Le théâtre de Sartre
Sartre se considère comme un intellectuel, autrement dit comme quelqu’un “qui se mêle de ce qui ne le regarde pas“. A ce titre, l’intellectuel doit faire rayonner son implication et la rendre publique. Le théâtre joue donc un rôle phare dans son oeuvre : ancrée dans l’histoire et dans la théorie philosophique, ses pièces ont un rôle de mise en pratique de la philosophie existentialiste.
Les Mains Sales : une pièce existentialiste de Jean-Paul Sartre
La pièce Les mains sales de Jean-Paul Sartre a été écrite à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Avant de rentrer dans l’analyse de cette pièce, rappelons que Sartre est le représentant le plus éminent de l’existentialisme, une philosophie qui pose l’absoluité de la liberté humaine (l’homme est condamné à être libre). L’œuvre litéraire de Sartre, de la Nausée en passant par Huis Clos ou le Diable et le Bon Dieu vise à illustrer concrètement les acquis et les théories de la philosophie existentialiste.
Résumé de la pièce Les Mains Sales :
L’action, courant sur sept tableaux, se déroule pendant la seconde Guerre mondiale dans un pays fictif appelé Illyrie en Europe de l’Est. Le pays est dirigé par un dictateur fasciste allié des Allemands. Il y a deux mouvements de résistance clandestins contre le régime et l’Allemagne – le parti du prolétariat (communiste) et le Pentagone (un parti nationaliste bourgeois et capitaliste). Le PP et le Pentagone sont également hostiles les uns aux autres. Beaucoup de vies ont été perdues dans le conflit de chaque côté.
Hugo, le personnage principal, sort de prison, suite à l’assassinat de Hoederer, chef du parti prolétaire, et se rend chez Olga, sa protectrice, qui sera chargée d’examiner son cas politique et savoir s’il peut intégrer le parti populaire. La pièce va examiner les raisons qui ont poussé Hugo à tuer Hoederer.
Sur l’ordre du parti prolétaire, Hugo s’est en effet fait engagé par Hoederer en tant que secrétaire personnel afin d’approcher ce dernier et de le tuer, car le parti le soupçonne de vouloir s’allier avec le Pentagone. Hugo nouera avec Hoederer une relation forte. Accomplir sa mission et respecter l’homme de valeur qu’il rencontre soulève un dilemme éthique. Il ne peut déterminer ce qu’il doit faire et a peur de se salir les mains, c’est-à-dire agir contre sa conscience. Au départ, Hugo est convaincu du bien-fondé de sa mission : Hoederer est un traître qui agit par opportunisme. Hoederer est un effet un pragmatique, alors qu’Hugo est mû par ses idéaux politiques. Leur logique idéologique est frontalement opposée : Hoederer considère que la politique doit assurer le bien-être d’un maximum de personnes, quitte, pour cela, à transiger sur les idées, alors que Hugo est prêt à tout détruire pour ses idées.
Hugo, d’autre part est le héros existentialiste typique. Jeté dans le monde, incapable de comprendre le sens de son existence, il pense que la cause prolétaire peut donner un sens à son existence. Sartre critique ici ce qu’il appelle l’esprit de sérieux, le fait de croire que les valeurs sont transcendantes et pré-existent à l’homme.
L’assassinat de Hoederer se fera presque par hasard, suite à la découverte d’une relation entre Jessica, la femme de Hugo, et Hoederer. Non par jalousie, mais parce que Hugo découvre l’inauthenticité de Hoederer à travers cet acte. Dans le cadre existentialiste, Hugo a pris une décision – celle de tuer Hoederer. Il a refusé de renoncer à son idéologie. Et sera prêt à mourir par et pour cela. Il aura finalement conquis sa liberté en assumant ses actions.
Conclusion de l’analyse :
De anti-héros existentialiste au début de la pièce, Hugo acceptera de se salir, acceptant en cela sa condition d’homme, conquérant ainsi une forme d’authenticité. Les Mains sales nous apprend donc que même le pire ne peut se faire sans le consentement de celui qui le fait, qu’il faut assumer et revendiquer ses actes. Cette leçon, qui paraît évidente aujourd’hui, était explosive dans le contexte de l’Occupation allemande …
Résumé de la pièce, 3ème paragraphe. “Hugo s’est en effet fait engagé” : engager. “transiger sur les ides” : idées.
cet auteur est vraimant la reussite de la philosophie existentialiste au XIXe siecle. par ses pensees il a rendu l’homme libre et respnsable de tout ses actes. bravo!!!!
Bonjour, la conclusion apporte un éclairage faux à la pièce : celle-ci a été écrite en 1948, moment où la période de l’Occupation allemande était donc absolument passée. L’interrogation porte bien plus sur la position du parti communiste français, et plus généralement de la gauche française, vis-à-vis des moyens d’épuration mis en oeuvre par la politique stalinienne en URSS dans le contexte de l’après-guerre et l’émergence de la Guerre Froide.
Corrigez les fautes … 😉
Je suis d’accord avec claire sur son point de vue sur l’oeuvre
Il faut faire très attention. Le contexte de crise dans lequel se situe cet ouvrage est fictif.. ce serait donc incongru d’affirmer que l’intrigue se déroule après l’occupation allemande. Nous sommes ici en pleine fiction.
L’œuvre inspire vraiment plus qu’un, outre les enseignements sur les politiques et sur le quotidien des politiques . Elle tranche également les maux de la cité notamment la confiance et la trahison…