La philosophie de Marx

Marx le philosophe

Marx, Philosophe du Capitalisme

Marx est le plus populaire des philosophes. Son oeuvre couvre la sociologie, la philosophie ainsi que l’économie.

Selon Marx, la philosophie théorique doit se faire essentiellement pratique. Inséparable d’une transformation radicale de la société, la philosophie contribue ainsi, convertie en praxis, en énergie pratique humaine et sociale : la philosophie doit rendre possible le saut dans le règne de la liberté. Marx reproche aux philosophes le précédant de n’avoir une approche que théorique de la philosophie.

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Marx et la dialectique :

Comment appréhender le réel ? Par une approche dialectique, nous répond Marx, qui hérite, ici, de la philosophie et des thèses hégéliennes (développée dans la Phénoménologie de l’Esprit)

La dialectique, conçue comme unité de termes contradictoires, désigne la méthode fournissant la clef du réel.

–          C’est en procédant par thèse, antithèse et synthèse unifiant les opposés que la réflexion est en mesure d’appréhender le vrai.

–          Encore faut-il remettre la dialectique « sur ses pieds » : ce n’est pas l’idée (comme chez Hegel) qui commande le processus dialectique. Les phénomènes économiques et matériels y jouent, au contraire, un rôle prépondérant. C’est ce qu’on appelle communément le matérialisme dialectique. Les processus du réel sont guidés par la matière, et non par l’esprit, comme le croyait Hegel.

Marx et l’aliénation :

La dialectique n’est qu’une méthode permettant de comprendre plus profondément le réel et l’essence humaine. Mais qu’en est-il de cette essence ?

–          C’est ici la notion philosophique d’aliénation qu’il faut envisager : l’homme est un être qui produit, qui crée matériellement sa vie pour donner satisfaction à ses besoins élémentaires.

–          Or, en cet acte d’engendrement de ses moyens d’existence, il se voit dépouillé de lui-même et de sa propre essence.

–          L’aliénation, noyau des Manuscrits de 1844, désigne cette situation où l’homme est confronté à un « être-autre » (et néanmoins issu de lui-même) qui le domine et l’asservit, elle signifie le fait de devenir étranger à soi même.

–          C’est l’Autre de l’homme qui est en face de lui et gouverne sa vie.

–          Prenons l’exemple de l’argent, ce produit humain qui désigne toute monnaie entrant dans le circuit économique.

►  L’argent, cet intermédiaire crée par les hommes, a acquis une puissance démoniaque et il domine ceux qui l’ont engendré.

►  De même, le capital, la richesse… gouvernent nos existences  à travers la figure de l’Altérité.

Ainsi, l’homme, être qui travaille, qui soumet la nature, les choses et tout l’environnement matériel à sa volonté, se voit-il, en ce processus, aliéné : rendu étranger à ce qu’il crée, aux fruits de son travail et de sa production, étranger, en définitive, à lui-même.

Pour résumer, si le travail a en soi une positivité (il permet à l’homme se se libérer de la nature), il est aussi, par ses émanations (argent et produits du travail), une source d’aliénation.

Marx l’économie : une critique du capitalisme

A partir de 1848 environ, Marx réalise une analyse socio-économique centrée sur des notions de classe (une classe désignant un groupe d’individus caractérisés par une situation économique voisine au sein des rapports de production, par une identité de revenus) et de lutte de classes, conçue comme l’antagonisme opposant des groupes sociaux dont les intérêts sont rigoureusement inconciliables.

Cette lutte de classes, moteur de l’histoire et de l’évolution sociale, se comprend elle-même en fonction de concepts de rapports de production et de forces de production.

–          Dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent, en effet, dans des relations déterminées et nécessaires.

–          L’existence d’une classe sociale est donc directement conditionnée par ces rapports de production s’établissant entre les hommes.

–          Quant aux forces de production, elles désignent l’ensemble des moyens et puissances dont la société humaine dispose pour travailler, produire, pour transformer le réel, le maîtriser et se l’approprier.

Le procès du travail, à savoir l’ensemble formé par le travail, l’objet sur lequel le travail agit et le moyen par lequel il agit, le développement de l’activité transformatrice en vue de s’approprier la nature, se présente de manière spécifique dans chaque mode de production, défini comme l’ensemble constitué par les forces productives et les rapports de production, comme le mode d’obtention des biens matériels.

Marx s’est particulièrement au mode de production capitaliste, le capital désignant, chez lui, la valeur permettant l’exploitation des travailleurs salariés et l’obtention de la plus-value.

–          Ce mot plus-value signifie la valeur supplémentaire produite par le travail de l’ouvrier salarié, valeur que le capitaliste s’approprie sans la payer, sans que l’ouvrier retrouve donc une compensation financière.

–          Si le prolétaire reçoit une somme financière semblant payer son travail, en fait le salaire ne rétribue pas le surtravail, c’est-à-dire un travail gratuit, qui ne donne lieu à aucune rémunération et se résout en plus-value.

Au sein de cette interprétation économique et historique, Marx accorde une importance prépondérante à la structure économique constituée par les forces de production et les rapports d’échange :

–          Elle porte le nom d’infrastructure, la superstructure désignant l’étage supérieur de l’édifice (concepts, notions, idées, représentations) s’élevant sur la base socio-économique.

