Philosophie de l’espoir

Par  RASAMOEL Paul Fried de Valois[1]

L’espoir se traduit par le sentiment le plus positif. Il nous donne la confiance qui nous pousse à agir. Nous sommes toujours passifs à l’égard de nos espoirs qui s’imposent à nous. Lorsque quelqu’un espère, toute son attention est attirée particulièrement par l’objet de l’espoir ou ce que l’on espère. Espérer c’est croire en son intérêt personnel ou collectif ou encore en quelqu’un ou quelque chose à qui/à quoi nous tenons une importance capitale.

L’espoir fonctionne en ce qu’il repose sur l’incertitude, l’ignorance de ce que l’avenir nous préserve. Il est inutile de voir tout l’escalier pour monter au plus haut de l’étage ; il suffit juste de gravir la première marche. Quand on roule dans une voiture en pleine nuit, on ne peut pas voir en un seul coup d’œil tout le trajet. Ses phares ne peuvent illuminer qu’une centaine de mètres devant. Mais on espère tout de même arriver à la destination. La confiance comme résultat de l’ignorance consiste à donner vie à notre attente incertaine quant à la réalisation d’un bien à venir et de la non-réalisation de son strict contraire. Cette attente est liée à la crainte par rapport à la possibilité de l’accomplissement de tout ce qui s’oppose à l’objet de l’espoir. Nous espérons et en même temps nous craignons l’échec. L’espoir ne va pas seul, mais il est souvent accompagné de crainte. Nous pouvons ainsi parler de la conjugaison de l’espoir et de la crainte quant à  l’ignorance de ce qui se prépare dans l’avenir.

Par rapport à ce manque de certitude suivi de crainte, plusieurs questions se posent dès qu’on parle de l’espoir : qu’est-ce que l’espoir ?, sur quoi se fonde-t-il, la réalité ou l’illusion ?, a-t-il une fonction dans l’existence ?, nous mène-t-il à l’action ?, nous permet-il de ne pas tomber dans la résignation ?, est-ce un sentiment qui nous maintient dans l’inaction ou plutôt le moteur de l’action et du courage ?, peut-on mettre sa vie sur l’incertain ?, et faut-il espérer ? Pour répondre à toutes ces questions et atteindre notre investigation, il convient d’examiner dans un premier temps les éléments qu’il faut pour aboutir à l’existence heureuse. Cet aspect plus ou moins individuel de la disposition de l’homme à l’issue favorable va nous permettre d’examiner dans un second temps son aspect collectif dans le rapport social que nous considérons ici comme optimisme en politique. Et le dernier temps portera sur l’optimisme national évaluant la possibilité d’un peuple de participer au bonheur national.

Existence heureuse

L’existence heureuse est liée au désir et, à son tour, le désir est associé à l’amour. L’amour est une énergie vitale disponible en chacun. Reposant sur l’existence heureuse, il se sert de la base du principe même de la vie. L’amour et l’espoir se familiarisent : l’objet de l’espoir ne l’est que parce qu’il fait partie de l’objet de l’amour. Ce qu’on espère doit avant tout être aimé. Quel que soit l’objet de l’espoir, il a comme fin la jouissance de notre être, c’est-à-dire l’existence heureuse.

1.1 Espoir et bonheur

De par notre nature, nous cherchons à jouir des bonheurs simples de la vie sans compter des idéaux collectifs, politiques, religieux, humanitaires et scientifiques. Les principes et les valeurs que nous avons pour harmoniser la société dans laquelle nous vivons ne fonctionnent en nous qu’indirectement. Or c’est seulement dans ces principes et valeurs pour que les objets de l’espoir des uns n’entrent pas en conflits avec ceux des autres. Car avec le souci excessif de mon propre intérêt, tout en réalisant mon espoir, je pourrais priver l’autre du sien.

Loin d’être une pensée magique surnaturelle, la philosophie de l’espoir nous permet d’avoir une attitude nécessaire pour croire en demain, agir et s’engager sans pourtant violer les règles de conduite considérées comme bonnes. Elle nous apprend à désirer quelque chose, c’est-à-dire à avoir une certaine satisfaction psychologique avant même la réalisation du projet. C’est le chemin sur lequel on s’engage pour aller vers le but espéré. Nous nous servons de notre imaginaire et de tout ce qu’il contient parce qu’il est impossible d’espérer sans avoir un objet à imaginer. Devant les épreuves quotidiennes telles que la souffrance, la misère, la pénurie, la crise, le deuil, la maladie, nous espérons les jours meilleurs où nous sortirons du dénuement, où nous aurons des conditions meilleures, où nous serons guéris. Parmi les objets de l’espoir, nous avons la paix en temps de guerre, la nourriture en famine, le changement durant une crise politique, le gain de quoi à vivre ou le travail dans le chômage, le bonheur pour ses enfants et ses proches. Les objets de l’espoir ne sont pas quantifiables mais cela n’empêche qu’ils soient réalisables malgré la difficulté. Ils s’inscrivent, en dépit de l’ignorance en l’avenir, dans le cadre du réalisme, une doctrine qui consiste à tenir compte des contraintes imposées par la situation.

En tant que désir, l’espoir peut se rapporter à l’instinct. Dans ce cas, il est poussé par la force de la volonté de vivre[2] ou la volonté de l’espèce[3] parce que le corps peut influencer l’esprit dans sa vision d’avenir. Il s’agit de l’espoir de trouver son conjoint, d’avoir des enfants, de vivre avec une aisance financière, etc. Ici, l’objet du désir se mêle à l’objet de l’espoir.

