La Philosophie de Hegel

Hegel Le pHilosophe

Hegel, penseur de la dialectique et du Système

Hegel est un philosophe allemand qui a construit un immense système ordonnant toutes les connaissances de l’époque. Il est probablement le philosophe le plus complexe à lire, nous vous présentons donc une introduction sur sa philosophie qui s’efforce de rendre simple une pensée aussi ardue.

Hegel dégage, dans l’histoire et la culture humaines, la genèse progressive de l’Absolu, ce qui possède, en soi-même, sa raison d’être. L’Idée universelle, forme supérieure de l’Esprit, représente, à la fin du processus, le terme absolu, en soi et par soi, parvenu à la transparence.

La philosophie, système de l’Absolu selon Hegel :

Aux yeux de Hegel, la philosophie doit englober tout ce qui est, comprendre le réel dans sa totalité, penser l’histoire et les choses : « Saisir et comprendre ce qui est, telle est la tâche de la philosophie ».

La Philosophie représente un Système (contrairement aux penseurs non-systématiques, tels que Nietzsche ou Kierkegaard dont les philosophies font primer la subjectivité), c’est-à-dire un ensemble organisé et clos dont tous les éléments sont indépendants, une connaissance formant une unité et englobant tous les éléments de la pensée et de la vie.

–          Cette entreprise totalisante et synthétique a pour contenu fondamental l’Idée, comprise non pas en tant que représentation subjective, mais comme principe spirituel dynamique, création éternelle, vie éternelle, roulant, dans ses flots étincelants, toutes les choses finies déterminées.

–          L’Idée substance même de ce qui est, se forme, s’approfondit et se développe à différents niveaux.

Elle existe d’abord comme Pensée identique à elle-même (premier moment). Puis, elle sort d’elle-même et s’extériorise (second moment). Enfin, durant le troisième moment, l’Idée revient en elle-même et se déploie comme Esprit, c’est-à-dire comme Pensée se clarifiant progressivement et parvenant finalement à l’Absolu.

–          La Logique, science de l’Idée et des catégories logiques, la Philosophie de la Nature, science de l’Idée se développant dans la Nature externe, et la Philosophie de l’Esprit, discipline étudiant le retour de l’Idée vers elle-même, à partir de son existence extérieure, correspondent à ces trois moments spirituels.

Hegel et la logique dialectique :

Envisageons, tout d’abord, la logique et les lois de la dialectique. L’Idée se déploie, en effet dialectiquement, selon certaines déterminations et lois qu’analyse Hegel, dans la Logique.

Le principe fondamental de Hegel est l’idée d’un déploiement et d’une progression dialectiques. Que désigne, chez ce penseur, la dialectique ?

–          Essentiellement la marche de la pensée procédant par contradictions surmontées, en allant de la thèse à l’antithèse et à la synthèse.

–          C’est par dépassements successifs des contradictions (ce terme de dépassement désigne très précisément, chez Hegel, l’acte de supprimer et de nier en conservant, sana anéantir), que s’opère, en effet, le mouvement de tout le devenir.

–          A chaque étape, une détermination est niée et, en même temps, conservée.

–          Ainsi, le bouton disparait-il dans l’éclatement de la floraison : la fleur nie le bouton et, en même temps, le conserve.

–          De même en est-il à l’apparition du fruit, négation et conservation de la fleur.

Telle est cette marche où chaque terme nié est, en même temps, intégré.

–          S’effectue ainsi, une synthèse réunissant et unifiant des moments antithétiques.

–          En ce développement, un rôle majeur est joué par la contradiction, c’est-à-dire le jeu de termes dont l’un est la négation de l’autre : ainsi « mort » et « vivant » sont-ils, non pas isolés, mais en échange permanent l’un avec l’autre.

–          De même, « être » et « néant », « chaud » et « froid », ces termes contradictoires s’appellent-ils réciproquement.

Dans cette perspective, le négatif joue, bien entendu, un rôle essentiel.

–          Le négatif, c’est-à-dire le moment du processus de développement où les déterminations positives sont supprimées, incarne un véritable « travail » créateur.

–          Il détruit, maintient et conserve, d’un seul et même mouvement.

