Le Pari, coeur de la philosophie de Pascal
Goldmann, le célèbre exégèse de la pensée de Blaise Pascal, fait du pari “le centre de gravité de sa philosophie”, et reconnaît que le fameux argument ne devrait avoir d’intérêt que pour les libertins. Cet argument, l’un des plus célèbres des Pensées, cache une réelle complexité et mérite une explication.
Pascal, étant chrétien, n’avait pas à y recourir pour lui-même, puisque l’on ne saurait parier sur une chose dont on est sûr. Mais, s’appuyant sur cette phrase : “Apprenez de ceux qui ont été liés et qui parient maintenant tout leur bien“, il identifie, dans l’oeuvre de Pascal, l’idée de croire et celle de parier.
Nous pensons que si Pascal se range parmi ceux qui “parient maintenant tout leur bien”, c’est tout simplement que, bien qu’inefficace en l’absence de la grâce, le pari lui paraissait pour lui-même, sur le plan de la raison, un argument valable.
Convaincre les athées
Pascal propose à l’athée le pari suivant : “Dieu est ou il n’est pas. Mais de quel côté pencherons-nous ? La raison n’y peut rien déterminer; il y a un chaos infini qui nous sépare. Il se joue un jeu, à l’extrémité de cette distance infinie, où il arrivera croix ou pile. Que gagnez-vous ? Par raison, vous ne pouvez faire ni l’un ni l’autre; par raison vous ne pouvez défendre nul des deux. ne blâmez donc pas de fausseté ceux qui ont pris un choix; car vous n’en savez rien“.
L’objection consisterait à refuser de parier. A ceci, Pascal rétorque que nous n’avons pas la liberté de nous abstenir de parier, puisque notre vie éternelle dépend du choix que nous aurons fait : “Cela n’est pas volontaire, vous êtes embarqué … Votre raison n’est pas plus blessée en choisissant l’un que l’autre, puisqu’il faut nécessairement choisir”. Même l’homme du divertissement, perdu dans une vie futile, ne peut échapper au choix.
Dès lors, supposons que nous ayons parié pour l’existence de Dieu : “Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu’il est, sans hésiter”.
Le Pari contre le désespoir
Ainsi, l’argument du pari, considéré à tort comme un calcul d’intérêt ou une marque du désespoir de Pascal, ne représente pour lui qu’un moyen de troubler la conscience de l’incrédule. La foi, sous peine de rester stérile, doit reposer sur des fondements bien autrement solides.
on ne peut pas choisir de croire.
la foi est un cadeau, on l’a ou on ne l’a pas.
on peut parier sa fortune sur le 17 noir impair et manque, mais pas sur dieu.
mais on peut choisir d’agir comme s’il existait, et mener une vie irréprochable.
nul besoin de croire en dieu pour faire le bien autour de soi.
pour moi il n’est rien de plus stupide que ce pari.
Erreur l’ami! On ne fait que choisir de croire ou de ne pas croire. Nous sommes tous le produit de nos croyances. La foi n’est pas un cadeau! Qui donc pourrait nous l’offrir? La foi est la croyance en l’impossible. Elle est l’élément qui fait que l’impossible devient possible. Il ne faut pas dire qu’il faut le voir pour le croire mais bien au contraire, il faut le croire pour le voir. Pascal ne pari pas sur l’existence ou la non existence de Dieu, il cherche seulement à interpeler les sceptiques et les non croyants sur le fait qu’il ne prennent aucun risque en croyant en Dieu pour la raison simple que soit il n’y rien après la mort et du coup il ne seront pas là pour regretter d’avoir cru en Dieu, soit il y a quelque chose après la mort et le fait de ne pas s’être préparer pourrait leur causer des remords éternels.
Les deux dernières lignes sont trés pertinantes merci pour la clarification
Absolument d’accord avec Bruno qui résume parfaitement la situation.
Sauf que… qu’est-ce qui prouve que Dieu n’est pas farceur et ne punit pas tous ceux qui croyaient en lui ?
absolument d’accord avec Paul ; ses deux dernières lignes sont en effet très pertinentes
Pour moi, en tant que croyant, Pascal se mettait en dehors des parieurs. Car, que la foi soit un cadeau ou pas, elle n’a rien à voir avec la raison, et celui qui l’a n’a pas besoin de parier, étant convaincu de l’existence de Dieu par celle-ci. Le pari n’est pas là pour démontrer l’existence de Dieu, mais bien plus pour signifier que les uns comme les autres, croyants et incroyants, n’ont pas à se blâmer mutuellement d’une chose invérifiable par la raison, en plus de dire comme le dis Paul qu’il n’y a pas de risque à croire. Peu importe l’issu et le gain, mais l’idée de Diable est amusante 😉 ! De mon côté, je suis croyante, agnostique, et je trouve ce pari très pertinent…
Croyante ET agnostique !! Comment peut-on être les deux à la fois?
