Qu’est ce que le bonheur ?
La satisfaction
Le bonheur se définit comme un état durable de satisfaction complète. On peut toutefois se demander s’il est possible et envisageable qu’un tel état se réalise un jour. Et s’il advient par chance, qu’st ce qui nous prouve que cet état est bien permanent ? Le sens du terme bonheur le plus couramment usité ne recoupe cependant pas les expressions les plus classiques de l’idée de bonheur : la félicité ou la béatitude.
La fortune et la chance
Par son étymologie, le mot “bonheur” désigne, comme dans les expressions “à la bonne heure”, ou encore “au petit bonheur, la chance”, quelque chose de “bon augure”, qui arrive favorablement, mais qui dépend de la chance. Un bonheur peut donc succéder à u n malheur, à la malchance, au mauvais sort. Le bonheur dépendrait uniquement des caprices du sort, des circonstances extérieures, et non de notre volonté et de l’accomplissement délibéré de nos actions.
Le bonheur serait comme un lot que l’on reçoit par surprise : c’est ce que l’on désignait dans l’Antiquité sous le terme de Fortune. Il ne nous restait plus qu’à attendre patiemment le bonheur comme une jeune fille attend le prince charmant, car si le bonheur arrive, c’est d’une manière exceptionnelle et aléatoire. Dans ce cas, il serait bien illusoire de chercher raisonnablement l’obtenir : les “porte-bonheur” et autre gris-gris superstitieux, illustrent la croyance que le bonheur n’arrive que de manière irrationnelle, surprenante.
Le chemin éthique menant au bonheur
Pour contrer cette opinion superstitieuse, les philosophes de l’Antiquités appelés les stoïciens, professaient l’idée que le bonheur reste toujours à notre portée parce qu’il dépend, en réalité, entièrement de nous. Ils distingueraient ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas : pour être heureux, il suffit de vouloir que les choses arrivent comme elles arrivent et non comme on voudrait qu’elles soient.
Bonheur et vertu
En effet, le bonheur ne dépend pas des évènements qui nous arrivent, il suppose la sagesse, c’est-à-dire la pratique de la vertu. La vertu peut-être définie comme la résolution d’accomplir des action qui soient bonnes, mais elle ne se résume pas à cela, car elle suppose d’abord qu’on soit capable de reconnaître le bien. L’évolution des évènements dépend de notre jugement.
Le bonheur tient donc à notre manière d’apprécier ce qui nous arrive et à notre capacité de faire ce que nous devons. Il consiste dans la faculté de supporter la nécessité avec courage et fermeté, mais il dépend surtout de notre force d’agir conformément à notre devoir, à une éthique, de telle sorte que notre activité s’accompagne d’un sentiment de satisfaction intérieure.
Bonheur et plaisir
Contrairement aux stoïciens, Epicure considère que le bonheur ne réside pas seulement dans la vertu, car il n’y a pas de bonheur sans plaisir ; mais le bonheur n’exige pas la jouissance de tous les plaisirs possibles. Il faut faire le tri parmi les plaisirs et ne retenir que très peu d’entre eux. Une recherche effrénée du plaisir est néfaste, car au lieu de nous rendre heureux, elle risque de nous rendre perpétuellement insatisfaits.
L’épicurisme n’est pas une philosophie qui prône la recherche du plaisir, il s’agit d’abord d’écarter la douleur. C’est l’absence de troubles, l’ataraxie, ou encore l’apathie, l’absence de douleurs, et non pas l’abondance de plaisirs et de joies qui définit le bonheur. Le plaisir ne représente pour Epicure qu’un moyen d’atteindre le bonheur, non comme une fin en soi.
Les philosophies morales de l’Antiquité, stoïcisme et épicurisme, ne s’accordent donc pas sur la manière d’atteindre le bonheur. Mais elles peuvent êtres considérées comme des voies différentes pour atteindre la vie bienheureuse. Le bonheur est posé comme une fin, un but que l’on recherche nécessairement dans la vie (telos en grec). Dans l’Ethique à Nicomaque, Aristote définit le plaisir non comme une fin en soi, mais seulement comme quelque chose qui “doit être associé au bonheur”, qui se surajoute au but que l’on cherche à atteindre. En ce sens, on peut dire avec Aristote que le plaisir est la condition sine qua non du bonheur, la condition nécessaire mais non suffisante, car le bonheur ne va pas sans un certain plaisir. Un plaisir qui accompagne la joie de vivre et l’accomplissement de nos actions conformes à l’éthique.
La vie heureuse
Le bonheur suppose une certaine qualité de vie et il faut savoir quel genre de vie peut l’apporter. Mais il existe différents genres de vie, qui peuvent procurer des bonheurs différents ; il y a donc plusieurs manières de concevoir la vie heureuse.
Le loisir
On considère souvent que c’est la vie oisive, le loisir qui permet d’éprouver le bonheur. Mais, pour Aristote, le bonheur ne consiste dans la détente, dans le repos que lorsque celui-ci délivre des contraintes d’un travail pénible : le loisir permet alors de disposer de soi et de faire ce qu’on aime.
