Platon est un philosophe grec connu et reconnu pour avoir notamment laissé une œuvre philosophique considérable, sous formes de dialogues. Le monde sensible est, aux yeux de Platon, subordonné aux Essences ou Idées, formes intelligibles, modèles de toutes choses, qui sauvent les phénomènes et leur donnent sens.
Au sommet des Essences se trouve l’idée du Bien, qui les dépasse en dignité et en puissance : ce principe suprême se confond avec le divin.
Le dialogue au coeur de sa conception de la philosophie :
Platon a bien souvent présenté sa doctrine sous une forme particulière, celle du dialogue dans lequel Socrate occupait une place plus que prédominante. En effet, Socrate était le maitre du philosophe, il incarnait, en quelques sorte, le « meneur de jeu », le “taon”, l’accoucheur des âmes, l’empêcheur de tourner en rond.
En rédigeant son œuvre de manière dialoguée, Platon a ainsi mis en évidence une dimension importante inhérente à la recherche du vrai : la connaissance ne s’acquiert qu’à deux (ou à plusieurs) et cette médiation du dialogue est seule en mesure de nous faire dépasser les opinions particulières pour nous faire accéder à l’universel.
Qu’est ce, en effet, qu’un dialogue ?
– Quand deux individus sont face à face et que deux types de croyances s’affrontent, en un débat organisé, cette discussion porte le nom de dialogue.
– Mais le dialogue lui-même est un aspect rudimentaire de la dialectique qu’il faut maintenant définir et décrire.
Platon, La dialectique, les Essences, le Bien :
La dialectique désigne une démarche et un itinéraire, une montée progressive vers le vrai, loin des illusions et des croyances d’ordre purement sensible ou imaginatif.
– La pensée s’élève ainsi de l’opinion (la « doxa)…
Le vraisemblable est :
► un énoncé non justifié par un raisonnement rigoureux
► un mélange de vérité et d’erreur
► sun orte d’entre-deux intermédiaire entre le néant total et ce qui est … jusqu’à un savoir d’ordre intelligible et justifié en raison
La première étape de la connaissance rationnelle correspond à la saisie des données mathématiques, mais il s’agit de parvenir, au-delà même de ces vérités mathématiques, au terme ultime de la dialectique : les Idées ou Essences et le Bien.
Aux Yeux de Platon, le monde sensible n’est, en effet, qu’apparence par rapport aux idées elles-mêmes, objets de la pensée pure, modèles intelligibles de toutes choses, non perçues par les sens, mais néanmoins beaucoup plus réelles et plus vraies que les objets empiriques en tant que tels.
– Ainsi l’Idée de table, c’est la table idéale, telle que nous la concevons par la pensée, modèle ou paradigme que les tables concrètes imitent et reproduisent.
– En somme, l’Idée ou l’Essence (deux termes ici à la signification voisine) sont « les choses » dans leur état le plus pur, modèles de la pensée et de la réflexion.
► C’est la dialectique, itinéraire réglé et méthodique, qui, de concepts en concepts et de propositions en propositions, permet d’atteindre ces Essences idéales ainsi que le Bien, terme ultime de la démarche rationnelle.
► Le Bien désigne ainsi, aux yeux de Platon, le Divin : qui n’est, à proprement parler, ni une notion ni un concept, mais un principe suprême, supérieur et à l’existence et à l’essence, les dépassant de loin en dignité et en puissance.
Cette idée du Bien, cause de tout ce qu’il y a de droit et de beau, communique sa vérité et sa vie à tous les objets connaissables.
Platon, L’Amour et la Beauté :
L’itinéraire vers les Essences ne se comprend lui-même que par la dialectique de l’Amour, que Platon nous a si bien décrite dans le Banquet.
– En effet, l’élan amoureux vers la Beauté représente, aux yeux du philosophe, un puissant instrument d’accès au vrai.
– Intellectualisé et discipliné, l’Amour se confond avec la Dialectique, dont il incarne le dynamisme et la vie.
Qu’est ce, en effet, que l’Amour ?
– C’est un manque, une pénurie, une pauvreté qui nous signale notre incomplétude et notre vide, un élan vers ce que nous ne possédons pas, une aspiration à la Beauté elle-même.
– Grâce à lui, nous pouvons, à partir des beautés corporelles et sensibles, progresser jusqu’à la Beauté de l’âme, puis jusqu’à celle des occupations et des lois.
Enfin, à l’étape suprême, c’est l’Idée même du Beau, dans sa pureté et son indépendance, que pourra atteindre le philosophe.
Il est difficile de définir cette Idée de Beau.
– Formant une unité en elle-même, échappant à la génération et à la corruption, elle se caractérise par la pureté absolue, la transcendance par rapport au sensible et autres « sornettes mortelles »…
– … la Beauté, c’est la désincarnation ultime, l’éclat et la splendeur de ce qui transcende absolument l’empirique et le concret.
Socrate, Réminiscence et maïeutique :
La dialectique des Idées et la théorie de l’Amour conduisent à parler d’un idéalisme platonicien (au sens fort du terme idéalisme) comme doctrine attribuant aux Idées ou Essences une existence en soi, indépendance de l’esprit et des choses individuelles (NB : le mot « idéalisme » n’est pas de Platon lui-même).
Mais on peut se demander quels arguments permettent ainsi à Platon d’élaborer cette théorie « idéaliste » des Essences.
– Il semble que maïeutique et réminiscence constituent deux éléments majeurs justifiant cette élaboration et cette doctrine.
La Maïeutique :
– Elle désigne cet art d’accoucher les esprits :
► Art par lequel Socrate conduisait ses interlocuteurs à se découvrir eux-mêmes, à prendre conscience de leurs richesses implicites.
