L’auteur de cet article, Philippe Bénéton, souligne que l’inégalité étant une relation, est toujours rapportée à une échelle commune. De plus: « il y autant de conceptions et de formes d’inégalités que d’objets possibles concernés par la relation égalitaire/inégalitaire ». Il en résulte que toutes les sociétés, réelles ou imaginaires, comportent des inégalités perçues comme légitimes:
« Le mot inégalité est devenu un terme important du vocabulaire politique social (et de la philosophie politique et sociale) mais son sens est souvent équivoque faute des qualifications nécessaires. L’inégalité (comme l’égalité) entre plusieurs êtres ou plusieurs choses peut d’abord se définir comme une relation hiérarchisée sous un rapport déterminé. L’inégalité est une relation entre deux ou plusieurs termes, établie par référence à une échelle commune. Elle se distingue par là de la différence. La différence ne devient inégalité que située sur une échelle, rapportée à un critère de hiérarchisation. Enfin, cette relation concerne un objet déterminé : deux hommes sont inégaux par leur taille, ou leurs droits, ou leur niveau d’instruction… Il y a donc autant d’égalités ou d’inégalités entre deux termes que d’objets possibles de la relation égalitaire-inégalitaire.
(…)
Entendue comme une norme politique ou sociale, l’égalité a toujours été (sans que souvent la chose soit consciente et délibérée) pensée comme une égalité de proportion. Nul n’a jamais proposé une égalité arithmétique entre tous les hommes (nourrissons compris) sous tous les rapports (sociaux). Il en résulte que toutes les sociétés réelles ou rêvées comportent des inégalités (arithmétiques) perçues comme légitimes même si elles se réclament du principe égalitaire ». P. Bénéton, Inégalité, Les notions philosophiques, coll. dirigée par Sylvain Auroux, Ed. Des PUF, 1990.
Laurence Hansen-Love