Gai Savoir de Nietzsche

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Le Gai Savoir comme remède à la déliquescence de la société

Le Gai Savoir (en allemand “Die fröhliche Wissenschaft”), de Friedrich Nietzsche, a été publié en 1882. Cette œuvre est très représentative de l’œuvre de Nietzsche en termes d’écriture : composée d’aphorismes, Nietzsche y présente des pensées courtes et puissantes, pour essayer de cerner le caractère  de l’être humain et décrire, de manière clinique, les maux dont souffrent nos sociétés. Le Gai Savoir sert d’introduction à Ainsi Parlait Zarathoustra, tant le Gai Savoir présente un diagnostic et Zarathoustra les solutions.

Résumé du Livre 1 du Gai Savoir de Nietzsche :

Nietzsche y traite de la morale principalement : il explique en quoi la morale commune étouffe les instincts nobles des individus. La société valorise la faiblesse, et a inventé la pitié pour se protéger des puissants.

Nietzsche y aborde aussi la question de la condition de l’homme à l’ère industrielle : l’ouvrier est aliéné car il vit dans l’extériorité, obéissant aux besoins de la société et non aux siens.

Les quatre premiers aphorismes sont capitaux pour comprendre la méthodologie de Nietzsche :

– Nietzsche adopte un point de vue anthropologique. Nous devons comprendre l’homme à partir de ses racines, des instincts les plus élémentaires, à partir de l’animal du troupeau.

– Nietzsche dénonce les illusions de l’homme sur lui-même. Il s’agit donc d’une exercice de recherche de la vérité et de démystification

– Nietzsche introduit ses concepts, les dichotomies structurantes de sa philosophie (supérieur/inférieur, noble/commun, individu/troupeau.

– Appel de Nietzsche pour la nouveauté et la régénération de nos sociétés.

Livre 2 du Gai Savoir de Nietzsche :

Ce livre est une méditation sur trois thèmes : les femmes, l’art et le rapport entre vérité et réalité.

Nietzsche peint les femmes comme des êtres perfides et manipulateurs, dans la lignée de Schopenhauer. Elles et l’institution qui les relient aux hommes, le mariage, sont source d’affaiblissement des hommes. A travers ses attaques contres les femmes, c’est l’amour que vise Nietzsche :  l’amour n’est au fond qu’un instinct de propriété : « on ne fonde pas le mariage sur « l’amour », — on le fonde sur l’instinct de l’espèce, sur l’instinct de propriété (la femme et les enfants étant des propriétés), sur l’instinct de la domination qui sans cesse s’organise dans la famille en petite souveraineté qui a besoin des enfants et des héritiers pour maintenir, physiologiquement aussi, en mesure acquise de puissance, d’influence, de richesse, pour préparer de longues tâches, une solidarité d’instinct entre les siècles »

A propos de l’art, Nietzsche affirme que l’art nous console de la réalité, car l’homme y invente sa propre vérité, s’y console.

Aller plus loin sur Nietzsche et l’Art

Livre 3 du Gai Savoir de Nietzsche :

Dans le troisième livre, Nietzsche expose sa philosophie sur la mort de Dieu, thème récurrent de son œuvre.

Nietzsche repart de la tendance métaphysique de l’homme, anthropomorphiste selon lui : l’homme attribue à l’univers des traits qui lui appartiennent, ce qui crée une illusion la nature de ce même univers : «Gardons-nous de penser que le monde est un être vivant»

Nietzsche affirme non seulement que Dieu est mort, mais qu’il a été tué par les hommes. En effet, la mort de Dieu est un produit de notre propre pensée, de nos rationalisations, de nos relations sociales et politiques avec l’autre. Mais les hommes n’ont pas pris la mesure de cette mort.

Dans cet univers sans Dieu, l’homme est seul et peut donc, doit même, « devenir ce qu’il est », vivre dans la joie puisque le péché chrétien a été aboli.

Livre 4 du Gai Savoir de Nietzsche :

Le livre 4 est un prélude à Zarathoustra. Nietzsche y traite de l’affirmation de la vie et de la reconstruction des valeurs .

L’aphorisme 276 traduit ainsi une affirmation absolue et joyeuse de l’existence :

« Amor fati : que ce soit dorénavant mon amour ! Je ne veux pas faire la guerre au laid. Je ne veux pas accuser, je ne veux même pas accuser les accusateurs. Que regarder ailleurs soit mon unique négation ! En somme, en grand même, en toutes circonstances, n’être plus qu’un homme qui dit oui ! »

La pensée chez Nietzsche n’est plus une méditation de la mort, elle est une exaltation de la vie.

De même, le thème du Surhomme est abordé dans l’aphorisme 283, Nietzsche annonce un combat pour les hommes nouveaux, pour la connaissance et l’amour des idées. Ces hommes nouveaux seront ceux « qui recherchent en toutes choses ce qu’il faut surmonter ». Ces hommes ont abandonné toute peur et vivent dangereusement. Le Surhomme est de ce fait un guerrier de la connaissance, de la science joyeuse, celle qui détruit les anciennes illusions et bâtît de nouvelles valeurs.

Nietzsche traite de l’Eternel Retour à la fin du livre 4 (auquel nous avons déjà consacré un article : L’Eternel Retour chez Nietzsche).

 

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