La mort n’est rien pour nous (Epicure)

MORT DE SOCRATE

Refuser la mort, fondement de l’Epicurisme

La théorie selon laquelle le sage ignore la peur de la mort repose sur le matérialisme d’Epicure. En effet, l’âme est matière, laquelle est détruite par la mort. Ni paradis, ni enfer ne sont à craindre dans l’épicurisme. C’est la raison pour laquelle la mort n’est pas une souffrance, puisqu’il n’y a pas, ou plus d’âme pour souffrir, plus de sensibilité. Autrement dit, Epicure détruit simplement l’idée même de la mort.

Epicure simplifie cet argument par la notion de rencontre : si la mort est là, c’est que je ne suis plus là, il m’est donc impossible de la rencontrer. La sagesse consiste donc à acquérir de la distance à l’égard de l’idée de la mort. Car si l’homme est occupé à penser à la mort, il ne peut être heureux.

Epicure enseigne ainsi vis-à-vis de la mort une philosophie du détachement, de l’ataraxie (quiétude de l’âme).

Extrait de la Lettre à Ménécée, par Epicure :

« Prends l’habitude de penser que la mort n’est rien pour nous. Car tout bien et tout mal résident dans la sensation : or la mort est privation de toute sensibilité. Par conséquent, la connaissance de cette vérité que la mort n’est rien pour nous, nous rend capables de jouir de cette vie mortelle, non pas en y ajoutant la perspective d’une durée infinie, mais en nous enlevant le désir de l’immortalité. Car il ne reste plus rien à redouter dans la vie, pour qui a vraiment compris que hors de la vie il n’y a rien de redoutable. On prononce donc de vaines paroles quand on soutient que la mort est à craindre non pas parce qu’elle sera douloureuse étant réalisée, mais parce qu’à est douloureux de l’attendre. Ce serait en effet une crainte vaine et sans objet que celle qui serait produite par l’attente d’une chose qui ne cause aucun trouble par sa présence.

Ainsi celui de tous les maux qui nous donne le plus d’horreur, la mort, n’est rien pour nous, puisque, tant que nous existons nous-mêmes, la mort n’est pas, et que, quand la mort existe, nous ne sommes plus. Donc la mort n’existe ni pour les vivants ni pour les morts, puisqu’elle n’a rien à faire avec les premiers, et que les seconds ne sont plus.

Mais la multitude tantôt fuit la mort comme le pire des maux, tantôt l’appelle comme le terme des maux de la vie. Le sage, au contraire, ne fait pas fi de la vie et il n’a pas peur non plus de ne plus vivre : car la vie ne lui est pas à charge, et il n’estime pas non plus qu’il y ait le moindre mal à ne plus vivre »

Pour aller plus loin sur la conception de la mort chez Epicure, lisez cet article sur la lettre à ménécée.

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7 Comments

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  5. says: Jordan

    Bonjour, effectivement, la meilleure façon d’apaiser cette peur de la mort puis de la guérir est de l’affronter. Être curieux également comme lire, s’instruire, regarder des vidéos nous amènent vers d’autres cheminements qui ne sont jamais le fruit du hasard.

    Merci pour cet article.

  6. says: Peur de la mort

    Et si la naissance était tout simplement la mort de quelque chose d’avant ?

    Peut-être que si nous nous écoutons assez attentivement pendant cette vie,  nous entendrons le battement de cœur de quelque chose de plus grand que ce que nous pensons savoir maintenant.

    La phobie de la mort n’est en réalité que la peur de ce qui va suivre.

    Mais que se passe t-il si cette mort n’est vraiment qu’une autre naissance ?

  7. says: Gary Gaignon

    Si j’ai trop peur de la souffrance morale dans l’agonie amoureuse, inéluctable, voilà pourquoi je m’abstiens d’aimer, préférant passer indéfiniment à côté de la vie spirituelle partagée entre deux êtres par ailleurs autarciques et autonomes au plan sentimental. Les plaisirs éphémères du sexe ne font que tourner le fer dans cette plaie de marbre, mais je ne peux ou ne veux pas m’empêcher d’avoir toujours envie de m’en escrimer de mon vivant. J’ai beau épancher de temps à autre mon misérable petit pipi blanc, je ne creuse qu’à mon corps défendant sa tranchée dans le vide des années. L’amour n’est tout ou rien, qu’au contraire ou à l’image de la mort, il nous extirpe de notre âme de sang et de chair, telle une vague bleue d’incandescence nous embaumant sous son flux et reflux continu, entre l’inachevé et l’inachevable. Pourtant, les ultraromantiques ne sont essentiellement que des matérialistes défaitistes qui refusent d’investir l’imagination créatrice : la flamme du sanctuaire vacille dans son éblouissement obscur parce qu’elle se ravive sans cesse jusqu’à son dernier souffle d’espérance vitale.

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