Moment négatif et moment positif sont les deux faces de la dialectique hégélienne.

Pour aller plus loin, voir cet article sur le  maître et l’esclave chez Hegel.

Hegel, l’activité humaine et l’histoire :

Le négatif par excellence, c’est l’homme qui nous le fait saisir. L’homme représente, en effet, fondamentalement, un désir négateur : il tend vers un but ou un objet et il s’efforce de les assimiler, de les nier, de les faire siens (par exemple, la nourriture est absorbée par le sujet).

Mais le véritable objet du désir, c’est Autrui : la conscience ne s’engendre et ne se forme qu’en se dirigeant vers l’Autre, qu’elle tend à dominer pour se faire reconnaitre comme « conscience de maitre ».

Seul, montre Hegel, le désir du désir est générateur du moi. En une lutte à mort de pur prestige, la conscience humaine affronte une autre conscience et s’efforce de se faire « reconnaitre » dans sa supériorité.

Au-delà de la formation du moi individuel, c’est dans le Travail et dans l’Histoire que la négation s’exprime avec sa pleine puissance édificatrice.

–          Travailler, c’est, en effet, nier la nature pour la vaincre, c’est construire des outils pour soumettre le monde extérieur à la forme humaine.

–          Ainsi, l’homme humanise-t-il les choses et dompte-t-il la nature.

–          Il exerce une activité pratique, expression qui désigne une transformation des choses extérieures, marquées, dès lors, du sceau de l’intériorité humaine et de la négativité.

L’Histoire, elle aussi (comprise comme développement de l’Idée et processus spirituel total), manifeste pleinement la négativité humaine qui s’inscrit en elle : c’est un devenir où l’homme nie le monde et extériorise ainsi sa liberté.

–          Néanmoins, il ne faut pas se méprendre sur le caractère de l’évolution historique.

–          Certes, un individu historique marque dans les choses son propre projet, mais il n’est que le chargé d’affaires de l’Esprit du monde.

–          En effet, l’Histoire, ce mouvement spirituel total par lequel s’engendre l’Idée absolue, est une manifestation de la raison, conçue comme Principe divin immanent au monde.

–          La Raison gouverne les choses et, pour mener à bonne fin ses desseins, elle utilise les volontés, ou passions des individus.

Les hommes font-ils réellement ce qu’ils veulent ?

–          En fait, la Raison « ruse » : on peu appeler « Ruse de la raison » le fait qu’elle n’agit pas par elle-même, mais laisse agir à sa place les passions humaines.

–          Ainsi les hommes s’usent-ils et s’épuisent-ils pour actualiser un projet qui les dépasse infiniment, celui de la « Raison » divine.

Aux yeux de Hegel, le processus historique tend, à travers ces « ruses » diverses, à une intelligibilité et à une transparence de plus en plus parfaites.

–          En particulier, l’Etat est une réalisation de la raison absolue. Loin de désigner une organisation relative et contingente, il représente la substance sociale arrivée à la pleine conscience d’elle-même.

–          En lui, l’homme s’affirme et se retrouve : loin d’être livré à l’arbitraire, il expérimente, dans l’organisation étatique, une authentique autonomie.

L’Histoire ne possède donc pas, chez Hegel, un sens étroit, mais elle désigne un processus global et universel. L’Histoire universelle n’est rien d’autre que la manifestation du processus divin absolu de l’Esprit, la marche graduelle par laquelle il prend conscience de soi.

Hegel, l’Art, la religion et la philosophie :

Les étapes finales du processus spirituel total correspondent à celles de l’Art, de la Religion et de la Philosophie : le mouvement de l’Esprit acquiert alors une transparence de plus en plus grande.

–          L’Art, en effet, manifeste l’Absolu sous une forme sensible.

–          Il désigne l’Esprit se prenant pour objet, s’exprimant à travers une forme ou une représentation concrètes.

–          Quant au Beau, il se définit, dans cette perspective, comme la manifestation sensible de l’Idée. L’Idée, conçue comme une forme supérieure de l’Esprit, s’actualise pleinement dans l’œuvre d’art et le Beau.

–          Toutefois, elle revêt encore, dans l’œuvre d’art, une forme sensible et n’atteint pas encore le concept pur, comme elle le fera dans la philosophie.

