Citations politiques et romantiques de François René de Chateaubriand
L’écrivain Chateaubriand est le plus grand auteur romantique français, avec Lamartine et Victor Hugo (lequel, enfant, déclarait : “Je veux être Chateaubriand ou rien“). Ses Mémoires d’Outre-Tombe restent un monument littéraire de par le croisement de l’histoire personnelle de Chateaubriand et de la peinture de son époque qu’il y fait. Auteur obnubilé par son “moi“, fervent admirateur de Napoléon (Chateaubriand fut Ministre sous la Monarchie de Juillet), Chateaubriand a laissé des pages splendides sur la nature et les passions humaines.
Quelques pensées célèbres du penseur enterré à Saint-Malo.
Chateaubriand, la politique et la liberté :
– “J’ai aidé à conquérir celle de vos libertés qui les vaut toutes, la liberté de la presse”
– “Les excès de la liberté mènent au despotisme ; mais les excès de la tyrannie ne mènent qu’à la tyrannie”
– “L’immobilité politique est impossible ; force est d’avancer avec l’intelligence humaine”
– “Presque toujours, en politique, le résultat est contraire à la prévision”
– “Toute révolution qui n’est pas accomplie dans les mœurs et dans les idées échoue”
– “Le plus grand malheur des hommes, c’est d’avoir des lois et un gouvernement. Tout gouvernement est un mal, tout gouvernement est un joug”
– “C’est à l’instant que le gouvernement paraît le mieux assis qu’il s’écroule”
Chateaubriand et la condition humaine :
– “La pensée agit sur le corps d’une manière inexplicable ; l’homme est peut-être la pensée du grand corps de l’univers”
– “Que le passé d’un homme est étroit et court, à côté du vaste présent des peuples et de leur avenir immense”
– “Après le malheur de naître, je n’en connais pas de plus grand que celui de donner le jour à un homme”
– “Tous mes jours sont des adieux”
– “Le grand tort des hommes, dans leur songe de bonheur, est d’oublier cette infirmité de la mort attachée à leur nature”
– “L’homme n’a pas besoin de voyager pour s’agrandir ; il porte avec lui l’immensité”
Chateaubriand et les passions humaines :
– “La morale va au-devant de l’action, la loi l’attend”
– “Je tâche de me retirer du monde avec ma propre estime ; dans la solitude, il faut prendre garde au choix que l’on fait de sa compagne”
– “Il faut être économe de son mépris en raison du grand nombre de nécessiteux”
– “L’amitié ? Elle disparaît quand celui qui est aimé tombe dans le malheur, ou quand celui qui aime devient puissant”
– “L’amour décroît quand il cesse de croître”
Citations de Chateaubriand sur l’art :
– “La poésie a été pour moi ce qu’est la prière, le plus beau et le plus intense des actes de la pensée, mais le plus court et celui qui dérobe le moins de travail du jour. La poésie, c’est le chant intérieur”.
– “Mes livres ne sont pas des livres, mais des feuilles détachées et tombées presque au hasard sur la route de ma vie”
La relation entre Chateaubriand et Napoléon est plus nuancée qu’une simple admiration. Chateaubriand s’étant opposé de manière parfois radicale à Bonaparte – notamment concernant l’exécution du Duc d’Enghien – il semble excessif de qualifier de “fervent admirateur de Napoléon” un légitimiste défenseur de la cause des Bourbons. Lire à ce propos le pamphlet qu’il rédigea contre Bonaparte (“De Buonaparte et des Bourbons”), les passages des “Mémoires d’Outre-tombe” où il est question de l’empereur, ou encore l’excellente “biographie sentimentale” que Jean d’Ormesson a consacré à Chateaubriand (“Mon dernier rêve sera pour vous”).
J’adhère à ce que dit le précédent commentaire. L'”admiration” de Chateaubriand pour Napoléon doit être sérieusement nuancée ! Il en fut un adversaire résolu. Le nom de Buonaparte qu’il lui donne dans son pamphlet, où il compare les conséquences désastreuses des guerres de l’empire à la politique bienveillante des Bourbons montre assez qu’il le considérait comme un usurpateur.
Quant à dire qu’il fut Ministre sous la Monarchie de Juillet, Aïe aïe aïe ! Il fut ministre sous la RESTAURATION. Il refusa de servir Louis-Philippe, qu’il considérait également comme usurpant la place qui revenait à la branche aînée. Il démissionna avec éclat de la Chambre des Pairs, par refus de lui prêter serment. Relire l’admirable discours par lequel il exprima ce refus, dans les Mémoires d’Outre-tombe. Condamnation définitive de toutes les “girouettes” de la politique d’alors…et d’aujourd’hui !