La philosophie de Leibniz

leibniz philosophe

Leibniz : Dieu, l’optimisme et le meilleur des mondes

Wilhelm Gottfried Leibniz, philosophe et savant allemand, surtout connu en France de manière négative, grâce à Voltaire et son célèbre Candide, comme représentant de la philosophie optimiste. Non seulement Voltaire n’avait pas lu l’oeuvre de Leibniz, mais cela relève en plus d’une lecture tout à fait erronée de Voltaire. Au contraire, l’œuvre de Leibniz, immense, est riche d’aperçus de génie. Dans le domaine de la connaissance, dans le champ de l’esprit et de la nature, Leibniz a entrouvert des horizons nouveaux. Le monde est un tout plein de vie, avec lequel nous sommes en relation par une foule de petites perceptions (inconscientes).

La connaissance chez Leibniz :

Sur le plan de la philosophie de la connaissance, Leibniz s’attache aux idées, définies comme objets de la pensée, selon leur clarté et leur distinction (dans la lignée de Descartes) :

– Une idée est claire quand elle suffit pour reconnaître une chose et à la distinguer.

– Sans cela, l’idée est obscure.

– Sont distinctes les idées qui distinguent dans l’objet les marques qui le font connaître.

– Autrement, on les appelle confuses.

Leibniz vs Descartes et Locke :

En revanche, la théorie leibnizienne des idées exclut l’innéisme cartésien. Leibniz veut, en effet, dépasser à la fois l’empirisme de Locke (selon lequel tout savoir viendrait des sens), et la doctrine cartésienne des idées innées (les idées sont en l’homme de manière permanente et statique puisqu’elles viennent de Dieu)

– Locke se trompe : l’âme humaine n’est pas une tabula rasa, une table rase, où viendrait s’inscrire l’expérience.

Pour Leibniz, il faut reconnaître l’importance de l’activité spirituelle. Néanmoins, l’innéisme cartésien n’est pas non plus acceptable en tant que tel : l’expérience est tout au moins l’occasion permettant à l’esprit de prendre conscience des richesses qui sont en lui.

A mi-chemin de Descartes et de Locke, Leibniz souligne donc le dynamisme spirituel de l’homme.

– Ce qui est premier et d’abord donné, c’est l’esprit, comme le prouve l’examen des principes de la connaissance, ces énoncés de base sur lesquels s’appuient nos raisonnements.

– Quels sont-ils ? Ce sont les principes de contradiction et de raison suffisante.

►  Le principe de contradiction s’énonce ainsi : de deux propositions contradictoires, l’une est vraie, l’autre fausse.

►  Le principe de raison suffisante affirme qu’aucun fait ne saurait se trouver existant sans qu’il y en ait une raison suffisante.

Le principe de raison suffisante est, aux yeux de Leibniz, le principe suprême, très grand et très noble.

Leibniz et les monades :

Dans sa description de l’univers, Leibniz tente également de « dépasser » le mécanisme cartésien : aux yeux de Descartes, la matière se ramène à l’étendue géométrique.

A ce mécanisme s’oppose le dynamisme de Leibniz, selon lequel l’univers est formé de monades, substances simples, sans parties, atomes de la nature et éléments des choses, réalités spirituelles dynamiques, analogues à des âmes.

Partout ces principes spirituels sont en action : ils se caractérisent, en effet, non seulement par la perception, représentation du multiple dans l’unité, mais aussi par l’appétition, tendance de toute monade à agir. Toute monade perçoit l’univers et tend à exercer une action.

– Ainsi se dessine un univers mobile et fluide, où tout, matière, nature et objets est animé par les monades ou âmes.

– Qui plus est, il existe des niveaux dans la perception. Et cette pluralité de niveaux telle que la conscience apparaît seulement comme un degré et un passage.

Si l’aperception en tant que telle désigne une perception distincte et aperçue par la conscience, la perception sans aperception ni réflexion est également possible. Ainsi, quand je me promène au bord de la mer, mille petites perceptions inconscientes et trop menues pour être saisies, contenus psychiques  que j’ignore et dont je n’ai pas claire connaissance, forment le tout de ma perception claire.

– Par ces petites perceptions inaperçues, nous sommes liés, de manière insensible, à la totalité du monde et du réel.

Une fois de plus, nous sommes loin de Descartes, chez qui toute pensée s’accompagne de conscience.

L’harmonie préétablie chez Leibniz :

Comment concevoir les rapports entre les monades ?