1.2. Espoir et rêve

Espérer c’est désirer sans pouvoir à la limite de l’illusion. L’espoir ne sera et n’existera que par nos propres volontés en ce sens que nous en sommes les seuls porteurs. Si, comme le pense Sartre, l’homme est un projet[4], c’est nous qui, en premier lieu, portons ce projet. Le projet sartrien certifie ce que nous considérons ici comme espoir. C’est pourquoi la philosophie de l’espoir s’insurge contre une attente inactive de la réalisation d’un projet. A ce propos, Bergson souligne que l’avenir n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons en faire[5].Le changement dans l’avenir n’est que le fruit de notre pensée, accompagnée par un certain nombre d’action. Pour maintenir l’espoir et nous pousser à l’action, cette pensée, prise sous forme d’imagination, doit être vécue comme un rêve. Rêver de quelque chose qu’on désire peut s’assimiler à l’espoir. Voyons ce que nous dit Henri David Thoreau[6] :

Il faut vivre la vie qu’on a imaginé […] Il faut aller voir dans la direction de ses rêves …, prends tes désirs pour la réalité, fais de telle sorte que tes rêves puissent être déterminants, ne renonce pas à tes rêves…, si vous avez bâti des châteaux en l’air, votre travail ne sera pas forcement perdu, c’est bien là qu’ils doivent être, maintenant il n’y a plus qu’à placer les fondations dessous […][7].

Le philosophe nous invite à vivre notre imagination, notre inventivité, pour créer notre projet de vie. Nos choix de vie et nos plans d’action pour l’avenir doivent comporter une part idéale et, s’il faut, une utopie à partir de laquelle nous pouvons mettre en œuvre des moyens pour y parvenir. La révolution que nous apercevons dans l’histoire et dans tous les domaines n’est autre que le fruit de l’imagination, du rêve des grands hommes. Ne serait-ce qu’à citer le discours prononcé par le pasteur et militant américain Martin Luther King, le 28 août 1963 devant le Loncols Mémorial, à Washington durant la marche pour l’emploi et la liberté : « I have a dream ». Le rêve du pasteur est celui d’une Amérique fraternelle, où les Blancs et les Noirs se retrouvent unis et libres. Pour poursuivre son rêve, il a mené une lutte pacifique pour les droits civiques des Américains revendiquant l’égalité avec les Blancs à l’époque de la ségrégation raciale. Le rêve a donné ses fruits dans le réel. En plus, après 46 ans de la proclamation du rêve, un Afro-Américain est devenu président de la grande puissance, un président modèle et le plus cool de l’histoire.

Tout ce qui s’est fait de grand et tout ce qui se fait progresser notre humanité n’étaient au départ que dans le champ du possible, le possible que personne ne pourrait imaginer. Il aurait fallu des porteurs d’espoir pour qu’avec eux, d’autres disent : oui, nous pouvons le faire. Ce fut un slogan politique : « Yes, we can ! ». Le rôle de la philosophie de l’espoir est de nous mettre en garde contre les impasses et de vivre l’espoir pour que nous soyons capables de développer des concepts originaux en vue de la réalisation des choses nouvelles. Elle nous rappelle que le moteur pour concrétiser l’espoir, c’est notre volonté, ce vouloir que nous devons plier à la raison qui seule peut transformer, nous dit Albert Jacquard, un chercheur et essayiste français, les « à quoi bon ! » en « pourquoi pas ! »[8].

C’est vrai que sur le plan psychologique, le rêve semble une émergence de l’inconscient, mais il peut être extrêmement conscient et dégagé des illusions. Il n’exclut pas le travail à faire pour arriver à sa réalisation. Au contraire, la fonction de l’imaginaire qu’il utilise va se servir de la base de ses capacités créatrices. Il faut pourtant que nos créations aillent dans le sens de ce que nous appelons « espoir révolutionnaire ». Là-dessus, la philosophie de l’espoir pousse le révolutionnaire à ne pas s’enquêter de son point de vue malgré l’incertitude quant à la réalisation exacte du changement et chercher juste à prendre la place et les privilèges de l’autre pour se tenir à l’écart de l’égoïsme. L’espoir révolutionnaire ne met pas nos rapports aux autres dans des rapports d’intérêt. C’est seulement dans l’esprit philanthropique que nous pouvons réaliser une vision bénéfique pour tous, sans heurter la morale.

1.3. Espoir et plaisir

L’espoir peut à la fois servir à tromper et à sauver, car ce terme est chargé négativement comme positivement. Attachée uniquement au désir, il nous tisse le voile de Maya[9]ou le principe d’individuation[10] (égoïsme) pour nous empêcher de voir l’autre dans sa misère et d’affronter la réalité. Le vouloir-vivre[11] emporte notre espoir, enflammé par l’égoïsme, et nous en devenons esclaves : « On est, et on demeure esclave aussi longtemps que l’on n’est pas guéri de la manie de l’espoir »[12]. L’espoir lié au désir finit par se confondre avec un devenir évident qui semble juste puisqu’il nous abuse et peut nous montrer une voie qui nous égare. Une fois qu’il se borne au désir, aussitôt la souffrance et la douleur nous envahissent, car, comme le pense d’ailleurs Schopenhauer, le désir est un maître insatiable[13]. Voltaire, dans ses Lettres philosophiques, nous fait part de cette perspective :

Le trésor le plus précieux de l’homme est cette espérance qui nous adoucit nos chagrins et qui nous peint des plaisirs futurs dans la possession des plaisirs présents. Si les hommes étaient assez malheureux pour ne s’occuper que du présent, on ne sèmerait point, on ne bâtirait point au milieu de cette fausse jouissance[14].

Les plaisirs charnels bloquent notre accès à l’existence heureuse parce qu’ils créent de l’espoir destructeur avec le pieu mensonge. Fondé sur des principes égoïstes et immoraux, l’espoir nous conduit vers la manipulation de l’esprit et, par voie de conséquence, le suicide collectif. Dans le cas contraire, il trace le chemin non du vouloir-vivre qui cherche à nous détruire dans notre vision égoïste mais du « vouloir-créer » ou encore mieux du « vouloir-aider ». Cela forme les conditions favorables à l’existence heureuse. Il nous fait avancer les mains tendues comme les enfants.

