Peter Sloterdijk et l’eugénisme : Régles pour le parc humain

Peter Sloterdijk

Sloterdijk et le devenir humain

La question du clonage et de l’eugénisme est une éminente question de la philosophie éthique et morale.

Un philosophe allemand contemporain, Peter Sloterdijk, a abordé sans détour (menant à une controverse avec Jürgen Habermas) dans quatre ouvrages importants :

  • Règles pour le parc humain
  • La domestication de l’Etre
  • Sphères
  • Bulles

Sloterdijk et l’humanisme

Sloterdijk cherche à dépasser l’humanisme classique., qui un humanisme littéraire, de gens lettrés. Les humanistes contemporains sont pour lui des “conservateurs nostalgiques et désemparés“. L’humanisme classique et bourgeois servait avant de modèle scolaire et éducatif. L’humanisme est donc un projet d’apprivoisement contre la bestialisation.

Le projet philosophique de Sloterdijk est de juguler les tendances actuelles qu’à l’être humain à retourner à l’état sauvage, marqué par la bestialité et la violence.

Dans la lignée de la Lettre sur l’humanisme de Heidegger, il veut rompre avec l’humanisme classique : l’homme ne doit plus se faire l’ami de l’homme, mais l’ami de l’Etre. En posant l’Etre comme premier, il opérait un décentrement de l’homme, signifiait la mort de l’anthropocentrisme.

Sloterdijk et l’antropotechnie

L’élevage de l’humanité, selon Sloterdijk, est nécessaire et inévitable, mais il faut le rendre conscient, plutôt que de subir la domestication. Adopter une démarche d’auto-domestication, prendre le virage de l’anthropotechnie (science des productions de l’homme). Nietzsche critiquait déjà le rôle des prêtres et des enseignants dans l’élevage des hommes, mais ce sont les sciences dures (biologie, …) que visent Sloterdijk.

Rendre l’homme sujet, et non plus objet de la sélection, doit être au centre d’une politique de l’espèce : ” l’humanité pourra-t-elle accomplir, dans toute son espèce, un passage du fatalisme des naissances à la naissance optionnelle et à la sélection prénatale?” (Sloterdijk indique que cette perspective est inquiétante).

La politique doit cependant accepter qu’elle est une gestion du parc humain (Sloterdijk se réfère au Politique de Platon) car “l’être humain n’existe pas, il doit se produire lui-même dans une querelle permanente autour de son être non déterminé“.

Dans La Domestication de l’Etre, Sloterdijk s’est défendu contre les critiques faite à son anthropotechnie.

Pour lui, la technique biologique “pourrait dégénérer en une prise d’otages des sociétés par leurs propres technologies avancées“. L’anthropotechnie considère l’homme comme un produit, alors que la technique biologique consiste à planifier de manière stratégique le parc humain.

Sloterdijk ne fait pas de sa philosophie un programme politique, il pense dégager l’impensé de l’humanisme (la domestication de l’homme). Il décrit et ne prescrit pas de politique biologique. Autrement dit, Sloterdijk n’est pas un eugéniste, mais un humaniste qui souhaite que l’homme reste maître de son devenir.

Controversés et polémiques, les ouvrages de Sloterdijk n’en reste pas moins d’excellents points de départ pour questionner le devenir de l’humanité, la question de technique et de ses usages.

Sur le sujet, l’article de Jean-Michel Besnier sur l’Humain et la Machine devrait vous éclairer sur les enjeux de l’humanisme moderne.

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