Susie, je ne pense pas qu’on puisse être croyante et agnostisque. Par contre on peut croire en Dieu et ne pas se reconnaître dans l’enseignement que l’Eglise qui en a découlé. En effet si l’athéisme nie toute existence de Dieu, l’agnostisme (étymologiquement: absence de connaissance) est quant à elle une conception philosophique, pour qui, ce qui dépasse le domaine de l’expérience est inconnaissable. Mais on peut très bien être agnostique et se poser la question de Dieu, comme certains philosophes. C’est vraiment une démarche philosophique d’interrogation sur le Transcendant. Par contre comme je vous le disais au départ, on peut croire en Dieu mais pas en l’Eglise: c’est l’amalgame que dont beaucoup de gens font entre croire en l’existence de Dieu et adhérer à son enseignement ou à celui de l’Eglise. On peut croire en l’existence d’un être supérieur qu’on peut appeler Dieu, Yahvé, Allah ou autre mais ne pas se reconnaître dans l’enseignement que prodigue ces religions.
Pour moi l’agnostique, est celui qui se pose des questions, qui s’interroge sur l’existence de Dieu, alors que l’athée est une sorte de militantisme pour qui il n’y a pas de Dieu. Le risque de l’agnosticisme est l’indifférence qui peut conduire à l’athéisme. J’espère avoir répondu à votre question et ne pas avoir été trop brouillon!!
Bonjour,
Pour ma part, j’aime bien ce texte de Blaise Pascal, bien qu’en effet faire de la foi un pari n’est pas la meilleure façon d’avoir la foi. Mais pour un esprit scientifique, c’est déjà un début de démarche philosophique positif et c’est mieux que de vouloir prouver ou infirmer l’existence de Dieu par des raisonnements et des théories scientifiques (avec tout le respect que je porte aux scientifiques de renom qui ont construit des théories puissantes malgré cet état d’esprit : Stephan Hawking notamment). Après le pari vient la conviction pour ceux qui franchissent le pas. On a tous cette liberté … devant Dieu. Le Pari de Blaise Pascal est un essai astucieux qui permet de mettre à l’épreuve son ouverture d’esprit pour se poser la question. Plus de la moitié de l’humanité croit en Dieu. Les bouddhistes quant à eux ont fait le choix de ne pas se poser une question à laquelle on ne pourra jamais répondre objectivement. Ils abordent la question de leur existence différemment (l’éveil”) et il est vrai que leur philosophie est assez riche. Ils ont fait leur choix … Quoi qu’il en soit ils savent eux aussi être heureux. En ce qui me concerne, je crois en Dieu, ce qui m’apporte prosaïquement au premier abord un sentiment de protection, et n’empêche pas le scientifique que je suis de chercher à percer les mystères de sa création avec d’ailleurs une certaine admiration.
Jean-Yves
Car Dieu comme on l’entend serai Être parfait qui serai aussi Vérité absolue. Il ne peut donc pas nous tromper.
Les seules façons d’on nous sommes capables de penser Dieu sont tellement réductrices qu’elles sont en soit un blasphème.
Je ne sais pas si Dieu existe ou pas. Qui peut prétendre avoir La réponse à cette question ? Pour autant le pari (qui me paraissait stupide quand j’étais ado) peut simplement poser la question du sens en général. La vie a-t-elle un sens ? Si parier sur le fait de penser que la vie a un sens, avec ou sans Dieu, permet de mieux vivre, alors ce n’est déjà pas si mal.
Si vous considérez la foi comme u cadeau, c’est que vous admettez que quequ’un vous l’a fait.
Donc vous croyez en Dieu
Vous êtes libre de l accepter ou de le refuser
Vous êtes également libre de chercher à avoir la foi et d’étudier ou de commencer par vous mettre à genoux et à prier
Le pari de Pascal est juste et cohérent. Choisir comme ne pas choisir c’est déjà un problème
Je fais une recherche sur le pari de Pascal et je remercie toutes les personnes qui ont écrits des commentaires. Ça m’a permis avoir des différents points de vue.
Si l’on s’appuie sur les évangiles ou sur les écrits de l’apôtre Paul, certes la foi est un don. Mais je ne voudrais pas que l’on se méprenne sur ce terme. La foi est un don dit Paul en ce que l’homme naturel est privé de de la présence et de la proximité de Dieu par le fait que son choix de se détourner de lui (son péché pour employer un mot à la mode) le rend aveugle et sourd à la présence de Dieu. Dieu est esprit et n’est nullement accessible à notre intelligence dont l’utilité est ailleurs. L’intelligence n’est pas destinée à le comprendre et elle ne le peut même pas. Dieu donne la foi à qui la cherche.
Néanmoins, pour autant que la foi soit un don il faut de la part de chacun un désir de la recevoir. “Dieu se laisse trouver par ceux qui le cherchent”, selon sa promesse.
Pour dire les choses courtement et je crois clairement, la foi ne conduit pas à la connaissance de Dieu, c’est la connaissance de Dieu qui nous amène à croire, qui fait naître en nous la foi. Dieu la donne à ceux qui le cherchent.
Lisez-le dans la Bible et dans les évangiles : “Vous me chercherez, et vous me trouverez, si vous me cherchez de tout votre coeur” (votre coeur, ou encore votre esprit)