Pour conclure sur ce point, la philosophie de l’espoir nous fait comprendre que croiser les bras et soupirer « j’espère » ne valent ni un faire, ni une prière. Mais lorsque l’espoir devient moteur d’action, lorsqu’il permet d’échapper à la résignation, alors il peut nous être utile pour changer le réel. Tout en gardant le bon sens, il est capable de faire naître une existence heureuse. Etant donné que cette existence heureuse dépend essentiellement de l’organisation et du fonctionnement des affaires de l’Etat, il importe d’évoquer l’aspect politique de l’espoir suivant une vision optimiste pour une meilleure orientation de notre réflexion dans ce qui va suivre.

 Sur l’optimisme en politique

D’emblée, il faut reconnaitre que le but principal de la politique c’est avant tout de nous rendre heureux. Alors, commençons par nous demander si faire de la politique rend vraiment heureux. Les politiques nous rendent-ils heureux ? Quelles sont leurs motivations ?

Quand on parle de la politique, on fait souvent allusion à ce propos : la politique n’est que recherche du pouvoir. Mais en principe, elle doit être le fruit de ces deux motivations à savoir le dévouement pour les administrés et la possibilité de contribuer au bonheur collectif.

2.1. Motivations des politiques

La première motivation relève de la motivation principale des politiques, le désir des hommes politiques de se mettre au service des autres. Pape François l’a indiqué depuis l’intitulé même de son ouvrage : Se mettre au service des autres, voilà le vrai pouvoir. Dans sa réflexion, le chef de l’Eglise catholique romaine nous livre un message de sagesse et d’espérance. Il nous rappelle ce qui fait sens au vivre-ensemble. Le pouvoir a souvent tendance à bafouer le plus important à savoir le respect de toute vie et de toute dignité. C’est pourquoi le vicaire du Christ nous apprend à savoir écouter notre cœur et avoir l’humilité de nous mettre, même une seconde, à la place de l’autre avant toute décision. Ce fut le fondement de la morale de Schopenhauer. Le philosophe nous incite à avoir un sentiment de compassion inspirant le désir d’aider. En effet, il précise dans son Fondement de la morale que ce n’est pas dans la tête qu’il faut chercher pour fonder la morale mais dans le cœur, là où il est impossible de faire des calculs dans ses actes et d’exclure ses semblables dans la misère.

Beaucoup estiment que servir les autres n’est qu’une forme de charité : les puissants pensent aux faibles, les riches donnent aux pauvres, les intellectuels aident les incultes et bref les grands soutiennent les petits. Pourtant, il va encore plus loin, car c’est une expérience de satisfaction, de totalité, d’indépendance et d’autonomie aussi bien pour le bénéficiaire que pour l’auteur. Il s’agit de faire l’expérience de la magnificence et de la capacité infinie des êtres humains. Celui qui donne avec le cœur net disparaît, et son identité s’efface parce qu’il ne fait plus qu’un avec le bénéficiaire. Cette unité qui se forme à partir de la suppression de l’identité de l’auteur pour s’associer à celle du bénéficiaire nous explique ce que signifie expérience de totalité. La totalité et l’unité ne font qu’un parce que dans cette action, tout le monde donne et tout le monde reçoit. Cela veut dire qu’au moment où une personne rend service à une autre personne, ensemble, tous les deux deviennent l’expression d’une seule et même âme. Rendre service est donc un geste d’amour et de confiance, de responsabilité et de courage.

La deuxième raison invoquée compte tenu des motivations des politiques c’est la possibilité de contribuer au bonheur collectif. Chaque nation possède ses propres valeurs et qualités qui sont à chercher dans le territoire (ressources naturelles) et chez les individus eux-mêmes (richesses culturelles et intellectuelles et ressources humaines), mais aussi elle représente des défauts qui sont méprisés. La question se pose : que valorise-t-on, le respect des traditions, la création d’emploi, la croissance économique à travers l’exploitation des richesses naturelles, l’innovation, etc. ? Ces éléments sont à la disposition des politiques pour bâtir la nation et répondre à l’intérêt général qui seul nous procure le bonheur collectif.

2.2. Politique et bonheur

Pour mettre en rapport optimisme et politique, revenons à la question que nous avons posée au départ : la politique nous rend-elle heureux ? La réponse semble être oui, car le bonheur est un objectif politique et que cet état de plénitude prospère et heureuse permet d’activer l’optimisme individuel et collectif. Le bonheur peut en effet être pris en compte et envisagé sur le plan social. Sous cet angle, nous parlons du bonheur de l’individu qui doit être l’objet d’une préoccupation politico-sociale.

La problématique associée au bonheur a été discutée depuis l’antiquité jusqu’à nos jours. Il suscite plusieurs questions : qu’entend-t-on par bonheur de la société ou bonheur du peuple ?, lorsque l’on fait du bonheur la finalité politique, cela pourrait-il garantir le bonheur de chacun ?, peut-on imaginer qu’une politique générale d’une nation puisse rendre compte du bonheur de chacun ?, ne risque-t-on pas de négliger la distribution du bonheur entre chaque membre de la société en voulant augmenter le niveau du bien-être de tous ?

Le bonheur a été pensé comme le but et l’objet principaux de la politique. Pour Platon, le bonheur de chacun est, pour partie, l’effet de l’ordre politique, de l’excellence de la communauté politique[15]. Aristote partage aussi la même perspective en précisant que la meilleure vie, qui est telle et la même pour tous les hommes, est le but et la raison d’être du meilleur régime politique[16]. Il recherchait le meilleur régime politique qui peut seul permettre de mener une vie bonne. Celle-ci est une vie où chacun peut exercer ses vertus et combler les désirs qui constituent son humanité. La politique doit réaliser le bien en vue de créer une vie heureuse. Théoriquement, Platon et Aristote concluent que la vraie politique, visant le bonheur collectif, impacte positivement le bonheur de chaque individu. La tâche, pour parvenir à cette fin, ne revient pas seulement aux politiques, car le citoyen en tant que législateur potentiel doit prendre en considération le bien de tous, en établissant des lois qui rendent possible une vie heureuse pour tous.