– Dieu a réalisé entre elles un accord, et ce à partir d’une harmonie préétablie : Dieu a , en effet, voulu créer un ensemble cohérent et a établi une harmonie entre toutes les substances.

– Ainsi le monde a-t-il organisé selon le principe du meilleur.

Dès lors, nous pouvons opérer une justification de Dieu en ce qui concerne le problème du mal dans l’univers : c’est ce que Leibniz nomme théodicée.

– Dieu, qui n’est pas responsable du mal qui règne dans le monde, doit en être disculpé.

– Il a crée le meilleur des mondes possibles.

– C’est l’homme, libre, qui décide ou non le mal

Voltaire, on le sait, ironisera et critiquera à propos de cette justification dans Candide.

L’optimisme de Leibniz :

Il est donc légitime de parler de l’optimisme de Leibniz, l’optimisme désignant ici la conception selon laquelle le monde est le meilleur des mondes possibles : entre une infinité de mondes possibles, il y a le meilleur de tous et c’est le vrai monde actuel.

A celui qui poserait la question : « le monde n’est-il pas, néanmoins, riche de maux ? »…

– Leibniz répond que toute douleur ou inquiétude sont les conditions mêmes du plaisir et du bonheur.

– Le plaisir, en effet, ne procède pas d’un cours uniforme, lequel enfanterait l’ennui.

Le plaisir, ce sentiment de perfection et cet avancement vers le bonheur, provient d’une victoire sur quantité de demi-douleurs qu’on finit par apaiser en satisfaisant son désir.

–  Quant au bonheur, il ne consiste jamais dans une pleine jouissance, où il n’y aurait plus rien à désirer, mais dans un progrès perpétuel vers de nouveaux plaisirs et de nouvelles perfections.

Le mal, la douleur, l’inquiétude, autant de conditions du bien, autant de raccourcis vers une plus grande perfection.

– Tel est l’optimisme de Leibniz, qui voit, en particulier, dans l’inquiétude, ensemble de sollicitations imperceptibles qui nous tiennent toujours en haleine, une promesse de plaisir et une annonce de perfection.

Conclusion du cours sur Leibniz

Ainsi, selon l’optimisme leibnizien, le mal n’est que l’ombre du bien. Leibniz, ce grand conciliateur et « harmonisateur », nous décrit un univers pétri de cohérence où le mal perd toute positivité. Résolument optimiste, Leibniz a tenté d’enseigner l’espoir dans une époque de guerre et de déchirement intellectuel et religieux.

 Oeuvres majeures de Leibniz :

 Discours de métaphysique (vers 1685)

– Nouveaux Essais sur l’entendement humain (1704)

– La Monadologie (1714)

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30 Comments

  1. Ping : Cours de Philosophie
  2. says: l'optimiste

    Voltaire, comme d’habitude (il a avait fait la même chose avec Rousseau) : ce grand penseur n’a pas lu le philosophe qu’il critique … Leibniz a une philosophie profonde, qui cherche à repenser la question du mal essentiellement, dans son rapport à Dieu et à la liberté humaine.
    Vous auriez pu citer les Essais de Théodicée :
    “Les perfections de Dieu sont celles de nos âmes, mais il les possède sans bornes; il est un océan, dont nous n’avons reçu que des gouttes: il y a en nous quelque puissance, quelque connaissance, quelque bonté; mais elles sont tout entières en Dieu. L’ordre, les proportions, l’harmonie nous enchantent, la peinture et la musique en sont des échantillons; Dieu est tout ordre, il garde toujours la justesse des proportions, il fait l’harmonie universelle: toute la beauté est un épanchement de ses rayons”

  3. Ping : Citations de Voltaire
  4. says: Leibniz et Voltaire

    Leibniz est un grand cartésien, injustement caricaturé par ce diable de Voltaire, même pas fichu d’écrire un bon essai de philosophie. Entre Voltaire et Leibniz, la philosophie n’a pas à choisir : la Monadologie est bien plus profonde que le niais Candide !

  5. Ping : Leibniz et l'Harmonie préétablie
  6. says: Anonyme

    leibnez n est que le morceau qui manquait ala philosophie de voltaire le pessimisme n est que l extremisme ;

  7. says: Marie-Thérèse Koehl

    Je crois que Leibniz,a bien comprit l’origine,
    et c’est bien au temps difficile d’ expliquer!
    sans la compréhension métaphysique ,
    Nous reprenons l’ histoire ,qui est déjà crée,l’ ADN.
    nous pouvons transcender avec la connaissance, seulement
    = ceux que nous sommes!
    Merci à ces Hommes ,personnes qui ont compris sous une forme,le chemin à réaliser ici bas.