Le bonheur dans la philosophie
La vie active, qui n’est pas celle de l’homme voué au labeur, mais celle de l’homme d’action, n’est pas non plus la vie contemplative de l’homme qui recherche la sagesse, celle du philosophe. Le bonheur le plus parfait pour l’homme réside pour Aristote dans l’usage de la raison : il ne peut être éprouvé que dans l’activité de penser qui caractérise la philosophie quand notre intellect est en acte sans aucune passivité. Tous les autres bonheurs sont médiocres à coté de celui-là même s’ils apportent de réelles satisfactions.
Il existe un genre de bonheur qui est le résultat d’une pratique (praxis en grec). Par exemple, l’homme juste est satisfait de lui-même parce qu’il a pratiqué la justice, sans que la reconnaissance des autres hommes lui importe fondamentalement. Mais l’homme juste ne exercer la justice qu’envers d’autres hommes que lui, tandis que le bonheur qui accompagne l’activité intellectuelle, le plaisir de connaître, est un bonheur qui produit en même temps chez le philosophe, le sentiment de se suffire à soi-même et de ne pas dépendre de personne. Il ne jouit alors que des fruits de sa propre intelligence, et non pas de biens extérieurs et périssables.
On recherche toujours un but déterminé et la réussite de ce que nous accomplissons nous rend heureux : l’aboutissement d’une recherche intellectuelle, de même que le succès obtenu dans une entreprise, est pour nous l’occasion d’éprouver un bonheur particulier, mais non pas LE bonheur.
Mais n’importe quelle activité peut alors produire un certain bonheur, du moment qu’elle nous divertit, comme le remarque Pascal, tandis que la poursuite d’un bonheur visé pour lui-même reste illusoire, car alors on ne sait même pas bien en quoi il consiste. La “réussite” est actuellement une notion tout aussi confuse, même si, à la différence du bonheur, elle ne saurait constituer un idéal moral : réussir sa vie, avoir une vie “réussie” se mesure souvent à l’accumulation des biens matériels. Le bonheur est alors confondu avec la prospérité.
Le bonheur collectif
Kant refuse toute morale qui se réduirait à un art de vivre, à un ensemble de techniques ou recettes à suivre. Car pour lui, la fin poursuivie et que l’on nomme le bonheur reste indéfinissable : “Le concept de bonheur est un concept si indéterminé, que malgré le désir qu’à tout homme d’arriver à être heureux, personne ne peut dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il veut dire et désire… le bonheur est un idéal non de la raison mais de l’imagination”, écrit Kant dans Fondements de la métaphysique des mœurs.
Le bien d’autrui
De plus cet idéal est contestable du point de vue moral, car il représente contrairement à la justice par exemple, un but uniquement personnel.
Cependant, nous devons porter attention au malheur d’autrui ; le seul bonheur que l’on doit vouloir dans l’absolu, c’est donc le bonheur d’autrui, son bien être. Et lorsque notre bonheur constitue pour nous un devoir, c’est à titre de condition de l’action morale, car le malheur peut nous empêcher d’accomplir le bien, et même nous incliner à faire le mal…
Je dois donc vouloir le bonheur d’une manière générale, pas seulement mon propre bonheur. En partant de ce principe, la politique peut se donner le bonheur comme objectif.
Bonheur et politique
Il faut construire une société qui permette à tous d’être heureux, au lieu d’accepter l’ordre des choses pour y loger son bonheur personnel comme le préconisait Voltaire à la fin de Candide ou l’Optimisme. Voltaire reprend la formule épicurienne du bonheur : “Il faut cultiver notre jardin”. Le bonheur consiste dans la pratique d’activité choisies et dans la tolérance désabusée de nos semblables au sein d’une petite communauté qui subsiste tranquillement, à l’abri des malheurs de l’histoire.
Mais à grande échelle, l’idéal politique d’un bonheur pour tous s’oppose au projet de réalisation d’un bonheur individuel. Saint-Just déclarait pendant la Révolution Française que le bonheur était “une idée neuve en Europe”. La nouveauté de cette idée du bonheur, c’est qu’il s’agit du bonheur de l’humanité toute entière. Le bonheur n’est plus conçu comme un idéal individuel, on se le représente comme un état idéal pour l’humanité future. Et, pour l’obtenir, on doit éradiquer les causes qui perpétuent les malheurs du genre humain.
Le bonheur politique peut se réaliser comme une “félicité politique”, dont le symbole serait la fête comme par exemple la Fête de la Fédération à Paris en 1790. La privatisation du bonheur n’est qu’une consolation à la perte de cet idéal.
Le malheur est-il inévitable ?
L’expérience du malheur
“Ce qu’on nomme bonheur, au sens le plus strict, résulte d’une satisfaction plutôt soudaine de besoins ayant atteint une haute tension, et n’est possible par sa nature que de manière épisodique… Il nous est beaucoup moins difficile de faire l’expérience du malheur”, note Freud dans Le Malaise dans la culture.