La préoccupation sociale et politique du bonheur de tous a suscité divers points de vue dans l’histoire de la pensée. L’utilitarisme, par exemple, estime que le critère de l’utilité doit être à la base de la politique et les principes de justice. Jeremy Bentham, un philosophe anglais, déclare que le principe du plus grand nombre est la seule fin universelle désirable. D’où sa célèbre formule : « Plus grand bonheur du plus grand nombre »[17]. Poursuivant la voie de Bentham, John Stuart Mill, un philosophe, logicien et économiste britannique, a également développé cette formule. L’utilitarisme met au cœur de sa réflexion la définition publique et collective du bonheur. Le bonheur individuel n’est que l’optimisation des satisfactions au moyen du calcul qui permet au législateur de prendre une décision. Il s’agit du calcul du bonheur qui va dans le sens du « calcul des utilités » qui appréhende plutôt le bonheur à partir de l’optimisation de la satisfaction des préférences individuelles. Bentham considère le souverain bien, en l’occurrence le bonheur de tous, comme résultat de la consommation du bonheur égal de chaque personne.

Toutefois, le critère d’évaluation des politiques publiques indique que le bonheur n’est pas ce de l’individu mais de tous, c’est-à-dire le bonheur du plus grand nombre, évalué selon un point de vue impartial et impersonnel. Aussi, n’est-il pas difficile d’affirmer que le bonheur du plus grand nombre est naturellement cherché par tous les humains. Se pose alors la question de savoir comment l’individu peut passer du souci individuel pour son propre bonheur à la préoccupation du bonheur collectif. Comment les individus peuvent-ils se détourner du fond naturel qu’est le bonheur-plaisir pour prendre en compte le fond moral ou le bonheur collectif ? Comment les individus peuvent-ils accepter que les pouvoirs politiques se soucient du bien-être d’autrui et leur demande une contribution pour celui-là ?

C’est vrai qu’il y a une différence de visée morale entre la recherche du bonheur personnel et celle du bonheur impartial et collectif. Le bonheur individuel pourrait dériver du principe d’individuation, c’est-à-dire de l’affirmation égoïste du vouloir-vivre. Certes, tout le monde veut vivre mais affirmer la vie avec un souci exclusif de l’intérêt propre nous conduit droit au vice. L’action humaine ne dépend pas exclusivement de principe de l’égoïsme éthique qui fait de la recherche du bonheur une dimension décisive de la moralité. Ce qui revient à dire que tenir l’égoïsme pour universel est une erreur, car le comportement réel ne tend pas seulement, ni nécessairement à maximiser l’intérêt personnel. Le conflit entre l’intérêt personnel et les valeurs éthiques prouve cette erreur fondamentale. Tout comme le penchant vers le mal, nous sommes naturellement attirés vers le bien, car de par notre nature, nous sommes dotés du corps qui nous pousse vers le vice, et de l’âme qui nous conduit à la vertu. L’homme peut librement choisir entre les deux tendances.

La tendance à la poursuite préférentielle de son bonheur personnel ou de son propre intérêt fait de la politique une pratique sombre, source de désespoir et de pessimisme. La convenance de l’intérêt individuel et de l’intérêt collectif n’est possible qu’en faisant preuve de « gouvernement moral du monde »[18]. La forme contemporaine de ce gouvernement moral s’incarne dans l’Etat-providence. Il s’agit de l’Etat social qui se souci du bonheur de la masse et reconnaît le droit de toute personne à un niveau de vie suffisant pour elle-même et sa famille, y compris la nourriture, le vêtement et le logement suffisants, ainsi qu’à l’amélioration constante de ses conditions d’existence.

Une politique n’est légitime et efficace que si et seulement si chacun décide de se détacher de sa position particulière que John Rawls appelle « position originelle », là où nous serons capables d’agir séparément du bonheur-plaisir et de nos positions dans l’espace social pour nous intéresser à autrui. Lorsque nous adoptons un point de vue impersonnel, l’intuition fondamentale à laquelle nous parvenons est que toute vie compte et que nul n’est plus important qu’un autre[19]. Ce qui advient aux autres est aussi important que ce qui nous advient. C’est le bien-être de chacun qui justifie un intérêt équitable de la société pour chaque individu.

Tentons à partir de ces éléments une légère synthèse. Pour cultiver l’optimisme en politique, chaque individu et surtout ceux qui dirigent un Etat doivent faire preuve de la préoccupation du bonheur collectif et abandonner le bonheur personnel. Le pessimisme et la déception en matière politique découlent du souci du bonheur-plaisir avant le bonheur du plus grand nombre. Quand un peuple est profondément déçu, il dira que l’avenir de son pays est très sombre. Le bonheur n’est pas seulement un sentiment subjectif parce qu’il dépend des conditions objectives que l’on peut constater dans la relation sociale. Là-dessus, Schopenhauer, dans son concept de vouloir-vivre, nous rappelle qu’en dehors des principes moraux, le bonheur ne pourra avoir lieu, car l’affirmation de mon vouloir-vivre viole celle d’autrui tout comme la sienne peut également priver la mienne. En d’autres termes, sans les balises du bonheur collectif, l’expression de mon bonheur personnel pourrait voiler celle de mon semblable et vis-versa. Cela implique que mon bonheur dépend des processus internes (paix interne) et surtout des conditions externes (paix sociale). D’où la nécessité de l’Etat social qui cherche à convertir l’intérêt personnel en attitude inspirées par les considérations de justice impartiale. Pour poursuivre notre analyse, l’optimisme national qui est le fruit de cet Etat social mérite d’être discuté.