  8. says: must

    Voltaire s est précipité .il voulait juste philosopher point c est tout

  9. says: christiam

    il faut prendre aussi ses reculs afin d’apercevoir le bon cote des choses, cet optimisme beat dont prone Lieibiz n’est qu’un ideal qui detruit la realite ainsi que le sens de la terrre. alors on dit que la lecture de voltaire est un peu eronnee, je crois bien que c’est fausse, car dans la polysemique d’une enonciation, chaque individu a son point de vue sur un sujet quelconque. donc chaque personne peut le concevoir d’une facon nettemnt differents des autres. la philosophie de lieibiz a ete concu a la rigueur de son temps, les aspets ideologiques, sociologiques, culturelles sont a tenir en compte. mais par dessus de tout, cet optimiste beat ne put rien offrir de bien en soi. qu’une esperance sans fin.

  10. says: woktchou Bernard

    L’ idée la plus véritable est celle que Dieu dans un miroir peut se regarder et comme tout les idéaux c’ est une courbe assymptotique vers lequel on prétend tendre sans jamais l’ atteindre. Pour dit que nous sommes en plein processus philosophique le meilleur est à venir.

  11. says: GOULY Dominique

    Bonjour,

    Dans ses cours donnés à Vincennes, Gilles Deleyze recommande la lecture du livre de Madame Prenant, travail remarquable selon lui. Avez-vous les références de ce livre ?

    Je vous remercie par avance.

    D. GOULY

  12. Ping : Voltaire : Candide (Analyse)
  13. says: konokeou djadje

    comment avec la bonte de Dieu le mal existe ds notre monde qui est le meilleur des monde.

  14. says: Abdoulaye datie

    Je réfléchi quelques heurs. Je vous dois un grand merci
    un de mes plus grand délice c’est la philosophe.

  15. says: X-Wing

    C’est bien mais je trouve que tu est peut etre un peut trop bias envers le sujet.

  16. says: de BOISSIEU

    A vrai dire vous êtes un peu trop regardant sur vos point de vue sur Voltaire.En effet Voltaire ne se voulait certes pas optimiste mais certainement pas négatif. C’est d’ailleurs dans son oeuvre “candide” si critiquée soit elle, qu’il le montre en prenant le point de vue positif de pangloss qui reprend un des axe de leibniz qu’il n’y a pas d’effet sans cause et que tout vas bien dans le meilleur des mondes possible.Mais Voltaire offre un autre personnage pessimiste qu’est Martin qui se veux manichéen. Et qui pense que les Hommes sont dans le mal .A vrai dire Voltaire cherche a mettre en dérision ces deux pensée puisque comme il le dit il y a des aspects positif dans la vie humaine mais aussi des aspect négatif. Voltaire souhaite démontré que la vie est dur et compliqué et que dans certaines vies Humaines ,vivre signifie quelque fois être poursuivie par la mort.Ainsi il finit par la conclusion qu’il vaut mieux cultiver son”jardin” afin de laisser les soucies métaphysique de côté, et plutôt de s’occuper de ce que nous pouvons améliorer dans notre vie.C’est une belle métaphore qui se rapproche avec la citation que chacun doit porté sa croix dans la bible.

  17. says: Vaugelas

    Avant de prétendre à “faire” de la philosophie il conviendrait de (re)voir sa pratique du français, à commencer par l’orthographe! Quelle misère.

  18. says: Ludo.

    Voltaire ne pouvait que vivre sur le modèle de leibniz, sa pensée ne peut provenir d’un positionnement séculaire.

  19. says: Robert ANTONA

    Leibniz, avec les monades précurseur de la physique quantique …

  20. says: Cherif Ange Aimé Ismael

    Merci pour ce exposé j’ai vraiment appris et découvert leibniz Ayi pour moi était un philosophe qui ne savait pas ce qu’il disait a cela a force d’avoir écouté voltaire

  21. says: Don Faustin

    Très belle exposé qui récapitule les idées-maîtresses de la philosophie de Leibniz. Personnellement, elles m’ont fort aidé dans mes recherches et instruit pour la vie en ma qualité d’amoureux de la sagesse. Merci.

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