L’expérience du malheur n’est-elle pas ce qui nous donne l’idée, peut-être chimérique, du bonheur ? L’idée de bonheur réside dans la négation du malheur réel. Plutôt que de chercher à l’atteindre, il semblerait plus raisonnable de parvenir à écarter le malheur. Mais est-ce possible ?
la misère des hommes
Le malheur n’est-il pas inévitablement lié à la condition humaine ? Il faut donc comprendre ce qui empêche l’homme d’être heureux, sa misère. Pour Pascal, en recherchant le bonheur à travers toutes sortes de divertissements, l’homme ne parvient jamais à être heureux, mais il oublie son malheur ; dès qu’il se ressaisit, il éprouve la sensation d’un manque.
Mais la misère des hommes peut aussi de conditions sociales et historiques. Le bonheur n’apparaît pas comme un but à réaliser, il prend la forme d’un état irrémédiablement perdu. Qu’il s’agisse du paradis perdu, du jardin, du jardin d’Eden, de l’insouciance primitive de l’état de nature tel que Rousseau l’imagine, ou même de la quiétude supposée de l’existence animale inconsciente, la condition humaine se caractérise par un arrachement pénible et laborieux où l’insatisfaction engendre la conscience d’un malaise, le sentiment d’un manque, l’angoisse et même le désespoir.
En résumé
On croit souvent que le bonheur dépendrait d’un meilleur état des choses, on imagine un monde idéal où tous les hommes serait heureux. Mais le paradis n’est qu’une fiction qui a pour rôle de permettre aux hommes de supporter les malheurs réels. La philosophie ne recherche pas un bonheur situé en dehors d’elle même. On est tenté de rechercher un bonheur dans l’inconscient, d’imputer le malheur à une réflexion qui nous fait seulement prendre conscience des malheurs du monde ou de celui de notre condition. Sans affirmer, comme le fait Aristote, que le bonheur suprême se trouve dans la connaissance philosophique, car la sagesse peut sembler un idéal hors de portée, on doit s’efforcer de dépasser l’angoisse, la mélancolie, la douleur ; et pour cela, la philosophie offre un meilleur remède que le divertissement.
[ad#ad-5]
Définitions particulières de philosophes sur le bonheur :
Aristote : “S’il est vrai que le bonheur est l’activité conforme à la vertu, il est de toute évidence que c’est celle qui est conforme à la vertu la plus parfaite, c’est-à-dire celle de la partie de l’homme la plus haute. C’est l’activité de cette partie de nous-mêmes, activité conforme à sa vertu propre qui constitue le bonheur parfait” (Ethique à Nicomaque)
Leibniz : “Notre bonheur ne consistera jamais dans une pleine jouissance, où il n’y aurait plus rien à désirer; mais dans un progrès perpétuel à de nouveaux plaisirs et de nouvelles perfections” (De la Monadologie)
Kant : “Le bonheur est la satisfaction de toutes nos inclinations” (Critique de la Raison Pratique)
Kant : “Le pouvoir, la richesse, la considération, même la santé ainsi que le bien-être complet et le contentement de son état, est ce qu’on nomme le bonheur” (Métaphysique des Mœurs)
Hegel : “Le bonheur n’est pas un plaisir singulier, mais un état durable, d’une part un plaisir affectif, d’autre part aussi des circonstances et des moyens qui permettent, à volonté, de provoquer du plaisir” (La phénoménologie de l’esprit)
Schopenhauer : “Le bonheur positif et parfait est impossible ; il faut seulement s’attendre à un état comparativement moins douloureux” (Le Monde comme représentation et comme volonté)
Nietzsche : “Qu’est-ce que le bonheur ? Le sentiment que la puissance croît, qu’une résistance est en voie d’être surmontée” (L’Antéchrist)
Chacun possède sa propre définition du bonheur… donc on ne sait pas exactement!
un instant de pur bonheur est un moment encore jamais vecu au part avant .
Bon, je n’ai pas eu l’occasion de terminer de regarder mais
je passe après
A mon avis le bonheur c’est de donner un sens authentique aux buts que nous nous sommes fixés tout en restant humblement respectueux envers soi-même ainsi que face aux autres
“Le Bonheur Pour Mon Pays!” Thank you so much for sharing the link, and I am depley touched when she mentioned, “ce n’etait pas un sacrifice, c’etait un choix”. Comme elle est belle et modeste.
Le bonheur est une satisfaction donc le sentiment le plus élevée de l’Homme.
Le bonheur n est qu une idée superflue de ce que l humanité croit obtenir mais qu en soit elle ne possède la notion de l illusion parfaite de celle-ci, rien n est un bonheur de bonté comme le malheur lui est souverain.
Vous ne pouvez pas vous relire : “summum bonnum” ne fait pas sérieux
merci de votre vigilance! corrigé
Julien.
Le bonheur est dans la capacité à se connecter de l’intelligence cosmique et de favoriser sa manifestation dans ses pensées ses actes et ses fantasmes
Les philosophes sont tous dans le vrai .
Mais pour moi, je vote pour Leibniz
Le bonheur c’est de mourir dans le bien afin de vivre éternellement avec le bien
La philosophie c’est un moyen de trouver un bonheur