La politique au Moyen-Age : Saint-Augustin contre Saint Thomas d’Aquin

Saint Augustin : la politique comme Cité de Dieu (théocratie)

Quelle évolution décisive est apportée par Saint-Augustin à la pensée politique d’avant la révélation ? L’introduction de Dieu bien sûr en tant que fondement de la politique.

Partons de l’onto-théologie d’Augustin : les hommes sont égaux, mais crées par Dieu, comme sujets.

Augustin distingue deux règnes, celui des hommes et celui de Dieu, le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. Le pouvoir temporel, parce qu’il se fonde sur le droit naturel, lequel part de l’inégalité physique est hommes, est imparfait. Le pouvoir temporel doit donc se soumettre au pouvoir spirituel, parfait et juste. L’ Etat, chez Augustin, doit être le garant de l’ordre divin, être au service des intérêts de l’Eglise (ce que réfutera Guillaume d’Ockam à Saint Augustin)

Le but de la politique sera donc la constitution d’une «théocratie pontificale», c’est-à-dire à l’affirmation de la domination universelle, sur le plan temporel comme sur le plan spirituel, de la suprématie des papes sur les princes, les empereurs ou les présidents

Quid de la démocratie donc ?

L’autonomie politique des hommes n’est qu’un leurre, les hommes doivent d’en remettre à Dieu. C’est ce motif qui justifie la théocratie : sans Dieu, les hommes vivant en communauté ne peuvent répandre, selon Augustin, que l’injustice.

Augustin opère un renversement total dans l’origine du pouvoir. Si pour les grecs Aristote et Platon le pouvoir provenait de la rationalité, le pouvoir chez Augustin prend sa source dans la création divine. Et malgré leur égalité, les hommes sont placés dans une position d’hétéronomie. On passe d’un ordre immanent, dans lequel les hommes sont maîtrisent leur destinée politique, à un ordre transcendant, dominé par Dieu.

Ainsi, si Augustin ne pose pas vraiment la question du meilleur régime, son onto-théologie nous renseigne sur sa position : la démocratie ne saurait être qu’un régime injuste, sans légitimité.

Thomas d’Aquin (ou Saint Thomas) : le syncrétisme politico-religieux (monarchie religieuse)

Le thomisme a sans doute encore plus influencé l’histoire que l’augustinisme. Il fait autorité dans tous les milieux religieux.

Pour répondre à la question du régime idéal chez Thomas d’Aquin, il faut répondre à la question : qu’est-ce que le bien ?

Thomas d’Aquin place sa pensée dans un contexte multiple. Il connaît toutes les œuvres des grecs et tentera, toute sa vie, de concilier les acquis de la philosophie grecque (surtout d’Aristote) et la Révélation Divine.

Thomas d’Aquin reprend l’idée d’Aristote selon laquelle les communautés sont naturelles, c’est-à-dire correspondent à un besoin, celui de protection mutuelle. A partir de là, Thomas d’Aquin distingue 4 formes de droit :

  • le droit divin, inaccessible à la raison humaine
  • le droit naturel, accessible à la raison humaine
  • le droit positif divin, celui de l’Eglise
  • le droit positif humain, établi par les hommes

Bien sûr, le droit divin est l’objectif. Mais comme il reste inintelligible, c’est à l’Eglise, à travers le droit positif divin, de faire accéder les hommes et leur lois (droit positif humain), de les faire se conformer au droit naturel.

Qui doit incarner ce droit naturel ? Selon Thomas d’Aquin, seul un monarque peut bénéficier de la légitimité divine. Dieu remettrait au Prince la souveraineté, en ferait le dépositaire temporel afin qu’il mène les peuples vers le droit naturel. Cette hypothèse justifiera d’ailleurs toutes les monarchies du Moyen-Age.

Le Bien consiste donc à respecter l’ordre naturel établi par Dieu.

Donc, le concept de démocratie, après être apparu très tôt, est en net déclin au Moyen-Age. Les penseurs politiques de l’après révélation font de Dieu la source de la légitimité et pouvoir et sa finalité : les communautés politiques n’existent que par et pour Dieu.

Il faudra attendre le 18ème, avec Rousseau, pour qu’une philosophie politique démocrate et moderne fasse son apparition.

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16 Comments

  1. says: Anonymous

    dieu, politique, religion, démocratie : le débat est vaste.Pouquoi ne pas avoir évoqué Maïmonide et Avérroes, qui ont été au moins ?

  2. says: Anonymous

    ce qu'il peut y avoir comme imbécillités quand on aborde ce genre de sujet…c'est tout et n'importe quoi..je me demande si finalement ce ne serait pas la chute continuelle du niveau de l'instruction en france depuis 50 ANS qui serait la cause principale des déboires économiques et politiques..encore quelques génération et ils seront tous LOBOTOMISES..

  3. says: Anonymous

    intéressant le commentare précédent merci donc de nous éclairer

  4. says: jean-louis

    la chute du niveau scolaire ne viendrait-elle pas du fait que nos differents dirigeants ce seraient apercus de la fameuse maxime de thiers( je crois)"qu'un peuple cultive est un peuple ingouvernable"effectivement si on compare le niveau d'un bachelier aujourd'hui à celui d'un mome qui a eu son CEP dans les annees 60 "y a pas photo" les fondamentaux ne sont plus du tout en rapport à la realite la preuve en est que maintenant il faut que tout le monde aie son bac mais c'est pas ça qui forme un serrurier ou un boucherce qui entraine une devalorisation du travil manuel il faudrait revenir à des valeurs plus sympas que le paraitre inutile à tout prixet dire à nos momes que le travail n'a rien de sale bien au contraire signe jean-louis 13730

  5. says: gontrand

    la philosophie et la religion son opposées car la philosophie mise sur la raison, alors que la religion mise sur la foi.

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  9. says: Videment

    Je crois que vous vous trompez deThomas …L’aquinate n’est pas l’apôtre ce qui en dit long sur la suite de cet article

  10. says: fokou beaudelair

    grand merci a celui qui a eu l’idèe de cet application car elle va beaucoup enrrichire ma connaissance la philosophy c’est la vie

  11. says: anonym

    Au fait l’éducation en général coûte très cher. Et l’homme politique aime investir quand il y a un retour en liquidité. Alors que l’éducation porte ses fruits à Long terme et efficacement. Le politicien ne veut pas attendre, alors ce secteur ne l’intéresse pas autant.

  12. says: Abdoulaye datie

    J’aimerai savoir si la philosophie est l’ennemi des religions? à mon pensé la philosophie n’ai pas l’ennemi du tour la philosophie, mais pense souvent
    je tient a vous remercier énormément votre disponibilité

  13. says: Fofana

    Quel sont les formes et types de gouvernement selon Saint Thomas Daquin

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