Méthodologie des Questions sur le Texte philosophique (séries technologiques)

Définition : Expliquer, du latin explicare, signifie d’abord déplier, mettre à plat, c’est-à-dire transformer un tout complexe, parfois confus voire compliqué en un ensemble d’élément simple et immédiatement compréhensible par le premier venu.

Expliquer un texte : Vous devez faire comprendre à un lecteur la signification du texte, ce qui suppose d’abord de montrer comment (de quelle manière, c’est-à-dire avec quels arguments, quels raisonnements et quels exemples) ce texte répond à un problème philosophique, et pourquoi il répond ainsi à ce problème et pas autrement, ce qui suppose de défendre la cohérence de la pensée de l’auteur. Comprendre et faire comprendre, c’est penser et apprendre à penser, c’est penser à partir d’une pensée dont la valeur est reconnue par une longue tradition et surtout apprendre à penser par soi-même. Et penser par soi-même c’est déjà philosopher (cf. sapere aude, Kant). C’est pourquoi cet exercice est fondamental pour votre éducation philosophique.

Les questions de l’option 1 : Vous êtes en section technologique et vous avez donc le choix, lorsque vous décidez de composer sur le sujet 3, d’expliquer le texte en suivant le développement linéaire classique (c’est l’option n°2 : cf. Méthodologie de l’explication de texte) soit en répondant dans l’ordre et de manière précise et argumentée aux questions. Ce choix sera stipulé dans un encadré écrit dans le sujet et les questions de l’option n°1 seront écrites à la suite.

 

I. Lire le texte

1. Commencez par lire plusieurs fois le texte (au moins 3 fois) attentivement.
2. Numérotez les lignes.
3. Recherchez les connecteurs logiques et souligner les : donc, en revanche, au contraire, par conséquent, c’est pourquoi, etc… Cela vous indiquera si l’auteur donne une thèse, un exemple, un argument, une conséquence etc…
4. Repérez les mots ou expressions qui méritent d’être expliqués pour rendre le texte plus facilement compréhensible à n’importe quel lecteur qui ne serait pas familier avec les concepts philosophiques.

 

II. Au brouillon

1. Repérez le(s) thème(s) du texte : de quoi parle le texte ? De quoi est-il ici question ? Il s’agit ici de notions philosophiques (comme la politique ou la science par exemple), inutile d’être trop précis.
2. Repérez la thèse du texte : quelle est l’idée défendue par l’auteur ? Où veut-il en venir ? Cette thèse est explicite la plupart du temps et vous pouvez la repérer quelque part dans le texte. Si la thèse est implicite, il faudra la formuler avec vos mots sans trahir la pensée de l’auteur ou faire de contre-sens.
3. Construisez la problématique du texte : c’est la question à laquelle le texte répond, l’alternative qui est tranchée par la thèse de l’auteur. La réponse à la problématique est la thèse du texte.
Exemple : Thème: la justice. Thèse : Socrate affirme dans ce texte qu’il vaut mieux subir l’injustice que la commettre. Problématique : Ou bien, il vaut mieux toujours obéir aux lois, même si elles sont injustes, ou bien au contraire il est préférable de désobéir à la loi si elle est injuste, au risque de commettre une injustice vis-à-vis de la loi.
4. Repérez le plan du texte c’est-à-dire sa structure argumentative : thèse, problème, argument, conséquence de la thèse, réfutation de la thèse… La thèse et les arguments sont des passages obligés que vous devez toujours repérer.
Demandez vous toujours ce que l’auteur est en train de faire et pourquoi il le fait ainsi.

Remarque : 1) Un texte comporte au minimum 2 parties, le plus souvent 3, parfois 4.
2) Construisez le plan détaillé de votre explication, sur une feuille à part, lequel plan suit la structure logique du texte que vous venez de repérer : I. Lignes 1 à x : thèse du texte. Notez ce que vous allez dire pour l’expliquer. II. Lignes x à y : argument servant à démontrer la thèse etc… Vous vous appuierez dessus lors de la rédaction.

 

III. Rédaction

Les questions de l’option n°1 ne sont pas moins exigeantes que le l’explication linéaire, mais elles sont plus dirigistes et permettent de ne pas passer à côté des enjeux du texte. Ces questions sont au nombre de 8 et elles sont divisées de la manière suivante :

 

  • Les questions de la Partie A intitulée « éléments d’analyse ». Elles sont au nombre de trois. Elles portent généralement sur des passages précis du texte ou même sur des mots qui seront mis entre guillemets dans la question. Ces questions vous demandent de donner des définitions précises de certains termes, de trouver des exemples concrets qui illustrent la pensée de l’auteur, d’expliquer des différences ou des similitudes présentes dans le texte. Attachez vous à bien expliquer tout ce que vous dites, soyez précis et développez votre réponse, ne vous contentez pas de deux lignes, mais ne sortez pas non plus du cadre imposé par la question.

 

  • Les questions de la Partie B intitulée « élément de synthèse ». Elles sont au nombres de trois et ces trois questions sont connues quel que soit le sujet de l’explication de texte. Ce sont les suivantes :

B1. Quelle est la question à laquelle l’auteur tente de répondre ici ?