–          Cette distinction de l’infrastructure et de la superstructure commande le matérialisme historique, science des lois de l’évolution sociale, conception selon laquelle la structure économique de la société constitue le fondement réel et la base expliquant la superstructure.

–          Le point d’aboutissement de cette interprétation est le suivant :

►  les représentations et les idées des hommes traduisent, en fait, la réalité économique et sociale.

►  Ce sont des idéologies, qui peuvent se prétendre neutres, mais qui expriment néanmoins des rapports et des conflits de classe.

►  L’individu, qui se croit libre dans ses choix et ses comportements, est façonné, en fait, par l’idéologie, ensemble des idées et croyances propres à une société ou une classe.

►  Ainsi, convient-il toujours d’expliquer les façons de penser des hommes par les rapports sociaux et économiques dans lesquels ils sont engagés.

Marx et le sens de l’histoire :

Marx surajoute à cette analyse économique toute une vision de l’évolution historique. En effet, le prolétariat, classe sociale formée d’ouvriers salariés ne possédant aucun moyen de production et subissant l’exploitation

–          (relation économique dont nous avons parlé précédemment et consistant en ce que ces hommes travaillent, en partie, gratuitement pour les propriétaires des moyens de production)

… prend, finalement, l’histoire en charge :

–          Ainsi s’annoncent une révolution et un régime non antagoniste, ignorant les conflits…

Ici, l’économiste, que fut Marx cède la place au prophète ou même à l’utopiste, et la sociologie à la vision d’un univers réconcilié avec lui-même.

–          Se dessine le communisme, abolition de la propriété privée, fin de l’aliénation humaine de soi, et appropriation réelle de l’essence humaine par l’homme et pour l’homme, fin de la scission entre l’homme et la nature et entre l’homme et l’homme…

Malgré ses équivoques ou ses incertitudes, l’œuvre philosophique et économique de Marx doit être nécessairement étudiée et demeure riche en analyses importantes, tant au point de vue économique que du point de vue philosophique.

Oeuvres de Marx :

On convient souvent de distinguer deux périodes dans l’analyse de la philosophie de Karl Marx :

–          La première correspond à celle des écrits de jeunesse, de 1841 à 1848 environ.

–          La seconde à l’œuvre rédigée à partir de cette date.

Alors que les premiers écrits…

–          Critique de la philosophie du droit de Hegel (1844)

–          Les Manuscrits (1844)

–          La Question juive (1844)

–          L’Idéologie allemande (avec Engels et Hess – 1845/1846 – dans cet ouvrage apparaissent les premiers éléments du matérialisme historique)

… se situent dans une perspective généralement philosophique ou anthropologique (décrivant l’être même de l’homme), les seconds développent essentiellement une analyse économique et politique.

Citons :

–           le célèbre Manifeste du parti communiste (1848)

–          La Contribution à la critique de l’économie politique (1859)

–          Le Capital (1867 -1894), les deux derniers tomes étant posthumes

Pour aller plus loin sur Marx :

Les citations de Marx

La lutte des classes chez Marx

Marx et le prolétariat

Marx et l’Idéologie

 Prolétaires de tous les pays, unissez-vous

La dictature du Prolétariat

Marx et le matérialisme dialectique

Marx et Obama : un débat imaginaire

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9 Comments

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  4. says: konokeou djadje

    j aime bien la philosophie de Marx car j etudie la philosophie

  5. says: Massiroes

    Quelle conclusion étrange: “Malgré ses équivoques ou ses incertitudes, l’œuvre philosophique et économique de Marx doit être nécessairement étudiée et demeure riche en analyses importantes, tant au point de vue économique que du point de vue philosophique.”
    Les “équivoques ou incertitudes” de Kant, Hegel ou Nietzsche n’induisent absolument une telle conclusion… Il est clair que Marx est l’un des penseurs les plus importants de son temps et, de ce fait, doit être nécessairement étudié. Non?

  6. says: Caillere

    L’utopie devient réalité quand la philosophie s’applique.

    Demain sera grand lorsque l’homme ne se nourrira plus de ses semblables, au seul désir de s’enrichir.

  7. says: Jean-Pierre Alexandre

    J’ai apprécié la présentation de la philosophie de Marx. Cependant je pense que c’est une erreur de la présenter de la même façon que celle de Hegel et de la plupart des philosophes depuis l’Antiquité grecque, c’est à dire comme un corpus clos. Il faut dire que la plupart des “marxistes” qui lui ont succédé ont malheureusement contribué à accréditer cette vision multiséculaire de la philosophie, peut-être calquée plus ou moins consciemment sur le modèle de la religion. Pour faire court, disons qu’avec son soubassement évolutionniste (Marx a lu Darwin) le marxisme a été vu par Marx comme pouvant et devant être en mesure de gérer son propre dépassement. En fait, on l’a dogmatisé. On doit remarquer que, par suite d’interprétations extra philosophiques des rencontres nécessaires (et peut-être contradictoires) n’ont pas eu lieu (Avec la psychanalyse, le structuralisme par ex.). Ma conclusion : je pense qu’une relecture de Marx sous cet angle (une philosophie en expansion) s’impose aujourd’hui. Il me semble aussi qu’elle commence à voir le jour. Cordialement.

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