L’Art est, pour nous, désormais, du passé : il a perdu, pense Hegel, dans notre civilisation, sa vérité et sa vie ;

–          Ce déclin rend possible la venue de l’Esthétique, réflexion philosophique sur l’Art et philosophie des Beaux-arts.

Dans la Religion (formation où l’individu s’élève à la pensée de Dieu et entre en union avec lui), et la Philosophie (Intelligence et pensée du présent et du réel, conception et système de ce qui est, saisie conceptuelle du monde dans son unité), l’Esprit se dépouille progressivement de sa gangue sensible.

Ainsi l’Esprit Absolu, délivré de ses particularités, atteint-il une parfaite égalité avec lui-même.

–          Il désigne l’Idée parvenue à la transparence, à son être pour-soi et au savoir de soi, à travers la médiation finale de l’Art, de la Religion et de le Philosophie.

Notre époque est particulièrement sévère à l’égard de Hegel. Aux yeux de Hegel, tout ce qui s’est produit marque, en effet, une étape vers la réalisation de l’Esprit. Tout phénomène historique peut trouver, dans ce contexte, sa pleine légitimation, puisqu’il est appelé par l’exigence même de la Raison.

Si ce rationalisme intégral n’est pas toujours jugé satisfaisant par notre culture, les enseignements de la dialectique hégélienne ne sont nullement caducs. Négativité, travail de la contradiction, autant de riches éléments hégéliens qu’il faut prendre en compte et qui demeurent des instruments d’analyse.

Le droit obéit également à cette philosophie dialectique.

Hegel, philosophe du devenir :

Hegel a su définir une raison dialectique, à savoir une faculté dynamique et un processus indiquant le passage d’une détermination de l’être à la détermination opposée.

 

Oeuvres de Hegel:

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13 Comments

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  5. says: doumbia

    Je pense que hegel fuit un veritable philosophe de son epoque aussi un rationalisme (l’un de ceux qui vont l’apologie de DIEU)

  6. says: Quentin

    Je vous remercie grandement de ne pas plus appuyer sur la dialectique du maître et de l’esclave qui n’est que très secondaire chez Hegel. C’est un anthropologue qui l’a volontairement orientée afin d’étayer ses théories. Dommage que ce soit ce qu’on retient aujourd’hui le plus de ce disciple de Rousseau (qu’il décrivait comme son “dieu”)

  7. says: SCHEYDECKER Claude

    Finalement je me rends compte aujourd’hui que je fus et je suis un hégélien sans le savoir

  8. says: Rémy

    Merci pour cette synthétique présentation !
    Connaissez vous des livres qui donnent de Hegel une vision aussi claire ? Les quelques uns que j’ai lus noyaient les informations pertinentes sous des tas de répétitions dont je n’ai pas compris l’utilité….

  9. says: Urli

    La pensée de Hegel peut m’éclairer pour ce que j’en découvre ici, mais
    Hegel nierait il la raison individuelle
    qui est quand même la faculté de penser d’un individu, pour la ramener à une conscience collective supérieur simplement pour mettre un H à l’ histoire ?

  10. says: Boris Basse

    La pensée hégélienne est fondamentalement chrétienne, l’idée de la dialectique est une rationalisation de l’idée de Pâques ou si on veut du mystère de l’incarnation. On comprend toute suite pourquoi il n’avait pas bonne presse auprès de Schopenhauer qui, lui, haïssait le christianisme.

  11. says: Boucon Jean-Louis

    Je pense qu’il y a une coquille dans un des tous premiers alinéas:
    “La Philosophie représente un Système (contrairement aux penseurs non-systématiques, tels que Nietzsche ou Kierkegaard dont les philosophies font primer la subjectivité), c’est-à-dire un ensemble organisé et clos dont tous les éléments sont **indépendants**, une connaissance formant une unité et englobant tous les éléments de la pensée et de la vie.”

    Il faut certainement remplacer **indépendants** ci-dessus par “interdépendants” .
    En l’état la phrase est incohérente.

  12. says: TOUMBA Arnaud Aymar

    Hegel un Heraclitén à tous pris.
    Merci beaucoup pour votre merveilleuse présentation

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