Il s’agit ici de construire la problématique du texte. Cette problématique vous devrez la construire sous forme de question et donc se terminer par un « ? ». Voici la méthode pour produire la meilleure problématique : « Est-ce que X ou bien au contraire Y ? ». La problématique est une alternative que l’auteur va trancher. Ainsi, il faudra bien vérifier que X et Y s’oppose bien dans votre formulation. On peut imaginer que X correspond ici à la thèse de l’auteur c’est-à-dire à l’idée principale qu’il défend dans le texte, à ce moment-là, il faudra que vous en déduisiez Y c’est-à-dire l’inverse de ce que l’auteur pense.

B2. Dégagez les différents moments de l’argumentation.

Il s’agit ici de découper le texte en deux, trois ou quatre parties. Vous pouvez en trouver plus, mais l’important est de parvenir à indiquer le contenu de chacune de ces parties. Vous devez résumer avec vos mots ce que l’auteur dit dans telle ou telle partie et pourquoi il dit cela, est-ce un argument, un exemple, une thèse ? Vous rédigerez cette question de la manière suivante : « Nous pouvons diviser ce texte en trois moments distincts. D’abord, lignes 1 à x, l’auteur énonce la thèse selon laquelle…, puis lignes x à y, il argumente en montrant que…, puis/ en conséquence/ de là, il s’en suit, lignes y à z,… ». Montrez toujours votre bonne volonté et ne vous contentez pas du minimum en expliquant autant que possible.

B3. En vous appuyant sur les éléments précédents, dégagez l’idée principale du texte.

Vous devrez indiquer la thèse du texte, c’est la position de l’auteur, ce qu’il affirme et ce qu’il défend dans ce texte. Pour répondre à cette question vous pouvez essayer de repérer cette thèse dans le texte, il s’agit d’une phrase que vous devrez alors citer entre guillemets et indiquer les lignes avant de l’expliquer. Si vous ne repérez pas cette thèse, construisez en une à partir de ce que vous avez compris du texte de la manière suivante : « Dans ce texte, l’auteur affirme que X », Puis vous expliquez pourquoi l’auteur affirme cela et comment il défend sa position.

Remarque : La thèse de l’auteur (notée X) est également une partie de la problématique de la question B1 (notée X également). Servez vous de cette information pour vérifier la pertinence de vos réponses.

 

  • Les questions de la Partie C intitulée « commentaire ». Elles sont au nombres de deux. Ce sont généralement des questions ouvertes faisant appel à votre sens critique. Vous pourrez soit donner raison à l’auteur soit le contredire en défendant votre point de vue. Attention, même si certaines questions débutent par « D’après vous… », faites toujours preuve de stratégie rhétorique : exposez un point de vue que vous pouvez et savez défendre même si ce n’est pas vraiment le vôtre. N’hésitez pas à ce moment pour convaincre le correcteur à illustrer votre propos avec des exemples tirés de votre culture personnelle (mythes, faits historiques, actualités, romans classiques, œuvres d’art etc…) . Vous pouvez enfin convoquer d’autres philosophes ou systèmes philosophiques pour appuyer encore plus vos idées.

Remarque : Évitez autant que possible les « je pense que… », « d’après moi… », « mon avis est… » et toutes les marques de la première personne. Préférez les phrases neutres à la troisième personne : « Il faut remarquer que…», ou utilisez le « on » ou le « nous » : « Nous pouvons penser que… ».

 

Remarques générales

1. L’explication devra requérir des connaissances philosophiques notamment dans la Partie C, (il suffit d’apprendre le cours pour en avoir).
2. Expliquer ne signifie jamais paraphraser. La paraphrase, défaut majeur des explications, consiste à se contenter de répéter avec d’autres mots ce que vous devez expliquer. Pour cela, veillez toujours à dire pourquoi l’auteur pense ceci, pourquoi il le prouve de cette manière et pas autrement. Il s’agit de rendre compte de la nécessité interne du texte. Définissez les mots importants, trouvez des exemples pertinents qui illustrent la pensée de l’auteur pour éviter au mieux la paraphrase.
3. Les citations du texte doivent être soigneusement choisies (pas de juxtaposition effrénée) et expliquées.
4. Montrez que vous cherchez à comprendre et à faire comprendre, le lecteur retiendra votre bonne volonté et votre honnêteté intellectuelle.
5. Le danger n’est pas le hors-sujet comme en dissertation mais le contre-sens, c’est-à-dire comprendre exactement l’inverse de ce que l’auteur a voulu dire. Si vous avez un doute, relisez attentivement le texte ou choisissez la dissertation.
6. Veillez bien à indiquer sur votre copie que vous avez choisi l’option n°1 du sujet 3. De plus, numérotez vos réponses de la manière suivante : soit sous la forme A1), A2), A3), B1), etc… Soit en réécrivant les titres des parties A, B et C et en numérotant alors vos réponses 1, 2, 3, à l’intérieur de ces parties.
7. Veillez bien à répondre à TOUTES les questions sans en omettre aucune. Même si vous pensez que votre réponse est fausse, essayez quand même de la formuler.
8. Il n’y a pas de consignes concernant la longueur de l’option 1, mais une taille idéale devrait faire entre 3 et 5 pages.

 

Felix qui potuit rerum cognoscere causas[1]

 

 

Par Thomas Primerano, professeur de philosophie, diplômé de la Sorbonne, membre de l’Association de la Cause Freudienne de Strasbourg, sympathisant de l’Association Française Transhumaniste, auteur de ‘’Rééduquer le peuple après la terreur’’ publié chez BOD.

 

 

[1]Géorgiques, Virgile, I, vers 489 : « Heureux celui qui a pu pénétrer la raison des choses »

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