Kindle), 2015.

Nietzsche Friedrich, Ainsi parlait Zarathoustra, Le Livre de poche, Classiques, 1972.

Sjöberg Katarina, The Wall Street Culture. European Journal of Cultural Studies, 2004, p. 481-499.

Sitographie

Nietzsche Friedrich, Ecce Homo, Traduction d’Alexandre Vialatte, Oeuvres ouvertes, p. 11.

https://www.oeuvresouvertes.net/IMG/pdf/NIETZSCHE_ECCE_H.pdf (consulté le 06.05.17)

Robert Richard, Le culte de la performance Lecture d’Alain Ehrenberg

http://www.laligue.org/wp-content/uploads/2012/06/13.-Alain-Ehrenberg3.pdf (consulté le 03. 05.17)

Treiber Hubert, État moderne et bureaucratie moderne chez Max Weber, Traduction de Olivier Mannoni, Anter, A. / Breuer, S. (éd.), 2007, p. 121-155.

https://trivium.revues.org/3831#ftn98 (consulté le 09.05.17).

Weber Max, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Les classiques des sciences sociales, version numérique par Jean-Marie Tremblay, p. 28.

http://classiques.uqac.ca/classiques/Weber/ethique_protestante/Ethique_protestante.pdf (consulté le 10.05.17).

Filmographie

Yves Robert,  Alexandre le bienheureux (1968).

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