De l’optimisme national

L’optimisme national n’est autre qu’une perspective positive de l’ensemble du peuple vis-à-vis de la politique générale du gouvernement et de son impact chez l’individu dans son quotidien, ses conditions sociales, son niveau de vie, son environnement, bref dans tout ce qui constitue sa dignité, son mérite et son droit. Il ne signifie pas fierté nationale, parce qu’on peut être fier de sa nationalité tout en étant profondément déçu à l’égard de l’essor politique de son pays. Tout le monde peut être fier de ce qu’il est à l’intérieur, mais on peut ne pas l’être quant à l’ensemble de ses conditions existantes. Personne n’est fier d’être misérable et malheureux, de vivre dans la précarité. Un peuple plonge dans le pessimisme tant que sa situation ne révèle pas un avenir prometteur. Dans les pays pauvres ou en temps de guerre, il est plus facile de cultiver le pessimisme que l’optimisme national. L’échec politique qui traduit le désastre dans tous les domaines conduit les citoyens vers le pessimisme national. Ce dernier apparaît lorsque le peuple, dans son ensemble, trouve le désespoir. Mais d’où vient ce désespoir collectif ? N’est-ce pas de la persistance de l’injustice sociale ? Et d’où vient donc cette injustice sociale ?

3.1. Politique et injustice

Dans sa vidéo intitulée « rechercher la cause des causes »[20], Etienne Chouard, un professeur au Lycée à Marseille, tente de trouver la cause des causes de l’injustice sociale. L’injustice sociale, dit-il, vient de l’impuissance populaire qui est programmée depuis la constitution. Les gens bien n’ont pas le pourvoir de résister. Ils passent leurs temps à se plaindre, mais ils ne changent rien parce que leur impuissance politique leur interdit d’agir. Cette impuissance politique vient du texte fondamental qui fait que nos élus sont irrévocables. Ceux qui écrivent la constitution ont l’intérêt à ne pas écrire la bonne constitution.

Dans le système démocratique, le peuple a besoin de mettre au-dessus de lui des représentants pour produire et appliquer un droit écrit qui le protège contre les arbitraires des plus forts. Ces représentants sont utiles et produisent les droits dont nous avons besoin pour pacifier notre société, mais ils sont en même temps dangereux lorsqu’ils se mettent à abuser du pouvoir, à servir l’intérêt général à des fins personnelles. Montesquieu nous le rappelle : « Tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser »[21]. L’abus des dirigeants prouve cette impuissance populaire, source de désespoir collectif et de pessimisme national. En principe, la constitution sert à affaiblir et à enquêter les pouvoirs pour nous protéger contre l’abus du pouvoir. Mais étant donné que ce sont les maîtres politiques eux-mêmes qui écrivent la constitution, ils programment leur puissance et notre impuissance.

Par ailleurs, il faut reconnaître que le pouvoir rend fous ceux qui le cherchent. Les hommes bons, justes et probes ne veulent pas du tout gouverner. Ce sont donc ceux qui ont soif de pouvoir qui gouvernent, ceux qui cherchent à affaiblir la puissance du peuple. C’est exactement ce que dit Alain[22]dans son ouvrage Propos sur les pouvoirs :

Car enfin le trait le plus visible d’un homme juste est de ne point vouloir du tout gouverner les autres, et de se gouverner seulement lui-même. Cela décide tout. Autant dire que les pires gouverneront[23].

Cette proposition fondée sur le concret cache derrière elle l’absence du bon sens chez les détenteurs du pouvoir (les pires). Le pouvoir a tendance à pousser notre égoïsme au-delà de ses limites. Et cela conduit effectivement à l’échec politique qui s’explique par affirmation excessive du vouloir-vivre des dirigeants au-delà de leur domaine jusqu’à la négation du droit et de la liberté portant atteinte à la dignité humaine. On parle à ce sujet d’un peuple frustré, privé de ce qui lui revient.

Certes, le respect du droit de chacun favorise le bonheur ; et à son tour, le bonheur est un élément clef de l’optimisme. Cela figure dans le projet de la communauté politique. Il représente un indicateur d’une vision nationale positive. Dans l’hymne nationale malgache, par exemple, il est dit : « Hiadana sy ho finaritra He ! Sambatra tokoa izahay », littéralement, « Dans la sérénité et dans la joie, et nous serons bienheureux ». Cette phrase a été composée en 1958, l’époque où les Malgaches dans l’ensemble avaient tant espéré le bonheur après être libérés du joug des colonisateurs français. Ils cultivaient l’optimisme national suite à l’optimisme politique partagé par l’ensemble du peuple. Il s’agit notamment de la déclaration de l’indépendance comme victoire nationale. Ce qui revient à dire que l’optimisme politique est une condition sine qua non de la possibilité de l’optimisme national. Le peuple a du mal à envisager un avenir avec optimisme si ceux qui sont censés le protéger, à qui il a conféré son pouvoir, abusent de son incapacité d’agir et aliènent son droit. Sans protecteur ou avec un protecteur corrompu, il vit loin du bonheur.