► Ainsi, dans le dialogue le Ménon, le petit esclave ignorant découvre-t-il lui-même, par les vertus de sa propre intelligence, comment construire un carré double d’un carré donné.
– Si chacun de nous peut ainsi, par le dialogue et la maïeutique, naître à lui-même et ressaisir des vérités (cachées), ne serait-ce pas parce qu’il se souvient alors d’une vérité jadis contemplée ?
► Telle est la doctrine de la Réminiscence
La Réminiscence :
– Nous avons, durant nos existences antérieures, contemplé les Idées, lesquelles ne constituent, dès lors, que des ressouvenirs.
– Apprendre, c’est se remémorer à la vérité jadis aperçue.
– Tout l’exercice philosophique vise à maîtriser et à organiser ce contenu secret, caché, fruit d’une lointaine contemplation.
Platon, la Morale et la politique:
Ainsi, la réponse apportée au problème spéculatif et la constitution d’une dialectique s’appuyant sur la réminiscence permet aussi à Platon de résoudre le problème moral et politique.
Les Sophistes, ces maîtres de rhétorique et d’éloquence, critiqués par Platon qui voyait en eux de simples producteurs de mensonges, de faux prestiges et d’illusions (la sophistique étant définie par lui comme négoce et trafic de discours), avaient, en effet, sapé la croyance en un Absolu permettant à la morale de s’édifier :
– La vérité, pensaient-ils, n’est rien d’autre que la subjectivité.
– Leur doctrine relativiste conduisait souvent au pur immoralisme.
Avec Platon, la morale redevient, bien au contraire, possible…
– Quand, après avoir contemplé les Idées, le philosophe redescend dans la « caverne », il est désormais en mesure d’édifier une morale et une politique.
– La fameuse Allégorie de la Caverne désigne, en effet, ce récit par lequel Platon peint notre condition :
► Les hommes sont semblables à des prisonniers qui prennent les ombres projetées devant eux sur la paroi de la caverne pour la vérité.
► Le prisonnier que l’on détache et qui sort au dehors symbolise le philosophe accédant aux Essences.
La vertu dans cette perspective, désigne la participation aux Essences et à la véritable connaissance, une science du Bien et du Mal inséparable de la dialectique.
Chez Platon, et d’une manière générale dans toute la pensée hellénique, vertu et morale sont, en effet, de l’ordre du savoir.
– Nul n’est méchant volontairement.
– Etre courageux, c’est posséder la science de ce qui est redoutable ?
– Etre juste, c’est accéder à la connaissance de l’harmonie de nos forces intérieures.
– La justice (individuelle) représente donc un savoir juste. Dans l’âme juste, la partie raisonnante (l’esprit) connaît et commande, maitrisant :
► le désir, sauvage et irréfléchi (la concupiscence)
► La colère, partie impétueuse qui peut, parfois, devenir l’alliée de la raison
– La justice désigne, dans cette perspective, la vertu assurant sa fonction à chaque partie de l’âme.
Dans l’Etat, la justice représente une harmonie et un équilibre :
– Les artisans et travailleurs divers obéissent
– Les guerriers défendent la cité
– Les magistrats commandent à ces deux classes subalternes.
La justice individuelle représente l’équilibre d’une âme saine où chaque partie joue son rôle et obéit à sa fonction. La justice politique, quant à elle, désigne l’équilibre de la cité où le « philosophe-magistrat » commande :
– Chaque classe exécute la fonction qui lui est propre
– Au sommet de la hiérarchie, se trouve celui qui « sait », qui a contemplé les Essences, le Bien : Le Philosophe.
Telle est la solution que Platon apporte au problème politique : « le philosophe-roi ». Ainsi, pour réaliser la justice dans la cité, il faut donc que les rois deviennent philosophes, ou que les philosophes deviennent rois.
Telle est cette philosophie qui a tant marqué la réflexion occidentale, aussi bien dans l’analyse de l’amour et du désir que par celle de la dialectique spéculative.
Conclusion du cours sur Platon
Platon, mort il y a plus de 23 siècles, a dessiné des chemins qui continuent de fasciner toute notre civilisation et notre culture.
En cette voie, il nous conduit de l’opinion (connaissance inférieure, faculté intermédiaire saisissant les choses qui flottent entre le néant et l’être absolu), jusqu’à la science (connaissance rationnelle permettant d’atteindre l’essence de la vérité ) : Itinéraire qui hante encore notre temps et auquel se réfèrent encore bien des penseurs et des savants contemporains.
Repères Clés | Platon |
---|---|
Naissance - Mort | -428 / -348 |
Oeuvres majeures | Dialogues de Jeunesse: Phèdre, Cratyle, Ménon, Phédon, La République, Le Banquet Dialogues de transition : Parménide, Théétète Dialogue tardifs : Lois, Philèbe, Sophiste, Politique, Timée, Critias. |
Principaux concepts | Justice, Politique, Vérité, Ame, Sagesse, Bien, Maïeutique, Ignorance |
Influencé par | Socrate, présocratiques |
Inspirateur de | Tous les philosophes, mais retenons Aristote, Thomas d'Aquin, Kant, Nietzsche, Hegel |
Oeuvres de Platon :
– Les dialogues de jeunesse :
- Hippias majeur
- Protagoras
- Gorjas
– Les dialogues de la maturité
– Les dialogues de la vieillesse
- Parménide
- Théétète
- Sophiste
- Politique
- Philèbe
- Les lois
j’adore les dialogues de platon, notamment celui intitulé “Les Lois”, peu connu par rapport à la république. Il avait une conception politique très moderne, qui a inspiré le communisme, mais aussi les légitimistes. Comme le disait Arendt à propos des Grecs, personne n’a pensé si haut la politique …
sensationnelle post, merci bien.
Comment dois-je faire, pour savoir la philosophie