Crise inhérente ou crise conjoncturelle du capitalisme ?
Les déclarations sur la crise se suivent et se ressemblent …
Dernière en date, et non pas des moins intéressantes, celle de Barack Obama, pour qui les nouvelles régulations du système financier visent à “empêcher que de telles crises du capitalisme se reproduisent“. Objectif ambitieux.
Si l’on pousse cette idée, similaire aux propos de Nicolas Sarkozy sur le “refondation du capitalisme“, il s’agirait de rompre avec deux cents ans d’histoire économique. Barack Sarkozy en quelque sorte.
L’idée qui sous-tend ces théories est la suivante : le capitalisme ne porte pas en lui les risques de la crise, c’est un système sain autrement dit, seuls ses abus conduisent à des crises.
C’est une idée très largement partagée aujourd’hui. Cependant, Marx pensait au contraire que les crises sont inhérentes au capitalisme.
Imaginons un dialogue entre Karl Marx et Barack Obama :
– Obama : “La crise provient des dérives de Wall Street, c’est donc Wall Street que nous allons encadrer“
– Marx : “Wall Street est consubstantiel au système capitaliste : la spéculation est Wall Street“
– Obama : “Les rémunérations des traders les ont pousser à agir contre les intérêts des entreprises“
– Marx : “Les entreprises savent très bien ce que font leurs traders. Ces derniers sont encouragés à prendre des positions toujours plus élevées, toujours plus risquées. Tant que le trader gagne, le système fonctionne. Mais qu’un trader perde et le système s’écroule. Imaginez qu’un trader seul est capable de jouer des valeurs supérieures à celles détenues par l’entreprise et ainsi provoquer sa chute en cas de perte. Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. “
– Obama : “Le capitalisme reste le système économique le plus efficace.”
– Marx : “Mais il est aussi le plus injuste. Et à propos de l’efficacité, vous ne la mesurez que par des instruments quantitatifs (PIB, bénéfices, croissance, cash flow, …). La maturité et le degré d’épanouissement d’une société ne peuvent se limiter à des critères quantitatifs. Les moeurs, la qualité de vie, les loisirs, la culture ou l’environnement sont également à prendre en compte”
– Obama : “Nous ferons en sorte, grâce aux nouvelles régulations approuvées par la communauté internationale et l’opinion publique, que ces crises ne se reproduisent pas. C’est un impératif social, économique mais aussi politique. Il faut se méfier de la désespérance sociale et des troubles qu’elle peut provoquer”
– Marx : “Votre vue est trop courte. Même si le capitalisme s’est déjà relevé de nombreuses crises depuis la révolution industrielle, la financiarisation de l’économie (depuis les années 80) pourrait bien lui donner le coup de grâce. Le capitalisme est voué à l’échec en raison de ses contradictions internes, de sa nature dialectique. J’appelle cela la baisse tendancielle du taux de profit. Dire que le capitalisme peut être corrigé de l’intérieur relève la pure utopie”
– Obama : “Le chômage doit être endigué. C’est également le sens de nos mesures”
– Marx : “Les chômeurs sont l’armée de réserve du capitalisme, ils permettent de maintenir les revenus à un niveau très bas (le salaire n’est qu’un revenu de subsistance permettant aux travailleurs de reproduire leur force de travail). Au fond, les crises sont tout à l’avantage des détenteurs de capitaux qui rendent encore plus dépendants et aliénés les travailleurs.
Vous le savez, j’ai peu de considération pour les entrepreneurs qui vivent sur la plus-value et la force de travail des travailleurs. Mais le système a fait prospéré une caste encore plus misérable, les actionnaires spéculateurs. Non seulement ils tirent profit de leur capital mais ne travaillent même pas au sein de l’entreprise dans laquelle ils investissent. “
Si Marx devait parler relance économique et capitalisme avec Obama, je doute que leur débat serait aussi doux…Qu’aurait pensé Marx de Jéôme Kerviel ?
Sur le sujet : http://lemondedelaurentlaurent.blogspirit.com/archive/2009/01/17/structurelle-ou-conjoncturelle-cette-crise-du-capitalisme.html
plutôt une bonne idée cete controverse imaginaire …mais il faut nuancer : Marx n'a pas raison sur tout. la théorie de la valeur-travail est dépassée, sa vision de la société prolétaires/capitalistes obsolète …
les journalistes contre sarkozy : quelle ironie !
et en quoi est elle dépassée mon cher anonymous explique ta version stp
merci