3.2. Bonheur National Brut

Certains pays comme le Bhoutan[24] ont choisi de mesurer l’état du pays à travers le bonheur[25]. Depuis 1972, la croissance du Bonheur National Brut (BNB) constitue aux yeux du roi Jigme Singye Wangchuck qui dirige le royaume du Bhoutan, un indicateur plus important pour le pays que celui du Produit Intérieur Brut (PIB). Les enquêtes internationales comme celle de World Database of Hapiness ou évaluation du bonheur national brut[26] révèlent que les niveaux du bonheur diffèrent d’un pays à l’autre : les Français sont plus heureux que les Malgaches, et les Malgaches, plus que les Syriens qui sont en guerre. Les indicateurs du Bonheur National Brut (BNB) reposent sur neuf critères permettant d’évaluer le niveau de vie : la croissance et le développement économique, la conservation et la promotion de la culture, la sauvegarde de l’environnement et l’utilisation durable des ressources, la bonne gouvernance, la stabilité macro-économique, l’éducation et l’emploi[27]. Le BNB résulte des deux indicateurs tels que le PIB et l’Indice de Développement Humain[28] (IDH). Il permet de mesurer les résultats du bonheur au niveau national et international. Cela est possible grâce à l’appréhension du bonheur à partir des critères économiques.

Ainsi, le 14 mars 2018, l’ONU a présenté au Vatican le rapport annuel comportant le classement des 156 pays du monde où il fait bon de vivre, à l’occasion du 20 mars, journée mondiale du bonheur[29]. Le rapport compare six facteurs dont le PIB par habitant, l’espérance de vie, les soutiens sociaux, la liberté de faire ses propres choix dans la vie, la générosité et l’absence de corruption. Le résultat a montré que Finlande occupe la première place, après quoi se suivent la Norvège, le Danemark, l’Island et Suisse. L’Allemagne se trouve à la quinzième position et la France, la vingt-troisième. Quid de la Grande île ?

L’indice du bonheur sorti le 20 mars 2016 indique que les Malgaches se trouvent parmi les dix peuples les plus malheureux du monde. Le rapport « World Hapiness Report »[30] met Madagascar au 148ème rang sur 157. Dans ce classement international, la Grande-île se trouve loin derrière les Comores (138ème) et la Zimbabwe (131ème). Seuls les pays torturés par la guerre et rongés par le terrorisme tels que Tanzanie, Liberia, Guinée, Rwanda, Benin, Afghanistan, Togo, Syrie et Burundi se trouvent derrière Madagascar. De plus, il est le 4ème pays le plus sale et le 5ème le plus pauvre[31]. L’insalubrité est un signe de pauvreté et nous met facilement dans un état loin de plénitude prospère et heureuse. Les points négatifs sur le développement montrent que le pays se trouve dans l’impasse malgré les déclarations de fierté tant véhiculées par les dirigeants qui se disent satisfaits de leurs actions. Une telle situation favorise le pessimisme collectif pour ainsi dire le pessimisme national.

3.3. Bonheur et développement

Les variations du bonheur à travers les pays s’expliquent en effet par des différences importantes de l’impact positif de la politique générale du gouvernement dans le quotidien. A ce propos, Ruut Veenhoven, Sociologue néerlandais spécialisé dans les études sur le bonheur, affirme :

Les pays heureux sont ceux qui sont riches, avec une économie compétitive, […], démocratiques, bien gouvernés […], ce sont ceux où règnent l’égalité des sexes et la tolérance, où les gens sont libres de rechercher le mode de vie qui leur convient le mieux[32].

Les individus sont nettement plus heureux et optimistes dans les pays riches, libres, égalitaristes et tolérants. L’optimisme national englobe la prospérité matérielle, la sécurité, la liberté, l’égalité des chances offertes à tous, le climat culturel et social et la possibilité de jouir des valeurs de la modernité.

Par rapport à ces indicateurs, on se demande si le bonheur national dépend uniquement des facteurs matériels que dispose un pays, notamment la puissance économique. Car, Finlande qui se place en haut du panier des pays les plus heureux, bien loin devant la France, ne figure même pas parmi les grandes puissances. La culture pourrait clarifier ce mystère. En effet, certaines cultures auraient tendance à entretenir une perspective sombre de la vie alors que d’autres seraient plus claires. Le climat culturel, induit par certaines valeurs sociales, joue un rôle important dans la possibilité d’être heureux. Il est évident que les individus sont plus heureux dans les pays où l’individualisme est accepté et l’autoritarisme, rejeté.

Quoi qu’il en soit, plus un pays est moderne c’est-à-dire capable de garantir les droits fondamentaux, plus les citoyens ont la possibilité d’être heureux. Les sociétés les plus heureuses sont les plus homogènes. Elles accordent une valeur supérieure aux droits de l’homme et à la liberté économique et politique ; et les dirigeants font preuve de la bonne gouvernance. Lorsque la démocratie règne et que le respect des droits civiques devient plus important, lorsque les institutions sont stables et légitimes, le bien-être subjectif augmente considérablement. La participation à la vie politique rend les citoyens plus heureux. La Suisse où la démocratie est directe en est un bon exemple.

Il est évident que le bonheur est très faible sous le niveau de subsistance. Rousseau l’a bien dit :

La peine du misérable lui vient des choses, de la rigueur du sort qui s’appesantit sur lui. Il n’y a point d’habitude qui lui puisse ôter le sentiment physique de la fatigue, de l’épuisement, de la faim[33].

Un individu éprouve un sentiment de tristesse et de souffrance morale lorsque ses conditions de vie sont intolérables. Cela le pousse facilement à cultiver le pessimisme. Une réalité et un avenir sombres impliquent inévitablement une vision tout aussi sombre. La culture de l’optimisme est nettement plus élevée chez les peuples qui vivent dans les pays où l’économie est plus prospère et que les droits de la personne sont garantis : plus le pays est riche et que la puissance publique respecte le droit, plus l’individu est optimiste vis-à-vis de son propre sort. L’optimisme national est conditionné par le bonheur de la majorité, et celui-ci, par une atmosphère agréable. Les améliorations des conditions sociales impliquent l’augmentation du mobile du bonheur et de l’acquisition de la culture de l’optimisme. Il est plus facile pour quelqu’un qui manque de matériel de baisser les bras que pour un autre qui a tout ce qu’il faut pour réaliser son projet.

Toutefois, on constate que la corrélation entre le bonheur et le revenu personnel est plus forte dans les pays pauvres, et faible dans les pays riches. Cela peut s’expliquer par le fait que chez les peuples des pays avancés, le niveau de richesse n’a pas d’importance cruciale dans la satisfaction à l’égard de leur propre vie. La raison en est simple : l’homme a tendance à chercher ce qui lui manque. Quand on est riche, on pense trouver le bonheur en dehors de la richesse.

De ce qui précède, notre réflexion offre un démenti à la thèse selon laquelle le bonheur serait un trait ou une caractéristique personnelle stable, que l’homme est heureux ou malheureux de façon chronique, quelles que soient les circonstances. Cette thèse parle du bonheur interne, issue de la paix interne. Il s’agit de l’ataraxie, un terme qui apparaît d’abord chez Démocrite pour désigner la tranquillité de l’âme, et qui devient ensuite le principe du bonheur dans le stoïcisme, l’épicurisme et le scepticisme. Elle découle de l’absence de tout trouble ou douleur. Or, la paix interne n’est possible que s’il y a paix externe ou paix sociale. C’est-à-dire que dans les atteintes aux personnes, l’instabilité politique, l’insécurité sociale et la guerre, il est impossible de trouver la tranquillité de l’âme. La paix externe détermine la paix interne. Ce qui implique que seule l’amélioration des conditions sociales, économiques et juridiques et des mesures sécuritaires nous met dans une situation paisible et nous permet de réaliser le bonheur du plus grand nombre.

Dans l’ensemble, l’optimisme national, pour qu’il ne s’écarte pas de réalisme, n’est pas un simple rêve du peuple misérable, un rêve qui donne une image d’un paradis social, mais la probabilité d’acquérir le bonheur à partir des efforts déployés par les citoyens et surtout les dirigeants pour améliorer les donnes politique, économique et sociale. La vision n’est positive ou négative que par rapport aux conditions à l’instant présent et à une certaine logique de l’avenir que trace notre raison. C’est pourquoi, Napoléon Bonaparte affirme : « On ne conduit un peuple qu’en lui montrant un avenir ; un chef est un marchand d’espérance »[34]. Un peuple optimiste est un peuple qui trouve plus de satisfaction vis-à-vis de la réussite de son pays dans plusieurs domaines, car cette réussite suppose la sienne. A l’inverse, il ressent de l’humiliation, même s’il ne le manifeste pas ou qu’il dit le contraire avec une fierté apparente.

Il n’y a rien d’ahurissant si beaucoup d’individus dans les pays pauvres, torturés par la guerre et la misère, veulent devenir citoyens des pays avancés, là où règne la paix, où l’on retrouve sa dignité, car personne ne veut vivre dans l’horreur et que tout le monde cherche à fuir un lieu qui occasionne la souffrance et tendre à ce de beauté, d’harmonie et de douceur de vivre. C’est ce qui explique pourquoi il est impossible d’arrêter la migration clandestine vers les pays développés. Les migrants sont des peuples misérables et désespérés, victimes du génocide, de la torture et de la guerre depuis leurs pays d’origine. Ils espèrent trouver la paix dans les pays prospères. Dans un pays ayant un indice de perception négatif sur le développement, l’optimisme national et même la fierté nationale sont remis en cause. L’optimisme national dépend faiblement de l’aspect culturel et fortement de la réussite nationale qui s’explique par la santé gouvernementale, sociale et économique. Un pays malade donne naissance à un peuple frustré et désespéré.

Pour conclure, la philosophie de l’espoir demande la volonté individuelle et collective pour un projet altruiste. C’est dans cette culture de l’altruisme que nous parvenons à l’existence heureuse là où il est possible de véhiculer l’optimisme en politique et l’optimisme national. Un peuple fatigué, épuisé et affamé, un peuple qui n’a pas de cap pour le développement, a du mal à cultiver l’optimisme national. Les politiques doivent ainsi rassurer le peuple, lui donner de l’espoir avec des actions concrètes qui touchent favorablement l’économie en tant que facteur principal de développement et qui manifestent le respect des droits humains. Le bonheur n’existe que lorsque toutes les conditions nécessaires pour nous rendre heureux sont réunies.

Bibliographie :

  • ALAIN, Propos sur les pouvoirs, éd. Gallimard, 1985, version numérique.
  • GUIBET LAFAYE Caroline, Penser le bonheur aujourd’hui, éd. Presse Universitaire de Louvain, 2009.
  • MONTESQUIEU, De l’esprit des lois, deuxième partie (livre IX à XIII), édition électronique par Jean-Marie
  • NAGELThomas, Egalité et partialité, Paris, PUF, 1991.
  • ROUSSEAUJean jacques, Emile, in Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 1969, tome IV.
  • SCHOPENHAUER Arthur, Le Monde comme Volonté et comme Représentation, traduit en Français par Auguste Burdeau, Paris Librairie Felix Alcan, 108 Boulevard Saint Germain 108, 1912, numérisé par Guy Heff, 2013.
  • SCHOPENHAUER Arthur, Le Fondement de la morale, Auguste Burdeau, 1879, numérisé par Guy Heff, 1879.
  • SARTRES Jean Paul, L’être et le néant, Librairie Gallimard, 9ème édition, Paris, 1943, version électronique.
  • VOLTAIRE, Œuvres complètes de Voltaire, Tome VI, Philosophie-Dialogue, à Paris, chez Furne, Libraire-éditeur, quai des Augustin, N°59.

Webographie :

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[1]RASAMOEL Paul Fried de Valois est un enseignant vacataire à l’Université de Mahajanga. Il enseigne la philosophie à l’Institut des Langues et Civilisations(ILC). Il a fait ses études philosophiques à l’Université Catholique de Madagascar (UCM). Après avoir eu son diplôme de Master, il s’est inscrit dans une école doctorale à l’Université de Tamatave où il est actuellement doctorant.

[2]Cf., SCHOPENHAUER A., Le Monde comme Volonté et comme Représentation, traduit en Français par Auguste Burdeau, Paris Librairie Felix Alcan, 108 Boulevard Saint Germain 108, 1912, numérisé par Guy Heff, 2013, p.640.

[3]Ibid., p. 2255.

[4]SARTRES J. P., L’être et le néant, Librairie Gallimard, 9ème édition, Paris, 1943, version électronique, p. 559.

[5]Cf., BERGSON H., in « Sources d’inspiration et raisons d’agir », in Management&RSE, http://management-rse.com/a-propos/sources-inspiration-et-raisons-agir/

[6]David Henry THOREAU, est un essayiste, enseignant, philosophe, naturaliste amateur et poète américain, né le 12 juillet 1817 à Concord (Massachusetts), où il est mort le 6 mai1862.

[7]THOREAUD. T. « L’espérance, folle idée, ou consolation? », in cafés-philo de Chevilly-Larue et de L’Haÿ-les-Roses, publié le16 mai 2011, www.cafes-philo.org/2011/05/theme-lesperance-folle-idee-ou-consolation/, consulté le 08 Août 2018 à 09h30.

[8]ALBERT JACQUARD, « Passer de “à quoi bon” à “pourquoi pas” », in LinkedIn, 2018, www.linkedin.com/pulse/passer-de-%C3%A0-quoi-bon-pourquoi-pas-armel-alexandre-plaud, consulté le 11 Septembre 2018.

[9]Cf., SCHOPENHAUER A., Le Monde comme Volonté et comme Représentation, traduit en Français par Auguste Burdeau, Paris Librairie Felix Alcan, 108 Boulevard Saint Germain 108, 1912, numérisé par Guy Heff, 2013, pp. 594, 838 et 870.

[10]Ibidem.

[11]Ibid., p. 1900.

[12]CIORANE., in Cyrille Godefroy, « Cioran, le funambule de l’abîme », in Agora vox, publié vendredi 13 novembre 2015, www.agoravox.fr/tribune-libre/article/cioran-le-funambule-de-l-abime-173986,consulté le 11 Août 2018 à 10h40.

[13]Cf., SCHOPENHAUER A., Le Fondement de la morale, trad. Auguste Burdeau, 1879, numérisé par Guy Heff, 1879, p. 127.

[14]VOLTAIRE,Œuvres complètes de Voltaire, Tome VI, Philosophie-Dialogue, à Paris, chez Furne, Libraire-éditeur, quai des Augustin, N°59, p. 90.

[15]Cf., PLATON, in GUIBET LAFAYE C., Penser le Bonheur aujourd’hui, édition universitaire en ligne, Presses Universitaires de Louvain, 2009, p. 67.

[16]Cf., ARISTOTE, ibidem.

[17]BENTHAME J., ibid., p. 68.

[18]Cf., GUIBET LAFAYE C., Penser le Bonheur aujourd’hui, édition universitaire en ligne, Presses Universitaires de Louvain, version électronique, 2009, p. 70.

[19]Cf., NAGEL T., Egalité et partialité, Paris, PUF, 1991, p.10.

[20] Une vidéo de 17 mn 56 présente sur Youtube.

[21] MONTESQUIEU, De l’esprit des lois, deuxième partie (livre IX à XIII), édition électronique par Jean-Marie Tremblay, p. 46.

[22]Alain, de son vrai nom Émile-Auguste Chartier est un philosophe, journaliste, essayiste et professeur de philosophie. Il est rationaliste, individualiste et critique.

[23] ALAIN, Propos sur les pouvoirs, éd. Gallimard, 1985, version numérique, p. 44.

[25]Cf., SIEGLE M. L., « Bhoutan : au pays du bonheur National Brut », in Arte, publié le 26 juin 2014, www.info.arte.tv/fr/bhoutan-au-pays-du-bonheur-national-brut, consulté le 14 Août 2018 à 8h30.

[26] Cf., LESAFFREC., « Le Bonheur national brut : ce qu’il faut savoir sur une idée pas si “bisounours” », in Europe 1, publié à 12h33, le 11 avril 2018, modifié à 13h47, le 20 avril 2018, www.europe1.fr/economie/cest-quoi-le-bonheur-national-brut-3624008, consulté le 14 Août 2018 à 9h00.

[27]Ibidem.

[28]L’indice de développement humain (IDH) est un indice statistique composite, créé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en 1990 pour évaluer le niveau de développement humain des pays du monde.

[29]Cf., PUJOLM., « Quels sont les pays les plus heureux du monde ? », in Avantage, www.magazine-avantages.fr/,quels-sont-les-pays-les-plus-heureux-du-monde,185096.asp, consulté le 20 Août 2018 à 10h.

[30]Ibidem.

[31] Cf., VAL D., « Indice du bonheur – Madagascar dans les 10 pays les plus malheureux du monde », in Overblog, publié le 4 octobre 2018 par Alain GYRE, http://agir.avec.madagascar.over-blog.com/2018/10/indice-du-bonheur-madagascar-dans-les-10-pays-les-plus-malheureux-du-monde.html,consulté le 16 Août 2018 à 17h.

[32]VEEHOVENR., in Caroline GUIBET LAFAYE, Penser le bonheur aujourd’hui, éd. Presse Universitaire de Louvain, 2009, p. 74.

[33]ROUSSEAU J. J., Emile, in Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 1969, tome IV, p.510.

[34]NAPOLEON B., in LAMIRAULT Fabrice, « 3 conseils de management selon Napoléon », in Les Echos, Publié le 24 août 2017 à 11h02, https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/3-conseils-de-management-selon-napoleon-1011315, consulté le 11 Août 2018 à 10h.

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